Dolomiti Geeks

Déracinement de (veli)bobos parisiens rempotés en pleine nature.

samedi 16 sept. 2023, 21:32

la Sagra à Fregona

Samedi 16.
Réveil en Partner, près du Passo San Pellegrino. La nuit a été bonne, et fraîche. Comme toute nuit en Partner, il n'y a pas grand chose à faire dedans une fois qu'on est réveillés : zou, on s'habille chaudement, on saute dans les chaussures de rando, et on se balade. Départ : valfredda, petit déjeuner assis sur le banc de la petite chapelle, face au panorama spectaculaire.

Lever de soleil

Sur le sentier mulatier, nous nous faisons doubler par un quad qui transporte quatre personnes - un vieux, un adulte, deux ados. On se demande bien pourquoi ils marchent pas ceux-là... en fait, nous allons ensuite les voir ramener avec eux un poulain et la mère qui étaient en alpage avec tout un groupe de chevaux. Un cheval les suit, il proteste visiblement qu'on lui enlève sa copine, mais se voit refoulé aux barrières.

Alpages

Nous n'avons pas le courage, ni le temps, de monter jusqu'à forca Rossa, mais nous faisons un tour dans les alpages, avant de redescendre par le rifugio Fuciade. En fait, pas de malaise, nous ne sommes pas si pressés : les amis de Padoue, sont comme d'habitude, partis en retard. Nous en profitons pour faire un passage à l'ufficio turistico de Falcade - grand bien m'en a pris, car l'employée avait des questions à me poser sur l'administration (ou plus exactement, elle disait que ça ne marchait pas... ah ah ah, la blague). Le temps que je lui explique, Mike et Fede étaient arrivés, et discutaient avec Antoine !

Pour ne pas changer, nous avons commencé par prendre un café et manger un gâteau - je crois que c'est leur routine du week-end. La fin d'après-midi et le début de soirée, nous l'avons passé à la sagra de Fregona - où nous avons bien mangé « local ». Nous avons fini la soirée chez eux, à jouer et discuter.

Dimanche 17.
Réveillés un peu tôt, nous sommes sortis pour une petite balade dans les alentours en attendant que tout le monde se lève. Après le petit déjeuner - toujours en extérieur -, nous avons continué par une balade dans la « plaine » de Falcade, entre jeux, torrent et bouderies de la petite, toujours pas mal têtue. Après tergiversations, et tentative de déjeuner au rifugio L'Agazon (archi-complet), nous sommes revenus... à Fregona ! Déjeuner un peu bruyant mais tout aussi réussi que la veille, puis nous avons « enduré » quelques chansons d'un duo local (dont l'un était, évidemment, des Tiratae - le groupe emblématique de Falcade), et enfin, nous avons visité une laiterie antique réaménagée avec quelques ustensiles et panneaux d'information - une rénovation assez récente, qui est un bel effort de mise en valeur du patrimoine historique de cette campagne montagnarde.

Dans l'après-midi, nos amis ont fait leurs bagages et sont repartis assez rapidement dans l'espoir d'éviter les bouchons. Nous ce soir, nous sommes chez Milos !

jeudi 14 sept. 2023, 21:32

Vapeurs brûlantes et brouillards frigorifiants

Jeudi 14.
Réveil au chaud chez Maria. C'est pas un mal, parce qu'il fait moche ! Que faire par un temps pareil ? Assez peu d'hésitations : direction, val di Fassa ; objectif : après-midi spa à l'hôtel Majaré. Le flip, c'est que sur leur site, la réservation n'est possible qu'à partir de deux nuitées - et vu le prix de la nuitée, ça nous intéresse pas franchement d'en prendre pour deux fois. Heureusement, directement au comptoir, prendre pour une seule nuit ne pose absolument aucun problème. Nous voici donc en milieu d'après-midi, maillots de bain, mules et peignoir, à se chauffer la couenne dans leurs saunas et leurs hamamns, et à se rafraîchir dans l'eau glacée, la piscine mi-couverte mi-découverte, et surtout le solarium à l'odeur de foin...

Puisque nous n'avons pas pris demi-pension, nous nous baladons un peu en fin de journée dans Pozza, mais tout est déjà en train de fermer - à moins que les magasins ne soient déjà fermés, en cette fin de saison. Après ce petit tour pour se dégourdir les jambes, c'est pique nique... dans la chambre d'hôtel. Luxe !

Vendredi 15.
Après un petit déjeuner plutôt copieux, mais pas aussi bon qu'on pourrait s'y attendre dans un tel établissement, nous voici partis pour la rando du jour. Il n'y a que 300 mètres à faire à pied pour prendre la cabinovia du Bufaure. Aujourd'hui, nous nous offrons l'aller-retour plutôt que de devoir descendre à pattes. Arrivés là-haut, les crêtes sont pour beaucoup dans les nuages... Parfois on ne voit rien, parfois c'est flippant, parfois c'est féérique. Dans tous les cas, difficile de se réchauffer !

Les crêtes par temps gris

Le sentier des crêtes est un peu boueux par endroits, mais pas assez pour être dangereux. Ça passe plutôt bien, même, et on n'est pas vraiment gênés par les autres randonneurs - on a du être 10 touristes en tout et pour tout dans la journée à passer ici. Nous avons poussé jusqu'au rifugio San Nicolo, puis fait demi-tour par le Collac. Une fois le col passé, nous y avons vu plusieurs marmottes plutôt enhardies par l'absence de touristes.

Après être redescendus - toujours sans avoir vu le soleil -, nous avons fait quelques courses à la coop de Fassa, puis au passo San Pellegrino, avons fait le tour d'un petit lac charmant - une balade courte et à plat, juste pour se dégourdir un peu les jambes. Après quoi, nous trouvé notre place en contre-bas du passo, pas très loin du rifugio Flora : notre point de chute du soir.

lundi 11 sept. 2023, 21:32

Le centre du monde était chez nous

Lundi 11.
Matinée tranquille chez Maria, avec qui nous mangeons à nouveau au déjeuner. Début d'après-midi, il est temps de se secouer : avec ce grand beau temps qui persiste, nous avons décidé de dormir en altitude - en très haute altitude. Après quelques courses, nous partons nous garer au-dessus de Cencenighe. Déjà que je n'aime pas les petites routes étroites, ça me stresse particulièrement avec notre fourgon sans visibilité à l'arrière de devoir faire des manoeuvres... mais arrivés à la « fraction » où nous avions stationné les années passées pour cette randonnée, les choses ont changé et cela n'annonce rien de bon. D'abord un parking est proposé en contre-bas du bled, avec un accès inacessible où je m'engage - tout ça pour voir qu'il est déjà complet. Marche arrière toute pour remonter la pente et revenir à la route (attention au talus !). Un peu plus haut, un nouveau panneau interdit la circulation aux non-résidents - on imagine qu'ils ont du être envahis de touristes pour en arriver là. Heureusement, juste après le panneau, deux places de parking libres : je brave donc l'interdiction pour quelques mètres, et Partner a trouvé sa place pour la nuit. À nous de trouver la nôtre, maintenant !

Nous finalisons nos sacs à dos, bien plus lourds que d'habitude - il y a à manger pour ce soir et demain matin, 2 kg d'eau chacun, de quoi se tenir au chaud en soirée, et les gros duvets. Armés de nos bâtons - qui sont d'une grande aide quand le dos est aussi chargé, et la pente aussi raide - nous attaquons la randonnée, annoncée pour 4 heures de temps sur le panneau dans le village. Pour l'avoir déjà faite plusieurs fois dans le passé, nous savons qu'il faut une forme physique respectable pour respecter le temps annoncé. Avec notre chargement et notre forme actuelle, qu'en sera-t-il ?

