Lago di Garda
Mardi.
Le temps est presque aussi beau ce matin, mais nous avons décidé de ne pas rester sur le lac de Come : nous pensons nous déplacer ce matin vers le massif du Brenta, et y faire une randonnée dans l'après-midi. Après le petit déj', nous plions bagage assez rapidement : après avoir contourné le haut du lac, nous roulons au fond d'un val orienté est-ouest - d'abord sur une 4x voies, mais ça ne dure pas : très vite, nous roulons à une vitesse d'escargot : 70 km/h sans compter les innombrables ralentissements dès qu'un véhicule rejoint ou quitte la voie unique. Je n'avais pas imaginé que ce serait si lent. Nous traversons une ville, Tirano, puis rejoignons à nouveau une voie plus rapide, constellée de tunnels. Sauf que quelque chose cloche... ah ! banco : ce n'est pas la bonne route. Nous sommes en train de monter presque plein nord vers la Suisse... si on continue on arriverait vers le Stelvio.
Demi-tour ! Nous regardons sur nos cartes (une papier qui couvre toute l'Italie, et notre openstreetmaps de poche, sur le téléphone) pour voir si on peut éviter de revenir sur nos pas, et couper pour revenir plus rapidement vers notre destination. Deux options : la première est hors de question (une route marquée à « trafic limité » ? ok, sans doute fermée), la seconde est à envisager : un col qui nous ferait changer de vallée. Sauf qu'arrivés à Sernio, nous découvrons que la route est large au mieux pour une seule voiture... hum, je m'engage un peu, mais très rapidement, nous voyons que ça n'est pas très raisonnable : demi-tour, et retour jusqu'à Tresenda, le bled où nous avions raté l'embranchement pour la SS39. Cette route d'ailleurs s'avère à peine mieux ! Moins étroite, certes, mais pas bien large non plus, et elle grimpe déjà bien. Nous suivons un petit camion, et arrivons à Aprica - une station de ski (altitude 1180 m).
Ensuite la route ne sera jamais roulante - d'abord en légère descente vers Edolo (720 m), puis elle remonte vers Ponte di Legno (1200 m) puis le passo del Tonale (1884 m). Peu après, nous déjeunons au soleil sur une aire - nous avons perdu pas mal de temps dans cette affaire, et il est 13h30 passé. Au moins, la vue est belle. Encore de la route, et enfin nous bifurquons vers Madonna di Campiglio, notre destination. Sur le chemin, nous croisons une Fiat 500 à l'arrêt, le parechoc défoncé et décroché : encore un qui allait trop vite ?... Le plan initial était de prendre la funivia Grostè pour marcher en altitude. Nous découvrons que même le parking est payant... vu l'heure, nous passons notre chemin : il faut trouver une rando plus petite maintenant. Nous approchons du village, aucun parking pour s'arrêter, tout semble « verboten »... oh, il y a un même un tunnel pour rejoindre le sud du village : c'est quoi ce bled ? Arrivés au sud, je rentre dans la ville : peut-être pourrions-nous nous rabattre sur la fin de la balade ? Il y a des cascades à voir par là. Mais non, ici, c'est une jeune fille qui fait le planton pour surveiller la route et faire payer l'accès, j'ai l'impression qu'elle nous annonce que c'est complet.
Demi-tour ! À ce stade on ne sait plus trop quoi faire. L'endroit ne nous plaît pas. Le soleil brille, et on n'en profite pas ! Le drame. Nous allons voir plus bas ce qu'il y a - à Sant'Antonio di Mavignola on repère des toilettes mais en fait ce sont celles d'un camping, et autour pas de départ de sentier. Plus bas encore, il y a bien un sentier, mais une route mène au même endroit... quel intérêt ? Plus bas encore, à Carisolo, on envisage de prendre la route du Val Genova, par là il y a un lac et des cascades, mais... non mais je rêve, encore une toute petite route qui ne permet pas de croiser, et alors que je monte, ceux qui descendent ne me laissent pas passer : il faut reculer. Ça tombe bien, j'adoooore reculer avec Partner, dans laquelle on ne voit rien à part dans les miroirs. Génial. Après ça, je laisse tomber. On décide de couvrir les derniers kilomètres qui nous séparent du lac de Garde.
