Dolomiti Geeks

Déracinement de (veli)bobos parisiens rempotés en pleine nature.

samedi 28 sept. 2024, 21:32

Dernières courses et retour

Lundi.
Voilà, nous y sommes : le dernier jour de vacances à la Monta. Nous avons décidé de le dédier à des courses en tout genre. Après le petit déj', direction le sud. Notre premier arrêt est à Monego, à l'entrée de Sedico. Nous trouvons un rateau pour pré (introuvable en France), et hésitons sur une casserole type mijoteuse en inox. Le deuxième arrêt est tout proche : l'herboristerie de D. Bond... en regardant attentivement, ça me casse mon mythe : D n'est pas pour Docteur, mais pour Dario. Bref, j'achète ma tisane habituelle, avec en bonus une anti-inflammatoire et une échinacée (pour l'immunité... il nous faudra bien ça cet hiver !).

Direction Santa Giustinia : nous nous arrêtons à tous les vivai (vendeurs de plantes vertes) que nous connaissons. Chez le premier, je trouve une erba luigia (verveine citronée). Chez le second, ... rien. Nous sortons notre arme : OSMAnd, et cherchons « vivai ». Nous voici en chemin vers Cesiomaggiore, vers une nouvelle adresse (je me perds un peu, je dois faire au moins deux demi-tour avant de trouver l'endroit un peu paumé). Ici c'est un peu loin de tout, et à part une vendeuse très sympathique, on n'est pas dérangé par la foule ! Je trouve une absinthe (artemisia absinthium). En discutant plants de vigne avec la vendeuse, voilà qu'on part découvrir quelles variétés elle propose. Nous repartons avec trois beaux plants, tous de variétés différentes. Elle nous indique aussi un magasin : elle nous conseille le sous-sol du Conad de Cesiomaggiore. Nous nous y rendons juste après, et effectivement, c'est magique : il y a tout ce qu'on cherche, et même plus ! Des bottes mi-hautes sérieuses et confortables pour Antoine, une casserole pour remplacer notre vieille ik', et... une bombonne 20 litres ! (en fait, il y avait toute la famille de Dame-Jeanne...).

Nous partons maintenant en quête d'un banc pour pique-niquer : c'est à Villabruna que nous en trouvons un. Pas très glamour, mais suffisant. Nous pensions aller à Feltre ensuite, mais les magasins que nous avons repérés sont fermés le midi, et ne réouvrirons pas avant 15h... nous ne sommes pas patients, et revenons à Agordo faire les dernières courses : l'alimentaire. L'offre du moment est imbattable : 50% sur les molino bianco, même les sexy ! Nous trouvons aussi un panettone Tre Marie... et plein d'autres choses qui atterrissent dans le panier.

C'est l'heure d'un dernier sauna... la mauvaise nouvelle c'est que ce soir nous le partageons avec plusieurs militaires ! Non seulement ça nous laisse moins de place, mais... l'un d'entre eux tousse. Sur le moment, nous n'avons pas fait attention. Mais quelques jours après, on a bien compris d'où nous venait ce gros rhume... qui en fait était un COVID (avec un check sur tous les symptômes possibles officiels)... et qui en fait nous a duré au moins deux moins (merci la version LONGUE). Mais ce soir-là, nous avons juste profité d'un dernier sauna, puis d'une dernière soirée avec Milos.

Mardi.
Ce matin, c'est Mara qui est à l'accueil et qui nous dit au revoir. D'ailleurs, quand on lui demande si le Fedaia est ouvert, elle n'en loupe pas une : « Je vais leur demander, puisque c'est eux qui le ferme ! » et de s'adresser directement au militaire derrière nous : « il est réouvert maintenant le Fedaia ?!... » le gars lui dit oui, oui, mais ne demande pas son reste et sort de l'hôtel. C'est notre tour aussi. Le chargement du « coffre » est rapide, il ne reste que nos deux sacs de fringues à placer, hop, c'est fait, nous sommes partis ! Pour la forme, nous faisons un arrêt au Fedaia histoire de voir à quel point le glacier non-existe de plus en plus.

Marmolada sans glace

À l'arrière de Partner

Aujourd'hui, nous roulerons de 8h30 à 19h30... avec des pauses, quand même ! Surtout le matin : une première pause à Vigo di Fassa pour son Conad (quelques dernières courses alimentaires, en particulier pour manger pendant le voyage), puis un vivai magnifique à Lana, et bien sûr la payse déj près du petit lac où nous avons nos habitudes, maintenant.

Fluëlapass

Nous passons ensuite en Suisse. Il ne fait pas beau, mais c'est très acceptable pour rouler, et tout ce passe bien : nous décidons qu'il est trop tôt pour s'arrêter là où nous avions dormi l'année passée. Nous continuons, mais cela devient rapidement moins agréable : du côté de Zurich, ça bouchonne. À peine sortie de la large zone de ralentissement, puisque nous bifurquons vers Basel, il ne faut pas bien longtemps pour que le même problème ne se pose à nouveau : bouchons, rebelotte. La lumière passe en mode « golden hour » alors que nous faisons encore et toujours la queue sur les autoroutes de Basel... Mais enfin, cela se libère, et nous roulons vers la France sans entrave. Il est peut-être 19h quand nous passons la frontière. Un peu plus loin, comme à chaque fois qu'on passe ici, on se trompe de sortie. Mais c'est en suivant cette obscure petite route qu'on tombe rapidement sur un spot idéal pour cette nuit : un terrain de foot au milieu de nulle part. Et puis la nuit tombe : il n'est pas l'heure de faire la fine bouche ! Au final, l'endroit s'avèrera très calme : parfait.

