Dolomiti Geeks

Déracinement de (veli)bobos parisiens rempotés en pleine nature.

dimanche 18 sept. 2022, 20:32

Chez Stan comme en novembre

Dimanche. Avec de la neige en altitude, le choix parmi les randonnées encore accessibles est limité : nous choisissons un parcours qui peut se faire en toutes saisons, avec des raquettes aux pieds en hiver. Nous faisons le pari que la couche de neige ne sera pas assez importante pour nous empêcher de marcher aujourd'hui - sans raquettes, sans crampons, sans bâtons.

À proximité du passo San Pellegrino (1918 m), le parking (env. 1860 m) presque vide proche du Rif. Flora nous accueille, et nous voilà partis vers le val froid, Valfredda. D'un côté, les cîmes enneigées sous ciel gris, de l'autre les vallées verdoyantes sous ciel bleu.

Valfredda, vue vers le haut

Valfredda, vue vers le bas

Nous avançons donc vers la Forca Rossa, et visiblement une bonne partie du parcours s'annonce dans la neige - qu'elle tienne si longtemps en cette saison est d'ailleurs assez étonnant ! C'est le vent du nord refroidi considérablement l'ambiance, et nous atteint aussi, même (relativement) bien couverts (nous n'avons pas amené notre équipement de la saison hivernale) et en mouvement. En tout cas, la neige n'aide pas à identifier le sentier que nous empruntons habituellement, et nous nous retrouvons plusieurs fois à tailler dans la pente. Et nous ne sommes pas les seuls.

Silhouettes en ascension

Nous atteingnons le col de la Forca Rossa (2480 m) battu par les vents, tout comme les crètes que nous avons suivi une bonne demi heure. Nous sommes complètement gelés, et nous prenons juste le temps d'admirer vite fait le paysage (vers les cîmes de l'Auta), prendre la photo (en bas à droite, remarquez Stan qui prend la pause avant de s'éloigner), et hop, nous voici repartis.

Panorama depuis Forca Rossa

Nous redescendons en suivant la ligne de pente la plus faible, pour rejoindre in fine le Rifugio Fucciade - mais c'est l'heure de déjeuner, et la foule du dimanche fait déjà la queue. Après un pit stop, nous passons notre chemin pour pique niquer sur une table avec (courte) vue située pas très loin du parking. Une petite balade à Canale d'Agordo clôture la journée.

samedi 17 sept. 2022, 20:32

F.lla Cesurette via un nouveau sentier

Samedi. Ce matin, la neige est bel et bien présente en altitude : le seul pic visible depuis la fenêtre de l'hôtel est recouvert d'un petit manteau blanc. Nous faisons donc le choix d'une randonnée plutôt basse en altitude : le sentier qui part du fond du val de Taibon, vers la Forcella Cesurette. Maria nous a dit que cette large route non goudronnée avait été emporté par les alluvions de la tempête Vaia (ça remonte déjà à quelques années...), mais renseignement pris auprès de Claudio ensuite, lui nous a confirmé qu'un sentier qu'on trouve juste après Ponte permet de passer.

Nous voici donc en terre connue, et pourtant inconnue ! Ce sentier nous ne l'avions jamais emprunté... Nous nous garons au fond de Col di Pra, sur le petit parking face à la dernière maison de la commune. Nous empruntons directement le raccourci. Le temps est gris et les sous-bois humides, d'un vert presque phosphorescent...

au-dessus de Col di Pra

Nous arrivons rapidement à Ponte, et trouvons facilement le sentier : il ressemble au racourci précédent. Notre progression est lente car nous prenons notre temps pour observer les plantes qui poussent autour de nous - nous avons dans l'idée de ramener quelques fruits si c'est possible. Un panneau indique la grotte de l'ermite San Lucano (qui a vécu là au Ve siècle et donné son nom au val), mais la pente est très raide et le temps de parcours indiqué, de 1h10... nous laissons germer l'idée qu'il faudra revenir pour voir ça. Nous arrivons dans une ancienne prairie, où se dresse la malga Stua, visiblement rénovée il y a déjà quelques temps.