Dire que selon le planning, nous devions dormir près d'Asiago, qu'on avait à la place prévu de dormir dans le Brenta, et que finalement on va finir à Garda ! Allez, et pourquoi pas ? En chemin, nous prenons une pause au parking d'un parc archéologique (reconstitution d'un village néolithique sur pilotis... à Fiavé) - nous ne visitons pas, mais nous notons l'endroit : un vrai coin à crocros ! Plus loin, près du lac de Tenno, voilà que nous croisons un troupeau de brebis ! La transhumance comme si on y était.

Finalement, nous arrivons au camping que nous connaissons déjà à Limone sul Garda. Malgré tout, l'annonce du tarif (55 € pour un emplacement tente) nous sèche un peu - c'était aussi cher que ça l'année dernière ?! Bref, on prend, on s'installe, et on se baigne... puis on va faire quelques courses au Conad, et manger sur la plage. Allez, cet endroit magique, ça vaut sans doute le prix !
Mercredi 11. Après une bonne nuit, on se lève assez tôt (en tout cas visiblement bien avant les voisins), et direction la plage de galets pour une baignade au lever du soleil. Personne. L'eau n'est pas si froide, elle est même plutôt agréable tant qu'on nage. Par contre, les galets c'est la pitié ! Après quoi, nous prenons une douche pour se rincer et se réchauffer. On petit-déjeune à la plage, puis on range la tente et un peu Partner : nous voici à nouveau en maraude. Aujourd'hui, nous partons randonner un peu en dessous du sommet qu'on a gravi l'année dernière.
En chemin, je m'arrête à une station service isolée en bord de lac pour faire le plein, suivie du camion citerne qui va faire lui aussi faire le plein, mais de la station. Je discute un peu avec le chauffeur, pour savoir s'il va mettre du diesel - c'est connu qu'il vaut mieux pas faire le plein quand toutes les saletés du fond de cuve sont remises en suspension ! Il me dit qu'il me laisse faire le plein tranquillement, il m'aide même à faire fonctionner la machine de paiement - qui n'a rien à voir avec le paiement français. J'en profite pour lui demander si le diesel « plus » est vraiment mieux, il dit que oui, et que lui fait toujours des moitiés de plein : un coup du normal, un coup du meilleur. Pas bête.
Après avoir mis 20 euros de carburant histoire de pas être en panne sèche, nous voici repartis. Juste avant Maderno, bien aidés par notre app de carto, nous nous engageons sur la via Cecina (qui rejoint... Cecina) où se situe le départ de la randonnée. C'est évidemment une petite voie étroite qui monte directement vers les collines, si étroite que dès le premier virage en épingle - c'est une première ! - Partner ne passe pas. Il faut faire une manoeuvre avec une marche arrière pour la repositionner et continuer à monter... du jamais vu. Arrivés au bled, c'est effectivement très étroit : inutile d'insister. Je ne vois pas de parking (en fait, il y en avait un juste après), et prèfere descendre explorer une autre possibilité : il me semble avoir remarqué non seulement un parking en contre-bas de cette route (le long du lac, donc), mais aussi un sentier qui en partait. Il suffirait donc juste de marcher un peu plus.
On redescend : au virage en épingle, il me faut à nouveau manoeuvrer en deux fois pour passer. Quelle blague ! En bas, l'espace pour s'engager vers la route principale n'est pas tellement large, je me dis qu'on ne pourrait pas y croiser une autre voiture. Heureusement, je quitte le lieu avant que cette situation dantesque ne puisse se présenter, et part me garer à moins de 100 m : il y a bien un parking, et un sentier. Sac à dos (avec de l'eau cette fois-ci), chaussures, nous voici partis. Le sentier monte gentilment, il a même un nom : sentiero degli orticelli. M'est avis qu'il n'y a plus trop de potagers dans le coin... ce sont plutôt des brousailles. Nous voici à Cecina, que nous traversons à pied. Des néerlandais dans une longue voiture nous doublent dans les ruelles, puis manoeuvrent périlleusement pour reculer - je monte sur une marche un peu traître pour la signaler au conducteur. L'étroitesse des lieux n'a pas l'air de les décourager, ils continuent plus avant vers l'église plutôt que de revenir.