Juste après le village, le sentier n'est tranquille que sur une centaine de mètres, ensuite il taille droit dans la pente au coeur de la forêt de sapins. Après quelques minutes, nous croisons un jeune couple, visiblement des locaux. Visiblement ? Oui, ils ont l'air franchement « trop » détendus : énorme sac de couchage en bandoulière, mini sac dans le dos, pas sautillant, pied léger et rapide... Nous continuons, mais j'aurais bien aimé discuter du nombre de personnes qu'ils ont croisé là-haut. Nous sortons de la forêt, nous voici arrivés au passage dans les éboulis - j'en ai un vague souvenir. Par contre, ensuite le chemin a été dévié : ici aussi, la tempête Vaia a eu des conséquences. Coup dur : après une montée aussi sèche, nous sommes contraints de suivre un sentier en descente. Il rejoint une large anfractuosité dans la roche qui sert de lit à un torrent. Des câbles - et le peu d'eau en cette saison - permettent de traverser l'endroit sans encombre.

Et hop, le sentier remonte sèchement. Dans ce tronçon nous doublons un jeune homme un peu grassouille et très essoufflé, visiblement beaucoup trop chargé (il a même une tente). Sitôt après, nous arrivons à un passage un peu olé olé : le sentier, défoncé, se colle à la paroi d'un côté, et devient quelque peu vertigineux de l'autre. Vue sur cascade qui tombe loin en dessous... on comprend bien qu'il ne faut pas râter son coup. Regarder en haut : ça passe, puis on traverse le torrent - celui qui forme la cascade juste après -, et là deux jeunes filles nous demandent où en est leur ami... Dans ma tête, ça compte : eux 3, nous 2, restent déjà plus que 4 places "libres" dans le bivouac qui ne compte que 9 places. Ça sent le roussi. Je me dis qu'heureusement, le gars a une tente.

Encore un effort, nous passons près de ancienne baita toujours vide, et plus loin nous arrivons finalement à la conque en altitude, là où il y a effectivement parfois des bergers et leurs animaux, en saison. Aujourd'hui, il y a un groupe important de djeunz, tous équipés de gros sacs - sans doute les amis des trois autres que nous avons doublés. Ils semblent équipés eux-aussi pour dormir en tente, mais bon, mieux vaut pas risquer et les distancer : pause rapide pour grignotter quelques biscuits, et on enchaîne. Là, ça monte au raz des falaises. Dans le sens de la montée ce n'est pas très vertigineux mais ça demande un peu de cardio. Devant nous, là-haut, nous apercevons d'autres randonneurs. Aïe aïe aë !

Arrivés à la fin de la montée, nous sommes récompensés par une belle vue sur l'Agner. Il ne reste qu'une quinzaine de minutes quasiment à plat, en corniche. Le meilleur passage de la randonnée... qui débouche sur le vaste terre-plein d'altitude où se situe le bivaco Bedin. À ma connaissance, c'est le seul bivouac qui soit posté à un endroit « final » et non pas en appui pour commencer une course (d'alpinisme par exemple) plus engagée le lendemain matin. Non, ce bivouac est son propre objectif : il est en position panoramique, c'est lui qu'on vient chercher, pas une autre balade. Et aujourd'hui, il y a visiblement pas mal de monde qui est venu le visiter... rapidement, quelqu'un vient nous voir et nous saluer, et nous annoncer dans la foulée qu'il n'y aura pas de place pour l'un de nous deux - oups. Je me demande déjà s'il va falloir que nous redescendions, mais un vieux bourru pique un matelas dans le bivouac (!), et annonce qu'il va dormir en tente. Cela résoud l'équation, et nous posons nos sacs dans la cahute pour réserver nos places. Deux couvertures ferons l'affaire pour remplacer le matelas...

À part le vieux bourru accompagné d'un ami (lui aussi en tente, mais beaucoup moins bourru), il y a ici un couple trentenaire de la plaine (Padoue ? Venise ? je ne sais plus - très bobo branchouille avec mille tenues sportives neuves et assorties, et accessoires en tous genres de marque), deux jeunes trentenaires qui voyagent chacun seul à la root, mais qui se sont en quelque sorte trouvés (l'un d'eux est un habitué, il a une caravane au camping de Falcade, demain soir il dormira à forcella Cesurette), un couple de jeunes retraités qui n'est peut-être pas un couple dans la vie (Mme râle que le panneau n'indique que 4h, et qu'il devrait indiquer 6h, le temps qu'elle a mis, elle... - pour notre part, nous avons mis exactement 4h, mais bon ! est-ce bien nécessaire de lui faire remarquer ?), le gars - cinquantenaire ? - qui nous a accueilli le premier (il a quelques mots de français), et nous bien sûr : nous sommes 11, pour 9 lits. Plus tard en soirée, une bande de trois ou quatre écossais débarqueront - nous aurons juste le temps de savoir qu'ils viennent tout juste d'être diplomés, et qu'ils sont partis fêter ça... ici.

Enrosadira sur Civetta et Moiazza, vu depuis le biv. Bedin

À la nuit tombée, les italiens ont décidé de faire du feu, et crâment sans vergogne du pino mugo mort / sec qui a été préparé par de précédents campeurs - et surtout, ils ne reconstituent pas le stock pour les suivants. Mr bourru explique d'un ton assuré que c'est le boulot du CAI que de fournir le bois. Ben voyons, ils sont là pour servir des touristes qui ne paient rien, c'est bien normal dans sa petite tête. Je suis un peu blasée par ce genre de discours, et je comprends que les locaux soient insupportés par ce genre de gars à qui tout est dû. Nous passons la soirée dans le bivouac, dans sa petite salle panoramique, autour de la table, à discuter avec les retraités, et en fait surtout à écouter, car dès que des gars de la plaine arrivent ils discutent tous en patois - merci les gars. Du coup, un peu obligés, on fait les francesi, et vivons notre vie entre nous. Dans le livre du bivouac mis à disposition des passants, un petit dessin attire notre attention : quelqu'un a décrit le passage d'hélicoptères qui enchaînent les cîmes voisines pour que leurs passagers puissent faire autant de selfies que de sites "emblématiques"... Ceux qui passent ici sont de toutes les nationnalités. Quelqu'un nous dis que ce bivouac a été élu parmi les 5 plus beaux du monde, quelque chose comme ça. Et dire que nous vivions au centre du monde... et qu'on ne le savait pas.

Au lever du soleil

Mardi 12.
Le lendemain matin, les premières lueurs du ciel font sortir tout le monde très rapidement du bivouac. À la petite aube, le panorama est incroyable, et il n'y a qu'à attendre sagement que la lumière gagne sur la nuit, puis que les premiers rayons du soleil dépassent de la ligne d'horizon pour illuminer les montagnes. Certains font du zèle, et placent leurs téléphones ou autre gadget pour faire des timelaps, d'autres se mitraillent en selfies, ... personne ne voit les écossais, et personne n'a vu la bande de djeunz arriver - tiens oui, où sont-ils ? Rapidement, trop rapidement, le jour est bel et bien là, et le site perd un peu de sa magie et de son intérêt. Pour certains, comme celui qui nous avait salué en premier, même l'aube n'avait pas d'intéret : un mince nuage mal placé rendait "LA" photo magique impossible, celle du lever de soleil impeccable, et donc sa présence à lui inutile : il se barre avant tout le monde. Nous prenons un peu notre temps, grignottons un petit déjeuner - et les italiens se font du café, évidemment.

biv. Bedin au soleil du petit matin

Lumière du matin sur l'Agner

Finalement, nous repartons nous aussi. Après le passage en corniche, voilà que nous retrouvons les jeunes : leurs tentes sont plantées juste là, sur un petit pré d'où il ne faut pas déraper, juste en sortie du sentier vertigineux. Ils sont réveillés, et je leur dis d'aller faire un tour sans sacs au bivouac, qu'ils ne sont plus très loin : ce serait dommage de ne pas aller au bout. Puis, nous entamons la descente... arrivés au niveau de la ferme, la tranquillité du matin est perdue : un énorme hélicoptère de l'armée, le genre à pouvoir transporter des troupes, fait des manoeuvres d'approche à répétition autour de nous, sans doute pour entraînement vu qu'il ne se pose jamais.