Malga Stua

Nous continuons notre chemin : derrière la prairie, la pente devient plus raide, et nous amène à traverser un torrent juste avant que celui-ci n'aille se fracasser en chute d'eau à peine 10 m plus loin, en contre bas - ce serait problématique si le niveau / le volume du torrent était plus important... pour l'instant, de gros caillou en rocher, ça passe ! Nous poursuivons : ça grimpe plus sérieusement, nous passons devant une pancarte « Col de le Giasene / mt. 1605 »... et voilà que nous retrouvons la mulatière que nous connaissons. Effectivement, plus bas elle a été emportée dans des glissements de terrain - il faut dire qu'elle croise plusieurs torrents et que l'endroit est abrupte. Bientôt nous approchons de Cesurette (1791 m) et voici surgit le Focobon.

Malga Stua

Après une pause déjeuner à l'abri de l'ancienne malga, nous passons le col et redescendons un temps vers Garès, avant de bifurquer vers le fond du val. Hélas, il y a bien des framboisiers par millier, mais aucune framboise - elles auront gelé cette nuit, ou peut-être elles ont été mangées depuis longtemps. Pas de cueillette de fruits, nous rebroussons chemin alors que quelques flocons de neige virevoltent dans l'air glacial.

Par contre, nous nous attardons dans la prairie de la Malga Stua pour cueillir des achilées millefeuilles. Une fois les sommités fleuries triées et nettoyées, nous redescendons. En chemin, nous trouvons de magnifiques cynorrhodons que nous récoltons. Le temps est toujours aussi gris, et la fin de journée s'approche quand nous rejoignons Ponte. J'y remarque pour la première fois me semble-t-il, le curieux empilement géologique des roches le long du torrent.

à Ponte

L'Agner depuis Ponte

Encore un effort, nous voici à la voiture, et hop nous filons directement au Super W d'Agordo - où nous croisons Emilio. Nous achetons immédiatement de la grappa : baies et fleurs tout juste cueillis se retrouvent rapidement en macération. Nous avons tout juste le temps pour arriver à l'heure chez Maria d'Agordo, qui ce soir nous a fait du risotto au safran suivi d'un second plat de viandes marinées... Au moment du dessert - du gelato ! - en me repositionnant sur ma chaise alors que j'avais un des chats sur mes genoux, CRAAACK : le dossier a lâché. Oups !

vendredi 16 sept. 2022, 20:32

Viel del Pian

Vendredi. Aujourd'hui c'est la dernière journée de beau temps, avant qu'il ne neige. Nous choisissons donc une balade en hauteur, avant que peut-être ce soit délicat voire impossible d'aller marcher sur des crêtes. Nous voici donc au Passo Pordoi, pour une boucle jusqu'à la forcella Porta Vescovo (2478 m) par les crêtes à l'aller puis par la viel del Pian au retour.

La balade commence par un sentier mulatier en montée tranquille, au pied du Sass Pordoi. Rapidement, nous arrivons au point de vue sur la Marmolada, dont il ne reste plus grand chose du glacier. Nous attaquons les crêtes par temps gris très maussade.

La Marmolada bien peu glacée

Nous restons sur les crêtes presque jusqu'au bout : nous dépassons le refuge en contre-bas, et continuons jusqu'à rejoindre le sentier "officiel" juste avant qu'il ne se divise. Nous empruntons bien sûr la bifurcation qui reste en altitude, et continue de grimper jusqu'à la Porta Vescovo. De là, on a une vue imprenable sur le lac de Fedaia qui a mal vécu la sécheresse prolongée - pour rappel, il n'y a eu que deux névées hivernales l'an dernier aux alentours de novembre, et puis... rien.

Lago di Fedaia

Arrivés au col où arrive la funivia, nous prenons une pause au rifugio Gorza : le soleil vient de sortir, la terrasse est accueillante et très peu peuplée, nous prenons un petit café. Nous redescendons ensuite un peu pour grignotter le cul posé dans l'herbe, puis nous commençons à nous en retourner, par la voie basse cette fois-ci. Avant qu'on n'atteigne le refuge, nous doublons un troupeau de moutons en mouvement.