Nous continuons vers le haut : une rue en sens unique, bordée de murs : d'un côté, ceux des maisons, de l'autre, pour retenir la terre et cultiver (il reste peut être des oliviers dans le lot de la végétation exubérante). Après encore un peu de bitume, nous rejoignons ce qui devrait être un sentier, mais nous marchons toujours sur des surfaces dures - pentues, mais cimentées - jusqu'à rejoindre la Cima Mezzane (514 m) qu'on devine peu. Sur tout ce tracé, nous avons longé des propriétés qui sont sans doute des résidences secondaires, certainement avec vue sur lac. Nous prenons une petite pause pour boire un coup - avec le soleil, la montée nous donne chaud.
À partir de maintenant, nous sommes vraiment sur un sentier qui traverse la forêt. Un panneau signale qu'il s'agit d'un chemin pour randonneurs expérimentés, à ne pas prendre par temps d'orage. Hum. Pour l'instant ce n'est pas particulièrement dur, mais mal commode : ce genre de sentier large mais plein de pierres de tailles très variées qui roulent sous les pieds, ou ne permettent jamais de poser le pied à plat. En chemin, nous trouvons un point de vue sur le lac, qui est (bonheur) noté comme appartenant à des chasseurs. Et effectivement, une cahute de chasse avec des meurtrières pour passer le fusil trône au centre de la petite clairière... accueillant.
Un peu plus loin, nous croisons deux groupes de randonneurs - ah, nous ne sommes pas seuls. Par contre, cela semble indiquer que nous sommes en train de parcourir la boucle à l'envers... Le sentier se rétrécit pour devenir un vrai sentier, et finalement, bifurque. Nous prenons la bifurcation vers la cime. Voici donc le sentier pour experts... C'est tout simplement un chemin « équipé » (attrezzato), une mini-ferrata qui ne nécessite pas de s'encorder mais où le câble est néanmoins très apprécié. Deux tronçons de câbles, et nous voici au sommet. La vue vaut l'effort.


Un petit mot sur le livre de la cime (archi-plein), et nous repartons. Après la partie câblée, on passe de l'autre côté de la montagne : celle avec vue sur le lac. Enfin, vue, quand il y en a une ! C'est-à-dire presque jamais. Nous suivons un sentier quasiment pas tracé, ni marqué, à tel point que nous hésitons souvent - et fatalement, à un moment nous nous égarons. Nous devons revenir sur nos pas avant de retrouver le sentier, qui ici prend la forme d'une belle mulatière - comment avons-nous pu la louper ?
Entre temps, nous avons quand même pris le temps de manger, les fesses calées sur un rocher, en plein milieu de la forêt de feuillus. Plus bas, nous rejoignons enfin le village de Cecina. Nous passons sous une balconnière assez inhabituelle : ici, on cultive le chat.

Nous retrouvons Partner : il n'est plus tout seul sur le parking, bien au contraire, il y a un même un Traffic immatriculé en France juste derrière. Un couple de retraité (comme nous ?) qui découvre les lacs, se dirige vers Venise. Nous discutons un peu Dolomites ; ils sont des montagnes, ils ont bien envie d'aller voir à quoi elles ressemblent. Nous discutons aussi moyen de locomotion : avant, ils avaient un camping car. Mme le regrette, mais lui non : il avait l'impression de gêner, d'être trop gros, d'être mal accueilli. Du coup il apprécie son mini-camper ! Il s'étonne même de pouvoir prendre une douche avec seulement 4 litres d'eau. La sobriété volontaire, c'est un sentiment magique !
En quittant le parking, je jette un oeil sur la route trop étroite juste à côté : juste le temps de remarquer qu'une voiture plus petite que la nôtre fait le même genre de manoeuvre pour passer. Ça me rassure un peu : je ne suis donc pas « imbranata » (maladroite). Pas très loin, nous garons Partner sur un parking pour moitié dédié à une usine de papier - le genre d'industrie que je n'aurais pas imaginé qu'elle puisse exister au bord du lac ! La plage est juste à côté, je m'y baigne avec quelques canards (et un humain ou deux).