Plus bas, au passage vertigineux au-dessus de la cascade, je rate un peu mon positionnement pour passer le bout de sentier défoncé, et mon sac râcle la roche : la bouteille d'eau qui était placée dans la poche extérieure de ce côté-là en est éjectée, et tombe dans une petite bassine en contre-bas... j'aimerais bien la récupérer, mais emportée par le courant, il ne faut pas 10 secondes pour qu'elle rejoigne la cascade... adieu plastique. Je viens de perdre 10 points de karma pour pollution directe. Argh. En même temps je préfère que ce soit la bouteille plutôt que moi qui plonge !

Le reste de la descente se fait sans soucis. Arrivés au village, Partner nous attend bien sagement, à côté d'elle une autre voiture a pris place. D'autres espaces sont eux-aussi envahis de voitures. Nous nous promettons de partir de plus bas la prochaine fois. Nous avons le reste de la journée devant nous : direction le val San Lucano déjà pour pique niquer, puis pour pour se balader près du torrent, "à plat". Après quelques nouvelles courses, ce soir nous partons dormir au fond du val. Une petite heure de randonnée avec les gros sacs encore plus gros (avec les matelas, cette fois-ci), et nous nous installons à la malga de Pian della Stua.

Malga Pian della Stua

Le ciel est morose, il a changé pendant l'après-midi... adieu le soleil et la chaleur quasi-estivale. Après avoir dîné, nous ne faisons pas de vieux os dans le noir quasiment total : au lit (très) tôt.

Mercredi 13.
« - AAAAAAAAAAAH ! »
Quésako ? Je me réveille en sursaut. Nous sommes toujours plongés dans le noir, il doit être encore très tôt. À côté de moi, Antoine assis dans son sac de couchage braque sa lampe torche sur la porte, entrou'verte...
« Scusa, scusa! Sono solo un cacciatore!... »
La blague. Réveillés par un chasseur... qui reniflait comme un sanglier, et ne poussait pas la porte bien franchement pour l'ouvrir : résultat, Antoine l'a pris pour... un sanglier. D'où le cri, pour effrayer la bestiole. En attendant, c'est moi (et un peu le chasseur sans doute) qui ait le coeur qui bat ! Le temps de sortir du sac de couchage, de passer un pull, des chaussures, et je pars discuter avec le gars. L'aube n'est pas encore là, le ciel n'est qu'à peine moins noir qu'en pleine nuit, et je ne distingue pas ses traits, mais il n'a pas l'air tout jeune. Il m'explique qu'il vient faire des repérages d'animaux présents sur les lieux - m'enfin, il a quand même un fusil de snipper, c'est sans doute pas juste pour repérer. Il dit qu'avec ses jumelles infra-rouge, il risque pas de nous prendre pour des chevreuils - me voilà presque rassurée, d'autant plus qu'il me demande de quel côté on partira ce matin... Il confirme qu'il y a cinq ou six loups qui rôdent habituellement dans la vallée.

Temps gris au fond du val

Il repart rapidement, l'aube se lève : c'est son heure. Le temps étant gris, nous ne sommes pas pressés (surtout si un gars tend à canarder tout ce qui passe à côté), et nous retournons nous coucher pour quelques heures. Quand le jour est bien levé, nous aussi. Nous avons prévu de retourner à la voiture par... le haut. En remontant le pré du « Pian della Stua », nous apercevons le chasseur posté plus loin, en hauteur, jumelles vissées sur le nez. Nous sortons du pré par le torrent qui coule à son extrémité haute, et rejoignons par un sentier très raide, la mulatière officielle qui l'an dernier encore était inaccessible autrement. Et si nous tentions la descente par la mulatière malgré tout ? Au pire, si elle est encore éboulée, nous n'aurons qu'à faire demi-tour.

Finalement, ça passe : les éboulis à chaque traversée de torrent ont été légèrement réaménagés, c'est pas Byzance mais suffisant. Nous accédons ainsi à deux zones intéressantes dédiées à la cueillette : l'une peuplée de nombreux cumins sauvages, l'autre bien fleurie d'achillées millefeuilles, et bordée de framboisiers. Il ne restera plus qu'à mettre tout ça sous grappa dans la voiture.

À peine arrivés au parking, il se met à pleuvoir. Ce matin, nous avons envisagé de faire le marché et vu le temps, de prendre un peu de temps pour visiter les amis. Je contacte Aldo pour voir si on peut manger ensemble, mais il nous propose plutôt de prendre un verre au bar près de l'église d'Agordo. Il a l'air en pleine forme, et cela fait plaisir de le revoir ! À force de papoter, quand nous nous quittons, le marché est terminé. Quelques courses au Super W nous permettent de pique niquer au fond du val, à l'abri de la pluie dans Partner, puis de faire un petite balade en K-way - au cours de laquelle nous récupérons sur un arbre tombé au sol un panneau du sentier de VTT qui n'existe plus - à cause de Vaia, encore et toujours, Vaia.

Il pleut encore. Nous contactons Maria, qui nous propose de passer à nouveau la nuit chez elle : « notre » lit est toujours prêt. Super Maria ! Par contre, elle rentrera tard ce soir, et sa fille n'est pas franchement sociable. Au bout d'un moment, elle va visiblement aller se coucher avant que Maria ne rentre, et elle colle un post-it sur la porte de sa mère : « LES CHATS SONT À LA MAISON ». La bêtise est trop tentante, alors on ajoute un post-it qui dit : « LES FRANÇAIS SONT À LA MAISON », puis partons nous coucher.

dimanche 10 sept. 2023, 21:32

Moschesin en intégral

Dimanche 10.
Le soleil est encore au rendez-vous : il brille sans nuage dans le ciel. Après le petit déjeuner, nous quittons Maria pour une longue journée de randonnée : nous souhaitons parcourir toute la longueur du sentier qui passe sous le Tamer. Arrivés pourtant pas si tard au petit parking situé juste avant le Passo Duran, nous sommes surpris de le trouver déjà plein. Demi-tour, et moins d'une centaine de mètres plus bas, nous trouvons largement assez de place sur un terre-plein qui servait encore l'année dernière à stocker les troncs d'arbres abattus par Vaia.

Les abords de la route ici sont d'ailleurs encore en cours d'abattage, des engins encombrent les lieux et des panneaux indiquent une déviation du sentier. Celle-ci, malgré le temps au beau fixe, n'est qu'une piste boueuse et mal pratique, jusqu'à ce qu'elle rejoigne le sentier officiel qui passe au coeur de la forêt. Trente minutes suffisent pour en sortir : à partir de maintenant, nous marchons le plus souvent au soleil, dans un sentier blanc d'assez haute altitude pour passer dans les caillasses le plus souvent, au coeur des pino mugo et parfois dans les derniers vestiges de la forêt qui persiste à cette altitude.

Nous prenons la pause à la malga Pramper. Certaines années, nous n'avions pas pu aller plus loin - par manque de temps, ou parce que le temps météorologique était trop ingras pour randonner ! Cette année, un couple de deux jeunes randonneurs « cro cro » zonent près de la fontaine. À leur fringues et leur équipement décat', puis au son de leurs paroles, nous voyons bien qu'il s'agit de français - nous passons - buongiono! et nous installons sans chercher à discuter. Plus loin, un papi mange son casse-croute, nous nous installons pas trop loin, à l'ombre comme lui. Son pote arrive - nous l'avions doublé en chemin, puis deux américains. Cette fois-ci, je rentre dans la discussion : les américains sont de l'Alaska, ils ne s'attendaient pas à autant de montées et de descentes. Je trouve la remarque étonnante : comment les voyagistes vendent-ils donc la traversée des alpes italiennes par l'alta via ?! Les italiens eux sont des habitués qui viennent de Belluno. Mais je les bluffe quand ils se trompent de nom quand il s'agit de les attribuer aux montagnes qu'on voit d'ici !

Il est temps de se remettre à marcher. Nous ne reverrons pas ces marcheurs - à part les français, qui planteront leur tente à peu de distance du refuge que nous atteindrons plus tard. Une petite heure, et nous voici à la forcella Moschesin, au pied de la montagne du même nom. Ici, nous aimons flâner un peu dans les ruines, vestiges d'une époque où l'endroit était une frontière gardée par un détachement militaire.