Moutons sur la Viel del Pian

Après un peu de lèche vitrine dans quelques boutiques de souvenirs du Passo, nous reprenons la route avec Partner pour rejoindre le fond de la vallée. Le programme : douche, puis Agordo (pour acheter quelques bouteilles de vin à offrir) puis chez Maria de Voltago, où sa famille nous attend pour dîner. Ce soir avec la tombée de la nuit, le froid devient mordant, comme prévu. Les premiers flocons commencent à tomber... mais nous passons une excellente soirée bien au chaud chez nos amis !

jeudi 15 sept. 2022, 20:32

Marché puis monte Pore

Mercredi. C'est le jour du marché à Agordo : nous avons choisi de consacrer la journée aux courses et aux amis aujourd'hui. Pour les courses, pas de problème : Mr Kaki pour quelques fruits et dire bonjour, et Super W pour quelques victuailles. Par contre, cela semble moins évident pour les amis : Aldo décline le repas prévu pour ce midi... pas besoin de se presser, nous décidons d'aller voir Claudio / Dr Bike dans l'après-midi. Pour terminer la matinée nous passons plutôt voir Maria, qui du coup nous amène manger dans la pizzeria en bas du Broi.

Nous passons ensuite voir Claudio, et Nico qui travaille toujours avec lui. En insistant un peu, on obtient quelques informations de la part d'Aldo : il ne voulait pas venir parce qu'il a le COVID... Comme il n'a pas de symptômes, finalement il vient quand même nous voir en restant dehors, masque sur le museau. Il nous raconte qu'il a découvert qu'il était positif à l'hôpital, où il devait se faire soigner une mauvaise infection à la hanche qui le fait souffrir. Du coup ils l'ont renvoyé chez lui avec une double infection... comprenne qui pourra. En tout cas on lui remet un peu de lecture, en espérant pouvoir discuter du livre avec lui la prochaine fois !

La journée n'est pas merveilleuse, et après une petite balade nous rentrons chez Milos.

Jeudi. Après avoir fait nos courses au marché hier, nous comptons aujourd'hui faire nos provisions dans les montagnes. Plus spécifiquement, nous partons sur le monte Pore avec dans l'idée de récolter quelques myrtilles. Pendant la montée, quand nous passons à proximité de la grangette de Mr de Bolzano, nous entendons quelqu'un fendre du bois - c'est sans doute lui ! Mais nous ne le dérangeons pas pour l'instant : objectif, myrtilles.

Le temps n'est plus au bleu ni au soleil comme il y a quelques jours, c'est tout le contraire : les nuages noirs menacent de tous les côtés, masquant des pans entiers de paysage. Malgré tout, nous montons jusqu'au sommet du mont (2405 m).

Sommet du Monte Pore

Panorama sud du Monte Pore

Même encombré, le panorama vaut l'ascension - qui est loin d'être ma préférée : je trouve ce sentier trop pentu et glissant à mon goût. Autour cependant, tout est sombre... Il est clair que nous allons finir par prendre l'eau. Le temps de laisser un message dans le livre du sommet, et nous redescendons à mi-pente pour récolter quelques myrtilles. Malgré la saison un peu avancée, nous en trouvons facilement. Un arc-en-ciel se dessine tout près de nous... et voilà la pluie. Nous redescendons d'un cran, et heureusement les nuages se déplacent très vite et l'averse ne dure pas : revoilà bientôt le panorama complètement dégagé.

Vue sur la Marmolada

C'est là que nous prenons notre pause déjeuner. En rebroussant chemin, nous faisons un détour par chez Renato : il se souvient de nous, et nous offre l'immanquable grappa aux myrtilles. Lui a récolté un sceau entier de myrtilles, qu'il est en train de nettoyer pour en faire des confitures - il est même venu spécialement hier pour cela, avant que la neige et le gel ne détruisent celles qui restent encore à récolter sur les buissons. Car oui : demain soir il est prévu qu'il neige ! Un jeune homme arrive bientôt, il est probable que ce soit lui qu'on ait vu de loin sur le monte Pore : il vient rendre à Rénato son peigne ramasse-myrtille - avec un truc pareil, c'est sûr qu'il ramasse plus que nous ! Renato présente le gars, il vient de s'offrir un chalet d'altitude plus loin, et travaille à la laiterie de Livinalongo. Par contre le gamin n'étant pas dissert, la discussion devient impossible : nous laissons les gens du pays entre eux.