Le soleil va bientôt passer derrière les montagnes, nous repartons : nous avons un peu de route jusqu'à Vicenza, notre nouvelle destination décidée in extremis essentiellement parce qu'on ne connaît pas cette ville, et qu'il y a une auberge de jeunesse. Par l'autoroute, le trajet est assez rapide, et nous arrivons aux abords de la ville à l'heure de pointe. La signalisation dans la ville n'est pas très claire, entre les panneaux interdits, les voies dédiées pour tourner à droite, gauche, ou uniquement tout droit... Si fait qu'à un moment je me retrouve bloquée dans une file qui va visiblement bientôt m'obliger à tourner alors qu'il faut que j'aille tout droit d'après le GPS. Derrière moi, une voiture de flics. Évidemment, les voitures conduisent à l'italienne partout, ça file dans tous les sens. Je clignotte... Un espace se présente dans la file qui m'intéresse, à vrai dire, c'est une autre voiture de flics qui avance tellement lentement qu'on dirait qu'elle me laisse passer. Ok, j'y vais ! Pas le temps de faire 10 mètres qu'elle me colle au cul en me faisant signe de m'arrêter. Kss.
Nous voilà donc arrêtés, moteur coupé, et le policier qui arrive, et salue en français. Il me demande les papiers : permis de conduire et ... ah, il fait l'effort pour parler en français, mais « carte grise » il se souvient plus, les documents du véhicule, quoi ! Je lui tends, il regarde, il hésite... il a l'air un peu perdu en regardant la carte grise, il semble comparer les noms. Je précise alors que la voiture est au nom du passager. Il demande si on est mariés ? Non. « Est-ce que c'est votre patron ? » Alors là j'ai du faire une drôle de tête ! Non, je lui dit qu'on est en union libre, et là il comprend. Bon, il demande lui aussi ce qu'on fait en Italie (Vacances), où on va (Dolomites !), et pour la forme dit qu'il ne faut pas changer de voie « à l'improviste » (je pense qu'il y a beaucoup d'italiens à qui il a oublié de faire son petit laïus), et on repart.
Encore quelques rues, et nous entrons dans Vicenza intra muros, ou plutôt intra rivière. L'idée est de se garer sur le parking en face de l'auberge, et banco, il y a de la place, et le parking est gratuit de 20h à 8h. Parfait ! Nous prenons quelques affaires, et allons nous enregistrer. La porte est sécurisée de telle sorte qu'on dirait entrer dans Fort Knox, mais le gars à l'accueil n'a pas le format cerbère. Il reste effectivement au moins une chambre matrimoniale, pour soixante euros. Adjugé ! La dite chambre est immense, surtout de plafond, rénovée récemment avec une salle de bain moderne, l'ensemble d'une sobriété qui frise l'austérité - c'est bien une auberge de jeunesse, ici, c'est pas plutôt un monastère ? Le lit n'est pourvu que de draps, alors que dehors la pluie menace... l'équipe qui gère doit penser qu'on est encore en été !
Nous ressortons avec nos vestes imper, au cas où la pluie promise finisse par tomber, et partons à la recherche d'une supérette. Nous suivons à pied les recos de l'appli : d'abord au sud, rien, le magasin annoncé a disparu, puis plus au nord, et là, ce n'est pas vraiment une épicerie, c'est minuscule et rien ne nous inspire. On se dit qu'on va trouver une pizzeria ou un snacking... On part vers le centre. Il y a effectivement plusieurs restaurants, les plus animés étant sur la place principale - on les évite par principe. On entre dans une osteria dans une petite contre-allée. L'ambiance est plutôt tranquille, même s'il y a d'autres clients - la majorité boit juste un verre. Nous commandons des pâtes locales - les bigoli (des spaghetti très épais), et une carafe de vin blanc : du traminer aromatico pour les accompagner. On se rendra compte (bien après) qu'en fait c'est du... gewurztraminer ! Mais sous son nom italien. Ce cépage Traminer est issu du Savagnin rose, et a été ramené en Alsace depuis le village de Tramin (Termeno) situé juste à côté de Bolzano. CQFD : « gewurz » ne signifie rien d'autre que « aromatique ». Dingue.
Après manger, nous faisons un second tour petit tour dans le centre, du côté de la piazza dei Signori, qui même de nuit en jette pas mal. Il faudra prendre le temps de venir visiter cette ville plus sérieusement une prochaine fois.
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