Ici le sentier bifurque en trois, et nous avons deux options pour rejoindre le refuge : par le haut, ou plus bas. Nous pensons boucler, et commençons par le haut. Nous rattrapons un groupe de randonneurs avant d'arriver au refuge, qui, miracolo ! est ouvert. C'est bien la première fois pour nous, car nous venons toujours ici complètement hors saison. Cela mérite bien de prendre une part de tarte et une boisson, et de discuter un peu avec les gars qui tiennent l'endroit. Et effectivement, on nous confirme : dans trois jours, le refuge ferme. C'est déjà la fin de saison pour eux !

Rif. Sommariva al Pramperet

Après quoi nous rebroussons chemin - en croisant vite fait les français qui cherchent à s'installer pour le soir - et repartons par le sentier le plus bas. Peut-être est-ce la raison pour laquelle nous n'avons pas pu croiser les randonneurs américains ? Ou peut-être ont-ils suivis les italiens de Belluno, dont j'ai cru comprendre qu'ils ont prévu un deuxième véhicule au fond du val Pramper ? Nous retrouvons la forcella, et redescendons à la malga. Le paysage est maintenant en contre-jour, mais dans notre dos le ciel est toujours d'un bleu roi immaculé.

Val San Lucano

cima Tamer

Le retour est long, mais nous savons que ce soir Maria ne nous attend pas : c'était l'anniversaire de son fils, et ils sont tous partis le fêter à Belluno. Nous bouclons la rando du Moschesin plus ou moins en 8 h, et revenons à Partner à l'heure de l'enrosadira sur le Tamer et la Moiazza. Chez Maria, nous grignottons et finalement en dessert, partageons avec la famille de Maria, de retour plutôt que prévu, le gâteau d'anniversaire !

vendredi 8 sept. 2023, 21:32

Randos en chemin

Vendredi 08.
Petit déjeuner deluxe à l'hôtel, qui nous propose en buffet un large choix de viennoiseries et pâtisseries (entre autres choses) de la marque Tre Marie - le must du biscuit et du panettone industriel. Quelques autres clients sont tombés du lit : à la table voisine, s'installent une maman plus toute jeune, un peu handicapée dans ses déplacements, et son grand fiston qui s'occupe d'elle.

Avant de quitter San Pellegrino Terme, nous faisons un dernier petit tour dans la partie haute de la ville : un casino entièrement réhabilité qui sert d'entrée aux termes (il faudra revenir les faire un jour... peut-être), et un funiculaire qui mène jusqu'aux sommets juste au-dessus de la ville. La billetterie est automatisée, personne n'est sur le site - à part nous, et un client resquilleur qui passe fissa sous la barrière et entre dans le petit wagon. Après tout, c'est en libre accès, alors perché no?

San Pellegrino Terme

San Pellegrino Terme

San Pellegrino Terme

San Pellegrino Terme

Nous reprennons la route vers le sud : nous revenons vers Bergamo, contournons la ville et entrons sur l'autoroute pour une centaine de kilomètres. Nous sortons au cul du lac de Garde, et commençons à en longer la côte ouest. Le temps est au grand soleil, chaud pour la saison.

La route est d'abord envahie de commerces en tous genres, mais ça roule correctement. Au niveau de Salò, la route s'éloigne un peu et prend de la hauteur sur le lac, nous offrant quelques rares belles vues sur la vaste étendue d'eau bleue paisible. Nous poursuivons ainsi jusqu'à l'entrée de Gargano : la nous virons serré à gauche, pour rejoindre une petite route qui monte rapidement et bien raide dans la montagne. Après presque 20 km interminables, nous arrivons enfin à Sasso, un petit village déjà bien perché. Nous nous garons au parking à l'entrée, et remplissons nos sacs de provisions pour ce midi.

La rue la plus haute du village, la via San Valentino, se transforme à son extréminté nord en un petit sentier de type mulatier plus ou moins bien pavé de grosses pierres. Il monte parfois doucement, parfois un peu raide dans la végétation - un peu d'ombre est bienvenue aujourd'hui. Après une quinzaine de minutes, se trouve un point de vue panoramique sur le lac, situé au-dessus d'une petite falaise qui permet cette vue dégagée. Là, une bifurcation indique Eremo di San Valentino : nous la suivons, et rapidement le sentier descend de manière légèrement vertigineuse. Les câbles métalliques aident cependant à passer sereinement, et le sentier reprend sa progression à flanc de montagne. Et voilà : adossé à une autre falaise, un petit ermitage troglodytique.

eremo di San Valentino

La petite église renferme quelques peintures, et un cahier que les touristes signent - sans jamais omettre de mentionner la date, leurs noms, leur lieu d'origine, et parfois ils partagent leurs impressions sur l'endroit. Dehors, il y a de quoi s'asseoir à l'ombre : c'est parfait pour un déjeuner au calme. Nous ne sommes rejoints que par un petit groupe de trois jeunes qui visitent eux-aussi les lieux, avant de repartir.

Après manger, nous reprenons le chemin inverse. Assis près du point de vue, un couple de retraité engage la conversation : ils ont tenté le chemin que nous allons emprunter, et l'ont trouvé trop raide. Nous nous engageons malgré tout, nous verrons bien. Effectivement, le sentier est parfois trop raviné par l'eau (absente évidemment en ce moment), ce qui ne le rend pas très agréable à marcher. Mais ça passe... après tout, nous sommes là pour nous entraîner un peu avant les Dolomites !

À la bifurcation suivante, après une petite hésitation, nous maintenons le cap le plus direct vers la cima Comer (1289 m), notre objectif : le sentier est d'autant plus raide, mais aussi plus rapide. Et puis la cardio tout comme les jambes sont mises à contribution ! Une fois là-haut, la vue récompense l'effort.

vers Cima Comer

Pour terminer cette petite randonnée montagneuse au lac de garde, nous bouclons par un autre sentier à la descente : il serpente à nouveau en forêt, mais avec une pente plus accessible, et rejoint un bâtiment abusivement appelé "Rifugio alpini di Gargano". Fermé, il semble plutôt éqûipé pour abriter des petites fiestas des associations locales et des "colos" de vacanciers que de servir véritablement de refuge. Après un petit tronçon de route goudronnée - dommage ! - nous retrouvons le sentier et revenons assez rapidment à la bifurcation, puis retrouvons Partner.

Il est temps de redescendre vers Limone, où nous avons prévu de passer la nuit. Cependant, un rapide coup de fil au camping que j'avais identifié nous annonce qu'il est complet. Aïe ! Je n'ai pas le numéro de l'autre... nous y allons directement, mais il faut une bonne heure de route si ce n'est pas plus. Quand nous arrivons, la jeune fille qui s'occupe de l'accueil nous annonce qu'ils sont eux aussi complets. Aïe aïe aïe ! Mais surprise : d'origine sénégalaise, elle parle parfaitement français, et nous propose une solution de rechange devant nos airs dépités : une place où on peut planter la tente, mais pas garer la voiture - normalement réservée aux randonneurs itinérants. Parfait !

Nous garons la voiture 50 mètres plus loin, sur le parking sécurisé du restaurant du camping, et nous installons. Le temps d'aller chercher l'antimoustique dans les affaires, j'ai déjà été bouffée au moins dix fois - sans doute des saloperies de tigre ! Nos voisins sur l'emplacement en terrasse situé juste en dessous de nous arbore un petit drapeau breton, et leurs motos sont immatriculées dans le 56, mais nous n'aurons pas l'occasion de discuter avec eux. Pour le reste, ce sont essentiellement des allemands en camper, et quelques suisses un peu perdus eux aussi au milieu des germanophones (à moins qu'ils ne soient eux aussi de Zurich). Après quelques courses à un mini super accessible à pied, nous sommes prêts pour aller dîner de quelques produits locaux, installés sur la plage de petits galets, dans la lumière descendante. La nuit tombe vite. Ce soir, nous ne faisons pas de vieux os : une douche bien chaude et bien méritée, et au lit.