Ce soir, exceptionnellement nous allons manger à la pizzeria de Caprile - jusqu'à présent, bien que nous adorions manger dans nos restos fétiches d'ici, nous avions tellement peu faim que nous avons préféré pique niquer même le soir. Les pizze y sont toujours aussi réussi, et rien n'a changer : toujours le même pizzaiolo, toujours la même serveuse, toujours le même décor... toujours la même musique ? Parfois, c'est bien aussi quand ça ne change pas.

mardi 13 sept. 2022, 20:32

Autour de Ra Gusela

Mardi. Toujours dans l'idée de pas se défoncer les jambes avec une balade à dénivelé trop important, nous choisissons un classique qu'on maîtrise : le tour de Ra Gusela depuis le Passo Giau. Depuis chez Milos, on vient quasiment en voisin, et comme nous nous sommes levés tôt nous sommes parmi les premiers à se garer sur le parking du col. Il est tout juste 9h, le ciel est bleu, sans nuages, les conditions s'annoncent idéales pour une belle journée !

Vers 10h30 nous avons déjà franchi LA montée en raidillon, et les jambes tout comme la cardio semblent tenir à peu près le coup - le petit « entraînement » (deux jours de marche) sur les côtes bretonnes d'il y a une semaine semble avoir joué correctement son rôle. En laissant traîner nos oreilles, nous constatons que les touristes du moment sont de catégorie internationnale, en particulier les américains. Pas loin de nous, un gars « typé » parle anglais avec sa guide. On dénombre aussi plus de français et d'espagnol que d'habitude paraît-il cette année...

Nous ne sommes plus très loin du rifugio Scoiatollo où nous nous attardons un peu pour la vue. Un grand troupeau de moutons encadré par trois bergers et deux fois plus de chiens patûre au pied de la funivia, c'est la première fois qu'on en croise ici. Nous longeons le troupeau, en visant plus ou moins l'habituel large sentier vers le rifugio Averau, et voilà qu'on se rend compte que ce petit sentier un peu plus bas qu'on est en train de suivre semble continuer vers un autre point, de l'autre côté de l'Averau. Allez, on essaie.

La Tofana di Rozès

Et nous voici exactement où nous pensions arriver (forcella Averau 2435 m) via le large chemin plus un bout de sentier vers le col Galina, mais ce nouveau sentier va nous permettre de boucler de manière bien plus variée cette balade. Nouveau ? Oui, nouveau : il n'est pas sur ma (vieille) carte Tabacco. Banco ! Il est indiqué « sentiero delle Trincee » sur OSM et a dû faire l'objet d'une réhabilitation liée au centenaire de la première guerre.

Il est encore un peu tôt (même pas midi), mais nous mangeons là-haut avec une large vue face à nous (Averau, Nuvolau, Giau, Civetta, Pore, Marmolada, rien que ça), mais aussi dans notre dos (Lagazuoi et Tofane) pour peu qu'on se retourne.

Le Passo Giau

Après avoir pris le soleil d'altitude (vêtus d'une polaire quand même, il n'est pas si chaud ce soleil), nous entamons lentement la redescente. Il est 14h à peine quand nous retrouvons Partner, et encore, sans nous presser.

Le monte Pore

Ok, il va falloir s'occuper, mais nous savons quoi faire : direction Colle Santa Lucia, chez le producteur de miel Agostino. Nous repartirons avec 12 pots (un pour chaque mois de l'année !), avec mention spéciale pour le miel de Tarassaco (pissenlit) que je nous n'avions encore jamais rencontré. Par contre, petite déception, les conditions météo particulières de cet été (chez eux aussi très chaud et sec) n'ont pas permis aux rhododendrons sauvages de fleurir.

Grâce à une affiche placardée sur les panneaux d'information de la mairie, nous découvrons le responsable des dégâts (déjà importants) aperçus dans la forêt : Ips thypographus ou bostrico un petit coléoptère endémique qui est passé en mode épidémique suite aux dégâts infligés sur les arbres par la tempête Vaia. Malheureusement, pas grand chose à faire d'après les services forestiers : quand les mélèzes montrent des signes d'infestation, les insectes se sont déjà envolés pour coloniser un autre arbre...

Il ne reste plus qu'à redescendre se réchauffer dans un petit sauna !

lundi 12 sept. 2022, 20:32

Le Duran en apéritif

Lundi. En provenance directe de Dogato, et après quelques arrêts shopping en chemin, nous voici enfin en approche des Dols à un horraire inhabituel. Busche, Sedico, ... il est plus de 14h et nous n'avons toujours pas mangé ! Nous nous arrêtons finalement à une aire de pique nique qui n'avait jamais retenu notre attention sur la route d'Agordo. Sise à côté du Cordevole, c'est la première fois que nous nous arrêtons ici... et nous comprenons rapidement que ce sera sans doute la dernière : les tables extérieures sont à louer au petit restaurant snack bar qui ne fonctionne qu'en saison. Il semble que la saison soit terminée, mais qu'importe : nous préférons du coup grignotter assis au cul du Partner. Glamour.

Il est un peu tôt pour rejoindre Caprile directement : nous décidons d'une première petite balade facile, et hop juste avant Agordo nous tournons à droite vers La Valle, et jusqu'au Passo Duran. La balade du Passo Duran jusqu'au rifugio Carestiato est un bon apéritif pour ne pas se flinguer les jambes : elle monte mais pas trop. Là-haut, pas grand monde, mais en chemin nous avons croisé quatre asiatiques originaires de New York.

L'Agner vu du Carestiato

Fin d'après-midi, nous arrivons chez Milos qui, c'est une chance, est à l'accueil. Je vais pour lui faire un check, et il me dit « vous en êtes encore là ? », alors représailles : je lui fais la bise, une première, et toc. Il faut dire qu'il nous avait déjà dit il y a quelques mois les paroles « che è COVID? » pour décrire la situation ubuesque et le niveau d'amnesie générale dans lequelle nous sommes tombés.

Ce soir, nous nous promenons un peu le long du torrent à l'heure de l'enrosadira sur le monte Civetta, puis grigonttons quelques provisions sur notre balcon. Il fait déjà un peu frisquet, cela nous change après cet été trop chaud.

dimanche 11 sept. 2022, 20:32

Départ et Dog'ato

Cette année nous commençons par deux nuitées chez la mamma : partis lundi, mardi nous passons toute la journée à Orléans - à toutes fins utiles de jardinage, dont défonçage de bambous géants non invités en fond de jardin. Mercredi matin, nous partons vers Pont' rejoindre Marie Nono et Jeanfre - le temps est frais, un peu venteux, mais sec. Nous passons la fin d'après-midi entre papotages et réglages techniques sur leur plus vieil ordi, puis la soirée chez Christophe.

Jeudi début d'après-midi. Il est temps de passer les frontières : via notre nouvelle « route aller » préférée, qui suit le lac Léman, le col du Simplon et Domodossola - c'est-à-dire quit suit les rails de la ligne ferroviaire du thello, en quelque sorte. Nous arrivons vers 18h à Verbania, sur le lac Majeur, et la lumière du jour baisse déjà. Nous aurions aimé faire quelques courses dans une enseigne typiquement italienne pour grignotter italien ce soir, mais comme le temps presse, nous nous arrêtons au Lidl de la ville, qui a l'avantage d'être sur notre route et facile d'accès. Surprise, ce Lidl est géant, et les produits italiens variés. Cela fera finalement l'affaire ! Nous prenons alors la direction du sanctuaire de la SS Trinità. Trois campers sont déjà installés sur le parking - nous préparons Partner pour la nuit, puis filons manger sur notre banc avec vue. Bonne surprise, le restaurant situé sur le site est encore ouvert - ainsi que les toilettes publiques situées juste à côté. Des toilettes propres, gratuites et avec du PQ ? Grand luxe !

Nous nous couchons tôt, puisqu'il fait déjà bien noir. Dans la nuit, la pluie et le vent se lèvent et nous réveillent : comme nous sommes garés sous des arbres en lisière de forêt, le bruit est impressionnant mais à priori ce ne sont que de menus branchages qui tombent sur le toit de Partner. N'empêche, nous jetons un oeil dehors : les éclairs sillonnent le ciel, les éléments se déchaînent !

Vendredi 9 au matin. Un des campers est déjà parti. Tout est calme, le ciel bleu est déjà revenu : parfait pour un petit déjeuner avec vue panoramique depuis la terrasse du sanctuaire. Nous reprenons la route vers 9h avec pour objectif la visite de plusieurs villes moyennes sur notre trajet, et comme excuse la recherche d'un exemplaire du livre de Rutger Bregman, « Humanité, une histoire optimiste » qui devient en italien « Una nuova storia (non cinica) dell'umanità ».

Après avoir longé tranquillement le lac, nous snobons donc l'autoroute qui mène à Milan pour lui préférer les petites routes (lentes et interminables) qui mènent à Novara. Nous trouvons une place le long du boulevard circulaire du côté sud de la ville, et partons visiter le centre ville à pied, à la recherche d'une librairie. Nous en trouverons trois, dont une religieuse, mais pas une seule n'a le livre ! La ville quant à elle est agréable à visiter... nous la quitttons juste avant l'heure de déjeuner, et reprenons la route.