Samedi 09.
Après une bonne (et longue) nuit de sommeil, nous nous levons de même comme des itinérants : tôt. Presque personne n'est levé, même après avoir pris le temps de plier et ranger la tente et le barda. Un petit passage par le bloc sanitaire, et hop, nous voici en maillots de bain pour une petite baignade à l'aurore - même le soleil n'a pas encore passé la ligne d'horizon, par ailleurs assez haute, il faut bien l'avouer. Personne. La température de l'eau est agréable. Splendide.

Baignade à la plage

Après la baignade, petit déjeuner, toujours sur la plage ! Le camping se réveille doucement, nous allons prendre une douche, et quittons les lieux pour faire seulement quelques kilomètre et se garer à Limone sul Garda. Le parking extérieur a encore quelques places, mais cela ne va pas durer... nous faisons malgré tout partie des premiers touristes du matin, et nous apprécions le calme des lieux.

Limone sul Garda

Limone sul Garda

Nous traversons toute la petite ville par le bas, poursuivons un peu sur le "sentier du soleil", une piste cyclable qui ne fait que quelques kilomètres mais dont la promotion est faite un peu partout, en particulier grâce à la passerelle ciclopedonale photogénique qui longe l'extérieur d'un tunnel et permet une pratique plus sécurisée du vélo. Puis nous revenons sur nos pas, en explorant les ruelles un peu plus hautes.

Nous reprenons la route : tunnels et routes suspendues au-dessus du lac s'enchaînent jusqu'à Garda, puis c'est rocades et petites villes : nous suivons plein nord la SP84. Un petit tronçon d'autoroute nous permet ensuite d'entrer plus rapidement dans le val d'Ega. En fin de matinée, nous dépassons le lac de Carezza et allons nous garer un peu plus loin. Armés d'un guide anglais qui date d'une quinzaine d'année, nous suivons les indications pour une petite randonnée en boucle qui doit nous faire passer aux pieds du Latemar avant de redescendre par le lac. Hélas ! La tempête Vaia est passée par là. Ou plutôt, les tronçonneuses et les engins de chantier... car certes, de nombreux arbres sont tombés, mais d'autres ont été coupés par la même occasion, et de vastes routes forestières ont été tracées - c'est quand même plus pratique pour laa pratique du vélo électrique !

Bref, les sentiers ont disparus, et nous voilà sur des "autoroutes à piétons" qui font de larges détours et allongent la balade. Nous verrons bel et bien la "forêt" de (gros) cailloux, mais nous n'arriverons jamais à retrouver le sentier qui devait nous mener au lac - nous bouclons malgré tout partiellement. Nous profitons d'un point haut et au soleil pour déjeuner pendant la balade. D'ailleurs, près de cet endroit nous sommes surpris de trouver tout un site où le sol est de sable fin, de couleur très claire... une plage dolomitique !

Après 3 h de balade, nous reprenons la route vers Agordo, et il nous reste un peu de route - Vigo, Moena, Passo San Pellegrino, Cencenighe, ... Ce soir, nous dînons et dormons chez Maria. Une des informations qui la choquent le plus, cette année, est qu'il y a une douzaine de loups (avec sans doute une majorité de femelles avec leurs petits de l'année) qui se sont installés du côté du refuge Scarpa - celui situé au niveau des pentes nord de l'Agner, de l'autre côté du val de San Lucano. Elle semble absolument stressée par l'idée d'en rencontrer un - ce qui ne nous inquiète pas du tout, car les loups sont d'une discrétion légendaire : ils nous regardent passer, mais nous humains ne les voyons presque jamais.

mardi 5 sept. 2023, 21:32

Halte au lago Maggiore

Mardi 05.
Petit déjeuner face au lac de Port Titi : grandiose, les grands espaces c'est quand même autre chose. La campagne c'est quand même bien moins beau qu'une si grande étendue d'eau encadrée de montagnes et de sapins !

Nous prenons la route assez tôt, direction la Suisse ! Pour une fois, nous contournons le lac par le sud (essentiellement à cause de travaux à son nord), et faisons un arrêt prématuré et complètement inhabituel aux Hôpitaux-Neufs : objectif, faire un retrait dans un DAB avec nos nouvelles cartes de paiement pour les activer... heureusement que nous y avons pensé in extremis !

C'est reparti, mais pour commencer les arrêts s'enchaînent : d'abord, la douane suisse pour la vignette, puis à la Migros de Vallorbe - pour le plaisir, essentiellement du chocolat mais aussi de quoi grignotter le midi. Et voilà, un peu d'autoroute vers Lausanne puis Montreux, à l'est du lac Léman, que nous quittons par la large vallée quasi plein sud, avant de repiquer vers l'est : l'autoroute s'arrète bien avant Brig, qui est un peu la porte du Simplon. Une fois arrivés là-haut, nous déjeunons au soleil un peu frisquet à cette altitude.

Une fois remontés en voiture, il ne faut que quelques kilomètres en direction de l'Italie pour que le temps change radicalement - nous n'avons même pas encore passé la frontière, qu'un épais nuage voile le soleil, retire toutes les couleurs du paysage, et 10 degrés celsius au passage ! Quelle déconvenue... La route est donc un peu morne, seule bonne nouvelle : le bitume a été (enfin) refait, plus besoin d'être hyper attentif pour éviter de rouler dans les trous !

Arrivés au lac Majeur, la première chose à faire, soyons clairs, c'est : les courses. Et là, Lidl è per te... Et hop, direction le sanctuaire du mont sacré de Ghiffa. Une fois Partner garée, nous nous faisons une petite balade dans les bois de la montagne sacrée, histoire d'éviter le rassemblement bruyant qui a lieu ce jour-là dans le sanctuaire - en particulier, quelques dizaines de gosses courent partout en braillant... tout ce qu'on aime ! Une heure plus tard, c'est beaucoup plus calme - il ne reste qu'une vingtaine d'adultes qui participent à une conférence en plein air. C'est la première fois qu'on croise autant de gens ici ! Dîner face au lac, et comme d'habitude, à peine le soleil est tombé - et il tombe tôt en Italie en cette saison - au lit.

Mercredi 06.
La nuit a été calme. À l'aube, petit déjeuner sur le banc face au lac... le ciel est désormais bien bleu, et le soleil déjà radieux. Ce matin, petite rando pour se mettre en jambes - il faut dire que nous sommes partis de chez nous sans la moindre balade d'entraînement. La balade commence plein ouest vers Caronio, avant de repiquer derrière les crêtes vers la direction opposée, pour arriver à Pollino. Au bout du petit patelin, petite pause sur un banc face à un panorama magnifique - ok, essentiellement le même qu'à Ghiffa, mais d'encore plus haut !

Lac Majeur

La route du belvedere perd rapidement son asphalte et s'enfonce dans la forêt - juste avant de quitter la civilisation, comme pour annoncer la transition vers la nature, nous passons sous des pylones bardés d'antennes 3G ou autres. Mais il ne faut pas longtemps pour être vraiment dans la nature : sur notre gauche, des sangliers se signalent en grognant - puis déguerpissent. Les sangliers nous foutent toujours un peu la trouille, surtout quand ils courrent, et surtout quand maman se balade avec ses petits, mais présentement en Italie ils sont petits (aucun chasseur ici n'a songé à croiser ces animaux sauvages à des cochons pour ne pas les louper même avec 2g d'alcool dans le sang) et ils ont la décence de s'enfuir loin de nous plutôt que vers nous. Après avoir longé toute la crête, il ne reste plus qu'à boucler la boucle et redescendre au sanctuaire.

Pour déjeuner, nous identifions une table de pique nique indiquée juste à côté de notre parking - ce qui ne nous empêche pas d'emmener Partner avec nous (à moins que ce ne soit elle qui nous y emmène). Effectivement, il ne faut que 200 m de route très pentue pour atteindre un espace aménagé en parking verdoyant (interdit au camping) où trône une seule table à côté d'un point d'eau. Personne. Parfait ! Nous mangeons et prenons la pause au soleil.