Direction : Pavia. Nous abattons d'abord quelques kilomètres, avant de s'arrêter dans la petite ville de Mortara pour déjeuner. Nous trouvons en passant dans le centre un petit parc le long du corso Josti - de la place pour Partner, un banc à l'ombre pour nous, une poubelle pour les rifiuti du pique nique : c'est tout ce qu'il nous faut ! Puis hop, à nouveau en route. Dans l'après midi, notre prochain arrêt est donc Pavia. Là encore, nous nous garons sans trop de difficultés aux abords de la ville, sur les boulevards à l'est, proches de la statue de Minerve. C'est donc par le corso Cavour que nous entrons dans le centre qui devient très rapidement piéton. Nous trouvons deux librairies - la Feltrini a ce qu'il nous faut ! Puis poursuivons un peu notre visite rapide de la ville : cathédrale en brique, et petit détour par... l'université, donc les cours intérieures sont accessibles ainsi que... leurs toilettes.

Nous reprenons la route, et décidons de prendre l'autoroute A1 aux abords de Piacenza pour arriver à l'heure convenue à Dogato car nous n'avons plus le temps de prendre des chemins de traverse. Mais raté : l'autoroute est complètement saturée et bouchonne... Le passage à proximité de Parma et Modena sont des calvaires, et l'arrivée sur Bologna encore bien pire. Une fois que nous avons bifurqué sur l'A13 vers Ferrare, la situation s'arrange et nous arrivons à une heure encore très décente, mais tout de même avec une petite heure de retard.

Nous passons la soirée chez Stefano, qui est d'humeur déprimée - plus encore que les dernières fois. Le lendemain matin, samedi, nous partons avec lui marcher aux Valli di Comacchio. Il fait beau, pas trop chaud et un peu de vent, mais malgré tout des moustiques pullulent à plusieurs endroits... Heureusement, la citronelle semble efficace - et peut-être les claques qui pleuvent sur les bras et le cou aussi, dans l'espoir d'occir les bestioles avant qu'elles ne piquent ! Nous remontons le canale Logonovo jusqu'aux salines : des flamants roses, nombreux mais peut-être moins qu'avant, et d'autres oiseaux se laissent observer de loin. Déjeuner chez Stefano, puis nous marchons un peu dans Dogato. Pas de bol, Enzo et sa femme sont en vacances dans les montagnes - le truc qui ne doit jamais arriver, et c'est juste quand on vient. En fin d'après-midi, nous rencontrons Maria-Livia. Et s'en suit une nouvelle soirée déprime... Notre hôte nous serine sa chanson habituelle : comme le passé était génial (ou plutôt : comme j'étais génial dans le passé), et comme le présent est pourri (ou plutôt : je ne suis plus rien aujourd'hui). Aïe.

Dimanche 11, nous commençons par une nouvelle balade dans Dogato. Dans une des courettes d'une rue tranquille en retrait de la route principale, nous remarquons un chien de type Pitbull qui grogne. Le portail est ouvert... Il sort, et toujours grondant s'approche par le côté vers moi. Je me laisse surprendre et voilà qu'il me laisse les traces de ses crocs et un joli bleu en haut de la cuisse gauche. Je le fais reculer, je crois que j'ai crié plus fort qu'il n'a aboyé. Je suis passablement vénère, et j'interpelle un homme qui vient de sortir sur son balcon. Surprise : ce n'est pas son chien, qui d'ailleurs est rentré chez lui, dans une autre cour, quelques maisons plus loin ! Après avoir vérifié la non gravité de l'incident (le chien ne m'a pas mordu jusqu'au sang), je lâche l'affaire : les propriétaires ont l'air absents et sont certainement débiles.

Midi. Nous partons déjeuner avec Giancarlo, Sonia, leurs deux filles, ainsi qu'un couple amis à eux avec qui, j'imagine, la date était déjà retenue. Ils nous amènent dans un restaurant de poisson : Pepe nero, à Migliarino. Nous y dégustons un excellent premier plat (risotto pour moi, pasta pour Antoine), puis des anguilles plutôt bonnes mais trop grasses et trop servies, ainsi qu'un plat de coquillages grâtinés à l'ail... Difficile de digérer tout cela ! Une fois les plats terminés, nous sortons mais restons là à discuter, et l'après-midi s'écoule lentement sur la terrasse du restaurant - j'imagine déjà Stefano qui s'impatiente ! Quand nous rentrons à Dogato, nous passons voir Maria-Livia et ses anciens : Mondo, toujours aussi sourd mais tellement souriant et touchant, et sa soeur, qui elle a complètement perdu la boule. Nous partons ensuite faire un petit tour à vélo avec Stefano avant que le soleil ne se couche... l'occasion de réparer son compteur de vitesse.

Dernière soirée chez lui, toujours aussi déprimante, surtout que ce soir nous attendons sa fille - qui finalement arrive bien tard et ne s'embarasse pas : bonsoir, et bonne nuit ! Elle reprend la route très tôt le lendemain : nous n'aurons pas l'occasion de la recroiser. Nous partons nous-même vers 9h, direction : les Dolomites ! En chemin, nous nous arrêvons à un vivai, une pépinière, où nous trouvons une erba luigia (une plante à l'odeur de citron, que nous avons découvert chez Maria-Livia) et une sauge à feuille large (ce n'est que la 3e fois que nous tentons d'en planter une chez nous, aucune n'ayant survécu jusqu'à présent...).

lundi 21 sept. 2020, 20:32

Retour au Maggiore

Lundi. Jour du départ ! Nous repartons par où nous sommes venus : le Lago Maggiore. Comme la route est relativement courte - en tout cas, quand on est prêt à payer les autoroutes italiennes hors de prix - nous en profitons pour faire quelques dernières courses.

À Caprile même, avant le départ, quelques derniers achats alimentaires à la coop. À Agordo, un arrêt par Tigota, pour la lessive et les savons. À Sedico, un arrêt à l'erboristeria del Dr. Bond, via Marconi, pour mes tisanes préférées. De là, nous poussons le vice jusqu'à s'éloigner de notre direction, en faisant un crochet plein est pour Dolomiti Garden (à proximité de Belluno) : nous y trouvons graines, gants, et un petit plan de sauge à feuilles larges - celui de l'année précédente n'ayant pas survécu à la sécheresse (NDLR : celui-ci ne survivra pas non plus...).

Ensuite, ça y est, nous sommes partis : nous entrons sur l'autoroute par Vicenza Est, et en ressortons à Milano Est... Une fois au lac Majeur, encore un dernier arrêt courses - cette fois-ci dans un très grand Conad. Nous passerons ce soir la nuit au même endroit qu'à l'aller.

Mardi. Encore une grosse demi-journée de route, et nous voici en France : nous passons l'après-midi et la nuit chez Marie-Nono.

Mercredi, nous reprenons la route vers Orléans : nous y resterons jusqu'à vendredi, avant de rentrer (enfin !?) chez nous. Il est grand temps : des centaines de kilos de pommes à cidre nous attendent ! Ramassage, broyage, pressage... cette année, nous ferons 150 litres de cidre, et manqueront d'ailleurs cruellement de bombonnes pour embouteiller tout ça :)

jeudi 1 janv. 1970, 01:00

Rencontre au Dibona Date: 2020-09-20 20:32

Dimanche. Le temps n'est pas excellent, mais le principal est qu'il ne pleut pas. Aujourd'hui c'est notre dernier jour, mais aussi un jour de fin de semaine : il faut choisir judicieusement pour ne pas croiser la foule, même si ce sont maintenant plus les touristes étrangers que les italiens qu'on croise sur les routes (et en particulier, sur les parkings, surtout pour ce qui est des campers).

Nous marcherons donc au pied des Tofanes, jusqu'au refuge Dibona, et retour. Départ : au bâtiment qui porte l'inscription « Ra Nona » et qu'on trouve dans un des virages une fois passé le passo Falzarego. À nouveau, un classique qui nous va nous assurer - c'est garanti ! - de beaux sentiers variés, et de beaux panoramas. Tiens, à commencer par les vues en contre-jour sur la Croda da Lago et l'Antelao.

Panorama

Notre trajet estival habituel emprunte le sentier le plus en altitude, il passe au pied des roches, dans les gravillons. C'est d'ailleurs là que se trouve à mon sens un des plus bels endroits du monde - un tout petit espace herbeux, une terrasse à l'inclinaison parfaite pour poser son fessier et admirer le paysage. Mais pour je ne sais quelle raison, nous décidons de ne pas monter au Col di Bos - serions-nous un peu lazy aujourd'hui ? Nous coupons directement par le sentier qui est normalement celui du retour : un peu plus bas, je l'apprécie pour son long passage à l'intérieur de pins mugo. Nous sommes encore à la lisière de la lisière, nous repérons quelques chamois au loin... et soudain, une biche, sur le chemin !