Après quoi, nous quittons cette partie du lac : arrivés au niveau de Stresa, nous prenons la route des hauteurs avec un premier arrêt à Gignese, où nous aimons faire quelques courses simples dans le mini market : gressins, charcuterie, biscuits, jus de fruits pour le petit déjeuner, et deux bières pour le dîner. Direction le sommet du coin, une rando repérée sur internet : une petite route qui serpente et grimpe toujours plus haut, avec parfois une belle vue sur le lac. Sauf que... argh, mais c'est quoi cette douane ? La blague ! La route est payante... comme si c'était un parc d'attraction. Et bien, c'est trop cher pour les quelques heures qui restent aujourd'hui. Le parking juste avant fera l'affaire. Les sentiers qui en partent sont absolument catastrophiques - j'imagine que c'est fait pour : coupés par des clôtures électriques alors qu'aucun troupeau n'est en vue, gadouilleux ou mals tracés, ... assez impraticables au final. Nous jetons l'éponge.

Nous redescendons en voiture vers Gignese, et poursuivons plus au sud, vers Sovazza, jusqu'à une aire de pique nique perdue en pleine nature que nous connaissons pour y avoir dormi quelques années plus tôt. C'est là que nous poursuivons la balade, en suivant une route gravillonnée qui doit faire un circuit dans la forêt, tout en passant par quelques fermes ou du moins des lieu-dits dont le nom est mentionné. Malheureusement, nous estimons au vu de la lumière qui tombe rapidement que nous n'aurons pas le temps de boucler, et faisons simplement demi-tour sans doute juste avant d'avoir atteint la moitié du parcours pour éviter toute surprise. En même temps, la dernière ferme que nous avions dépassé était des plus étranges, avec ses trois chiens qui nous hurlent dessus - ces alarmes vivantes étant, c'est une chance, bien attachés avec des chaînes en points différents du petit domaine. Retour, dîner, et dodo juste à côté du petit torrent.

Aire proche Sovazza

Jeudi 07.
La première chose que nous constations ce matin, c'est que nous ne sommes plus seuls. Un combi immatriculé en France dort un peu plus loin. Nous prenons notre petit déj' sur une table, puis quittons les lieux avant que les compatriotes ne soient réveillés.

Pour quitter la zone du lac Majeur et avant de partir vers l'est, nous commençons par un petit crochet vers l'ouest, à l'opposé, pour découvrir le lac d'Orta. Il n'est pas encore 8h du matin, et en ce début septembre, tout est très calme. Une fois la voiture garée, nous rejoignons le lac à pied, et suivons le sentier du bord de lac jusqu'à la petite ville de Orta San Giulio, puis flânons un peu dans le centre historique qui se réveille à peine, sous un ciel bleu sans nuage.

Orta

Orta

Orta

Orta

Un petit jardin en accès publique donne sur le lac, c'est la Mairie ou une administration quelconque. Elle propose même une toute petite bibliothèque avec des documents hors d'âge.

Les ferronneries, les portes cochères entrouvertes qui dévoilent des cours intérieures, les venelles aux pavés énormes... tout ici fait penser que nous sommes hors du monde, hors du temps. Sauf peut-être les vitrines immobilières, qui vendent des palaces et dont les prix font penser que seul le gratin peut s'offrir ce luxe paisible.

Nous remontons le centre historique par une montée vers une imposante église qui surplombe les lieux, mais sans passer par le couvent qui la surplmobe elle-même... Une fois au volant de Partner, nous quittons les lieux : direction plein sud, puis droit vers l'est pour longer le bas du lac Majeur, et continuer ainsi jusqu'au lac de Como. La route n'est pas si longue, mais incroyablement lente : ce n'est qu'une succession de magasins, de petites villes qui ne présentent aucun intérêt, de traffic et de bouchons... Seul bénéfice : nous trouvons un supermarché Carrefour qui propose du diesel à un prix défiant toute la concurrence locale, et nous empressons de remplir le réservoir.

Il est presque midi et nous arrivons à Como, à laquelle nous ne comprenons pas grand chose - nous quittons malgré tout semble-t-il la voie rapide juste à temps pour rejoindre un quartier ville qui ne soit pas trop loin du lac, et se garer pas trop loin de ce qui pourrait être le centre ville... Néanmoins, nous marchons d'un bon pas pour le rejoindre, et déambuler entre les passants qui flânent et cherchent où passer leur pause déjeuner. Nous sommes un peu dans le même état d'esprit, sauf que nous avons déjà de quoi pique niquer - il ne nous reste qu'à trouver un banc et une vue. Ce sera au jardin publique du lac, face au port et au funiculaire.

Como

Retour à la voiture en plein soleil, en plein midi - il fait chaud à Como ! Et nous voilà reparti à nous perdre un peu avant de retrouver notre direction : nous voilà partis pour Bergamo, et nous revoici sur des routes qui n'avancent pas. In fine, nous arrivons à proximité, je sais qu'il vaut mieux se garer avant d'arriver trop près du centre historique en hauteur (Bergamo Alta), nous voyons même quelques indications pour le funiculaire, mais rien à faire : entre les indications pas très indicatives et les sens uniques, nous voici en train de passer la porte de la vieille ville... en voiture ! Heureusement juste après, un dernier grand boulevard avec encore pas mal de places de stationnement libres nous tend les bras - ça ne se refuse pas.

Il est très probable que nous commençons la visite par là où j'étais entrée un soir, il y a bien longtemps, dans cette ville pour une courte soirée - mais je ne reconnais absolument rien. Ici, les rues et les ruelles sont animées, mais il y a une foule dense de touristes - c'est assez déplaisant. Les petites boutiques tout comme les façades restent plaisantes, les places permettent de respirer un peu, et parfois, une rue donne sur la vue vers la ville basse et la plaine qui s'étend à perte de vue, dans une chaleur trouble.

Bergamo

Bergamo

Arrivés à l'ouest de Bergame, nous trouvons un glacier artisanal et prenons une pause rafaîchissante, bienvenue. Nous traversons à nouveau la ville en sens inverse, en essayant de prendre d'autres rues, et achevons notre parcours. Il est temps de sortir d'ici avec Partner. Nous prenons la direction plein nord. Le traffic nous ralentit jusqu'à ce que nous nous échappions de la banlieue, et que les collines se fassent de plus en plus présentes autour de nous. Après un long tunnel, nous voici vraiment ailleurs, c'est-à-dire : à San Pellegrino Terme.

C'est, comme son nom l'indique, une ville de thermes, mais surtout, évidemment ! la ville où la très célèbre eau de San Pellegrino est mise en bouteille. Nous sommes passés devant leur plateforme logistique, et elle est véritablement dimensionnée pour l'envoi des bouteilles partout dans le monde... c'est gigantesque. Mais à part cela, il ne se passe plus rien ici depuis longtemps. La petite ville est comme endormie - et doublement : oui, en ce début septembre, nous sommes déjà en basse saison, mais ici cela fait bien longtemps qu'elle a commencé ! San Pellegrino Terme a pourtant de beaux restes de ses jours meilleurs. De l'autre côté du large torrent, face au centre ville, un grand hôtel - et même, un immense hôtel ! - de style 1900 gît inanimé, les fenêtres un peu opaques de poussière, comme des yeux aveugles. Il est flanqué d'une ancienne gare qui semble n'être plus qu'un bistrot.

Nous garons Partner et dégainons le téléphone, à la recherche d'un bon prix pour une nuit d'hôtel. Nous sélectionnons l'Hôtel Avogadro, modeste mais propre et situé au centre. À l'accueil, le prix annoncé est le même que sur internet, parfait ! Après nous être installés, nous repartons pour une petite balade dans la ville, et surtout, pour une fois, nous cherchons de quoi manger ailleurs que sur un banc, pour changer. Cependant ce soir, le choix n'est pas monstrueux... beaucoup d'établissements sont fermés. Après un premier tour, nous sélectionnons finalement un lieu un peu trendy : belle hauteur sous plafond, quelques tablées avec banquettes confortables, éclairage d'ambiance, musique jazzy, et qui sert des plateaux fromage-charcuterie accompagnés d'un verre de vin. Notre choix porte sur celui qui permet de découvrir des produits locaux, et le serveur nous explique tout de par le menu - d'où ça vient, et dans quel sens déguster.