La biche Nous sommes encore à une centaine de mètres, et elle semble ne pas nous avoir vu. Ou alors elle n'a pas encore pris peur ? Elle regarde parfois vers nous, mais nous nous sommes accroupis - la meilleure position pour ne pas ressembler à un humain ! Nous l'observons, et nous avançons très doucement, l'un après l'autre. Malgré nos précautions, au bout d'un moment il devrait quand même s'enfuir. Mais non.

Sans doute un jeune de l'année que sa maman n'a pas encore suffisamment brieffé ! Il occupait toujours le sentier alors que nous n'étions plus qu'à quelques mètres. Après quelques dernières hésitations, nous l'avons tout simplement contourné - sans essayer de le toucher, bien sûr. Après nous avoir laissé passer sans moufter, il a finit par descendre dans le talus - pas trop tôt...

Le reste de la balade s'est déroulé sans autre événement particulier. Comme annoncé par la météo, les nuages se sont amoncelés, le temps a fraîchit... nous avons atteint le Dibona, puis sommes repartis par le même chemin.

Tofanes

samedi 19 sept. 2020, 20:32

Migogn

Samedi. Ça sent la fin... il ne faudrait pas partir sans un tour au Migogn. D'ailleurs Mani est d'accord : c'est une des plus belles balades de crête qui soit. Mieux : elle est méconnue et il n'est pas rare qu'on puisse évoluer là-bas en solitaire... Même un samedi !

Son seul défaut, c'est que pour rejoindre le départ de la balade il faut emprunter des routes passablement défoncées et pas bien larges. J'ai toujours la hantise de croiser quelqu'un et de devoir faire des manoeuvres dans ces lieux exigus avec Partner - dont malgré toutes ces années, je n'ai toujours pas compris comment il se comportait en marche arrière. Peut-être je me ferais jamais à l'absence de fenêtres vers l'arrière ?... Bref. En tout cas, le petit parking de Ronch est plein - essentiellement du fait de la présence de palissades et d'engins de chantiers. Nous redescendons un peu et nous garons un peu plus bas, cela fera l'affaire.

De Ronch, la montée est raide - et se fait dans un léger maelström de sapins couchés au sol, très partiellement tronçonnés - le chemin est libéré, mais est encore bien accidenté. Le panorama de la montée donne sur la Civetta et le Pelmo. En bas, c'est Caprile, dans la vallée du Cordevole ; en haut, c'est le val Fiorentina. D'ici, la vue est imprenable sur les dégats de la tempête Vaia !

Sapins couchés

En haut, nous sommes cinq ou six randonneurs en tout à atteindre le sommet du Migogn. Il me semble que nous sommes les seuls à continuer. Le ciel se couvre, et après la suée de la montée, mieux vaut maintenant avoir de quoi se couvrir...

Crètes

Nous arrivons à l'endroit magique où année après année, un groupe de chamois passe devant nous. Le miracle se produit à nouveau... le timing est parfait. De là, le plus dur est passé mais il nous reste encore presque les 2/3 du parcours : d'abord avec vue plongeante vers Malga Ciapela - bien sûr, on n'en voit rien, si ce n'est le piz de Guda qui domine la vallée et donne son nom à... Sottoguda.

Migogn

Ensuite, après une dernière grimpette aidée d'une corde métalique, la vue s'étend vers le nord : sassongher et tofanes se devinent au loin. Il faut d'abord se rapprocher de la Marmolada - difficile à reconnaître sous cet angle ! - avant de plonger dans la descente quasiment ininterrompue.

marmolada

Intinterrompue ? Pas cette fois-ci ! Une fois n'est pas coutume, nous passons un peu plus tôt que d'habitude en saison... et les vaches de la malga Laste sont encore là. Les fermiers aussi : l'occasion est trop belle, nous achetons du fromage, et commandons tartes et boissons pour le goûter.

Puisque nous en sommes aux premières, nous profitons que la voiture est garée plus bas et qu'il nous reste des jambes (et avouons-le : qu'aucun sauna ne nous attend) pour se promener un peu dans Laste.

Laste