Après le dîner, il fait encore assez doux pour aller se promener by night dans la ville. Nous traversons le torrent par un pont de style "chic" vers le grand hôtel. Un panneau annonce sa rénovation. Fermé il y a une trentaine d'année, il appartient maintenant à la ville. Nous continuons notre marche lungo torrente et bouclons par un deuxième pont, beaucoup plus ancien et rustique.

samedi 2 sept. 2023, 20:32

Vacances 2023

Samedi 02.
Après un été assez moisi en Bretagne pour faire péricliter nos plants de tomate avant même qu'ils ne portent des fruits, nous voici enfin sur la route des vacances. La météo est clémente, on nous promet même peut-être une ultime canicule de fin d'été - ce qui n'est pas déplaisant dans l'idée vue que nous, en Bretagne, nous n'avons pas vu la couleur (ou plutôt la température) des autres.

Après une route sans encombre, nous arrivons en fin d'après-midi à Orléans. Alors que je discute dans la cuisine avec la mamma, et que le sujet dérive dangereusement à grand coup d'assertions à l'emporte-pièce, le frangin ne peut pas s'empêcher d'intervenir : dès qu'il y a moyen de monter au créneau sur un sujet raciste, c'est absolument dans sa thématique favorite. Sauf que là je ne suis pas d'humeur, et je dis stop, je n'ai pas envie d'écouter ce genre de thèses, que ces idées sont dégueulasses. Pour changer de sujet, on me demande si j'ai regardé les suggestions de balades qu'il m'a envoyé par mail et là, ça sort tout seul :
« non, je ne regarde plus jamais tes mails.
- Jamais ?!...
- Aucun. Jamais. »
Alors là, oui, le coup est dur. Il s'en va vexé. Gromelle. Puis finalement, une bonne heure plus tard, met son manteau et s'en va en claquant la porte, sans oublier de préciser qu'il nous « laisse manger entre gens dégueulasses ». La mère est toute chamboulée. Elle va stresser toute la soirée en attendant que son fils chéri rentre, heureusement pas très tard. De manière étonnante, elle ne va cependant même pas le saluer ni le rejoindre quand il s'intalle devant la TV au salon.

Dimanche 03.
Le lendemain matin, le frère attend sagement qu'on quitte la maison pour sortir de sa chambre : nous ne le verrons bien sûr pas. La mère fait une mine de trois pieds de long. Qu'importe, je ne me laisse plus impressionner par ce petit jeu malsain du chantage affectif, des esclandres et des petites voix larmoyantes : plus mon problème. Par contre ça promet un passage du retour à la fin du mois particulièrement « plaisant ».

Bref, nous taillons la route assez tôt, direction plein est, via la centrale de Saint-Pierre en Burly (près de Gien), un bout d'A77, une pause à Saint Fargeau (où on s'offre, comme le veut notre tradition, une terrine d'un excellent pâté), puis l'A6 qui devient A36 et nous lâche à proximité de Besançon. Il ne reste plus bien loin pour arriver au lac Saint Point, où nous passons un après-midi tranquille avec les amis qui nous hébergent ce soir. Au dîner, nous sommes rejoints par Xtophe et son amie, qui ne font que passer, mais à qui nous forçons un peu la main pour aller manger chez eux le lendemain.

Lundi 04.
Petite virée en Suisse aujourd'hui : nous passons par le val-de-Travers (du nom de la ville qu'on y traverse) jusqu'à Rochefort, d'où on plonge directement vers le lac de Neuchâtel, pour arriver près de Colombier. En chemin, nous avons fait quelques courses à la Coop sitée à l'entrée de Couvet pour grignotter le midi - l'occasion d'acheter deux bouteilles d'eau suisses de 1 litre qui semblent parfaites pour servir de gourdes en randonnée.

Nous cherchons ensuite une table de pique nique à proximité, et en trouvons une idylique (au coeur des bois, avec un grill en libre service) étrangement située derrière un musée dédié aux mines d'asphalte, un peu perdu dans la campagne. Après déjeuner, nous filons donc vers le lac, pour y passer l'après-midi avec de nouveaux amis - après qu'ils aient pris des vacances en Bretagne où nous les y avons croisé, à notre tour de les visiter ! La discussion va bon train et le temps file vite, il faudra revenir un jour !

Ce soir, nous dinons donc avec nos amis de Port Titi mais chez Xtophe cette fois-ci, l'occasion de rencontrer aussi deux des grands fistons de sa compagne. C'est sous un très beau ciel étoilé que nous terminons la soirée. Demain, départ officiel pour les vacances !

mercredi 21 sept. 2022, 20:32

Départ via Val Venosta

Mercredi. Ce matin, nous quittons les Dolomites : nous avons arbitré en faveur du val Venosta, mais nous ne souhaitons pas faire la route d'une traite - trop long, trop fatigant. Nous avons réservé un hôtel plutôt chic mais pas excessif juste avant la frontière autrichienne, à Curon Venosta (Graun in Vinschgau). Nous l'atteignons en début d'après midi, après avoir même pris le temps de quelques dernières courses à Lacès et pique niqué près de Coldrano au bord d'un étang (artificiel ?) situé le long de la piste cyclable (note : penser à la faire en vélo, un jour...).

Nous profitons de l'après-midi plutôt ensoleillé, mais balayé par un vent glacial, pour se balader un peu autour du célèbre clocher immergé dans le lac. Nous aurions pu peut-être emprunter des vélos à l'hôtel pour faire le tour du lac de Resia, mais le courage a manqué : à la place, nous sommes allés profiter de leur sauna et hammam - il n'y avait que nous, grand luxe.

Val Venosta

Le dîner était inclus, et très réussi dans le genre local. Le lendemain, le petit déjeuner était copieux, et nous avons repris la route bien reposés et contents de notre dernière étape de vacances. À peine entrés en Autriche, notre route en ressort immédiatement : cela roule tout seul dans la longue vallée de Scuol, puis nous attaquons le dernier col : le Fluëla Pass (2383 m)

Fluelapass

Il ne reste plus qu'à descendre via Davos, et enfin Chur où reprennent les autoroutes suisses. Nous arrivons à Pontarlier dans l'après-midi, et passons une bonne soirée avec vue sur le lac. Le lendemain, notre dernière étape est à Orléans, chez la mamma, et après un court séjour,... retour au point de départ.

mardi 20 sept. 2022, 20:32

Tofana di Rozès tour

Mardi. Dernière journée de randonnée... cette fois-ci il faudrait voir à ne pas se tromper. Nous choisissons une balade qui devrait être 100% au soleil, et donc entièrement marchable "à sec". Nous retenons une de nos classiques : le pied de la Tofana di Rozès, jusqu'au Dibona et retour par le sentier de Sottocordès. L'arrivée se fait via le Falzarego : parking au lieu dit Ra Nona (1990 m), près de l'ancienne maison de cantonniers - tiens, elle est à vendre... Renato nous dira que cependant, il s'agit d'un patrimoine classé : la rénovation du bâtiment doit se faire à l'identique, en particulier il faut conserver la couleur rouge caractéristique. Avis aux passionnés !

Quelques rares voitures, toutes étrangères, sont déjà garées quand nous chargeons les sacs sur nos épaules. Le soleil est revenu, et le début de balade est très agréable : un sentier sans (presque) personne, de la lumière, du panorama. Arrivés à la forcella Col dei Bos (2250 m) nous explorons un peu les environs, qui gardent la mémoire des tranchées de la première guerre mondiale.

Une tranchée à forcella Col dei Bos

Il est tôt en journée, et elle s'annonce belle : je propose une modification de parcours, qui nous permettrait de voir d'autres vestiges... Et si nous faisions le tour de la Tofana di Rozès ? C'est plus long, plus de dénivelé, plus vertigineux aussi, mais cela devrait (peut-être ?) mieux passer dans ce sens horraire qu'en sens inverse, dont j'ai un bien mauvais souvenir ! En particulier sur la descente vers le val Travenanzes - il faut dire que papa n'avait déjà plus les jambes très solides l'unique fois où nous avons réalisé ce tour.

Nous voici donc à contourner la Tofane par sa gauche, dans une haute vallée encore entièrement à l'ombre de cette haute cîme. Le sentier bifurque alors : soit continuer à descendre le val (tout au bout, nous trouverions le Col Rosà qui se fait en ferrata), soit longer la paroi au plus près, pour pénétrer ensuite au coeur du massif des Tofane. C'est évidemment cette option que nous suivons.

Paroi val Travenanzes

À l'endroit précis où le sentier rejoint la paroi, un petit torrent le traverse, et juste au-dessus une fine cascade prise en glace... et qui fond lentement, au goutte à goutte. Quand nous passons, elle lâche quelques petits blocs de glace, et le fracas (et surtout sa proximité) sont loin d'être rassurants ! Les quelques centaines de mètres suivants, nous les passons rapidement et en silence - évitons tout éboulement, des casques auraient sans doute été les bienvenus.

Un peu plus loin, voilà que le sentier repique vers les hauteurs - pour passer justement au-dessus de la falaise... mieux vaut faire attention à ne pas faire rouler le moindre petit caillou vers le bas, sait-on jamais ! Nous voici donc aux passages vertigineux - toujours plus faciles à passer quand on regarde vers le haut !

Sentier vertigineux

Une fois les difficultés passées, nous voici à remonter tranquillement au sein de l'immense cirque de roche. Ciel bleu, soleil, silence... enfin, rien d'autre que mes accouphènes - quelle saloperie ce truc... impossible de profiter de la paix du lieu. En parlant de paix, ici aussi des restes de barbelés, des cavités creusées dans la roche, des meurtrières, et des résidus en bois ou en métal qui suggèrent une installation sommaire des soldats autrichiens qui surveillaient les lieux.

Nous voici maintenant au Rifugio Giussani (2600 m). Il est ouvert et propose des plats de pâte avec vue : pourquoi se priver ? Nous laissons le pique nique dans le sac et mangeons la pasta.

Rifugio Giussani

Nous entamons ensuite la descente du tour - certains attaquent à peine la montée vers la Tofane, mais hum, 600 m de dénivelé en plus... peut-être une prochaine fois ? De l'autre côté de la forcella Fontananegra (2616 m), perchés sur un contrefort et abrités sous la roche, un groupe d'anciens bâtiments qui datent eux aussi de la guerre surveillent le passage.

Forcella Fontananegra

Un large sentier mulatier, parfois partiellement eneigé mais toujours bien aménagé, nous ramène plus bas à travers la moraine. C'est alors que nous reprenons notre sentier habituel, qui passe aux pieds de la paroi de la Tofane.

Tofana di Rozès

Le soleil brille encore mais molement, voilé qu'il est derrière les nuages d'altitude. Nous apercevons quelques chamois, en contre bas. Nous prenons une petite pause à notre « balcon » préféré, en légère pente herbeuse et panorama grandiose. Mais il ne fait pas assez chaud pour traîner : nous repartons, passons la forcella Col dei Bos, et profitons des derniers moments en altitude.

près de la forcella Col dei Bos

Plus bas, nous observons une dernière fois un chamois qui nous a vu s'approcher mais n'a pas pris la peine de déguerpir avant qu'on ne soit trop près... d'ailleurs, il fait à peine le tour d'un bloc de pierre et se couche au soleil, tranquille : il sait qu'on ne viendra pas plus près, et il a raison : nous suivons sagement la grande route empierrée.

Ce soir, dernier soir : une dernière occasion de boire un verre avec Milos et de discuter un peu. Les sacs sont faits, nous sommes prêts à partir - la seule question est : pour où ?

lundi 19 sept. 2022, 20:32

Passo Gardena ça ne veut pas

Lundi. Nous faisons le pari que la neige n'y survivra pas. Direction le passo Valparola (2192 m), celui situé juste au-dessus du Falzarego, avec dans l'idée de longer à pied le Setsass pour rejoindre le Sief (2424 m) et peut-être le Col di Lana (2452 m) voisin. C'est une randonnée assez longue, mais exposée entièrement au soleil, et avec un dénivelé raisonnable, puisque nous partons de haut.

Mais sitôt Partner garé près de quelques campers qui ont visiblement passé la nuit ici, nous déchantons. Le thermomètre de la voiture indique 1°C, mais le vent et son effet windchill donne une température ressentie bien inférieure ! Nous ne sommes pas assez chaudement équipés pour supporter ça. Le ciel est blanc, glacé. Que faire ?

Direction, le Passo Gardena ! D'ici là, le soleil aura peut-être le temps de se montrer, et nous aviserons. Puisque nous sommes peu pressés, nous commençons même par une escale à Colfosco, et un détour par le supermarché Conad, fournisseur officiel de pucce (le pain au cumin).

Arrivés au passo il faut, quelque soit le parking choisi, payer son écot. Une fois garés, nous commençons par un petit café au Rifugio Frara - ça réchauffe et donne accès aux toilettes. La randonnée commence par la montée tranquille au Rif. Jimmy puis se poursuit par le petit sentier bien sec et bien aménagé qui monte plus raide dans le massif. Deux femmes accompagnées d'un chien - évidemment non tenu en laisse - marche à notre hauteur. Le soleil est sorti, nous sentons peu le froid.

Nous atteignons rapidement la forcella de Cir (2469 m) où un bon nombre de randonneurs prend la pause. Nous franchissons la petite barrière qui ouvre vers le sentier menant au Jeuf de Crespeina (2528 m) mais là, malheur : entièrement à l'ombre, il est resté humide et est... entièrement gelé, sur toute sa (petite) largeur. Comme je ne suis pas du tout à l'aise sur le verglas, encore moins quand le sentier n'est pas plat et les abords vertigineux, un court essai sur quelques mètres me le confirme : ma conclusion est sans appel, je ne pourrais pas aller plus loin ! D'autres hésitent, certains s'engagent, la plupart équipés au moins de bâtons, d'autres peut-être sans rien - chapeau.

Forcella de Cir

En attendant, notre seconde tentative de balade est foireuse... En échec devant le sentier glacé du nord, il ne nous reste qu'à rebrousser chemin. Histoire de ne pas rejoindre la voiture tout de suite, nous poursuivons le chemin en hauteur du passo, pour arriver au panorama offert à l'arrivée du remonte-pente. Au fond, on apperçoit le Sciliar. Nous mangeons là, au soleil.

Sciliar

Que faire ? Il est encore tôt. Finalement, nous rentrons à l'hôtel : après tout ce froid, un petit sauna est bien tentant, et nous n'en avons pas du tout abusé cette semaine. Et là, bim : Milos nous demande si nous avons réservé. Hein ? Hey oui, nous venons d'entrer en très basse saison : désormais il ne fait chauffer qu'à la demande. Oh ? On demande.

Ce soir, nous retournons manger chez Maria de Voltago : après l'excellente et toujours trop courte soirée passée chez elle, on nous a promis des pizzas maisons par le fiston pizzaiolo. Bon manger et bonne compagnie, ce n'est pas le genre de chose qu'on refuse ! En plus, Milos nous a rancardés sur le cocktail que Bill son neuveu nous a servi : l'Americano. Selon Milos, c'est bel et bien moitié Campari (un amaro de Milano) moitié Martini rouge (un vermouth de Torino), mais il se sert normalement allongé à l'eau gazeuse (et non pas sur glace) et bien sûr décoré d'une rondelle d'orange, comme il se doit. Il peut être aussi « allongé » au Gin, c'est un peu plus violent et ça s'appelle un Negroni (du nom d'un compte florentin, le comte Camillo Negroni, qui a modifié ainsi la recette de l'Americano). Les vénitiens l'allongent quant à eux évidemment au Prosecco : c'est un sbagliato.