Mercredi.
Après une bonne nuit de sommeil, nous voici à repartir vers 8h30, pour une arrivée vers 17h. À Orl', le frangin est toujours « enrhumé ». N'aurait-il pas un COVID, lui aussi ?! Nous faisons une escale de deux jours en famille, avec une visite chez Jacqueline, mais sans réussir à voir Denise, trop « occupée » mais surtout trop fatiguée...

Samedi.
Nous profitons du grand marché du samedi matin pour y faire quelques courses plaisir, en particulier des shitakes ! Puis nous reprenons la route du retour - je conduis dans un état assez second, sans doute un peu de fièvre et avec le nez transformé en robinet. À notre retour, nous faisons un petit tour du propriétaire et des popotes... il a fait moche pendant qu'on était absents : rien n'a poussé !...

dimanche 22 sept. 2024, 21:32

Chez Mr BZ

Dimanche.
Aujourd'hui est notre dernier jour de randonnée. Nous avons gardé « le meilleur » pour la fin, ou plus exactement nous avons fait attention à faire cette randonnée un jour de fin de semaine, pour augmenter nos chances de voir Renato que nous avions surnommé « Mr de Bolzano » (et que nous n'avons pas vu l'an dernier : la neige tombée en fin de séjour l'ayant peut-être dissuadé de venir). Déjà hier, en passant au niveau de Castello sur la route du Falzarego, nous nous étions interrogé sur la nature de la voiture garée : une fiat Dobblo. Un gars de Merano peut-il décemment avoir une Fiat ?! Il nous semblait que ce devait être plutôt la voiture du jeune qui travaille à la laiterie de Livinalongo et possède lui aussi un chalet dans les mêmes alpages.

Ce matin, la Fiat Dobblo blanche est toujours garée à la même place. Nous verrons donc bien si c'est la sienne ! Nous stationnons Partner dans le parking du château de Castello, nous équipons, et démarrons la montée (raide) qui mène aux alpages. Le temps n'est pas magnifique, mais à cette heure-ci il y a encore un peu de lumière, et le résultat dans les sous-bois est féérique.

Sentier et belle lumière

Sous-bois et belle lumière

étendue d'eau... et belle lumière

Nous arrivons assez rapidement à l'alpage, et rejoignons le chalet de Renato par le haut. Là ? Pas la ? Derrière un bel alignement de troncs d'abres d'un mètre de long, un tréteau et une machine abandonnée là suggère qu'il travaille ici aujourd'hui, mais qu'il a été interrompu. Je me dis comme ça qu'il est aux toilettes, et qu'on va pas le derranger maintenant : on le verra après, à notre retour de balade !

Près des crêtes... et belle lumière

Nous continuons donc le chemin vers les crêtes. Arrivés à un de nos autres chalets « stratégiques » (celui où on s'arrête généralement manger, surtout en hiver), nous découvrons que son propriétaire est présent, et que lui aussi travaille : c'est visiblement un jour à préparer l'hivernage. Nous passons notre chemin, et continuons vers le Monte Pore. Cependant, nous n'avons pas l'intention d'en faire l'ascension aujourd'hui : d'abord parce que nous avons considéré que les myrtilles seraient gelées suite aux névées de la semaine dernière, et aussi parce que le temps n'est pas exceptionnel : un sommet entouré de nuages, ça ne nous fait pas envie, on en a déjà assez en photos !

à la Forcella, Face au Nuvolau

Nous optons donc plutôt pour une découverte des châlets d'alpage situés en contrebas. Nous suivons le « sentier de l'ours » (bien qu'il me semble bien qu'on n'aie aucune chance d'en croiser un...) et passons devant quelques bâtisses en sale état, puis rejoignons un alpage extrêmement bien entretenu. Peut-être un peu trop. Quelqu'un a même pris la peine d'y placer un écriteau de type « propriété privée », « restez pas là », « ici c'est chez moi, n'oublie pas ! »... dans notre jargon, on appelle ça un panneau « verboten » : interdit, en allemand. On a vu plein des panneau « verboten » en Autriche, où tout et n'importe quoi est interdit. Ils adorent les pictos cerclés et barrés de rouge.

Bref, ok, donc ici, c'est verboten. Passons notre chemin. Là on coupe en plein dans le pré (qui n'est plus un pré depuis des lustres, de toutes façons). On passe devant une première cahute, puis une deuxième - ah, celle-ci est pas mal : toute simple, pas de panneaux, et une grande terrasse en bois devant. On pose nos sacs et on prend la pause pour profiter des derniers rayons de soleil de la journée. Ils sont plaisants mais ne suffisent pas à réchauffer : le vent contrarie largement leur effet. Nous prenons même la pause déjeuner. Nous aurions presque tenté la sieste, allongés face au Monte Pore, s'il n'avait pas fait si froid. Nous repartons.

fleur

chalet et Settsass

Châlet suivant : celui-ci est sur-équipé. Fontaine, barbecue, bancs sur la terrasse, divers outils, ... je me demande si ce serait pas le châlet du jeune. En tout cas, personne. Nous continuons : il faut maintenant tenter de remonter vers les crêtes, en diagonale pour éviter malgré tout de remonter trop haut ou trop vite. Voilà ! Nous sommes bientôt chez Renato... nous arrivons. Hoho ! Plus de traiteau, plus de machine, tout est rangé. Serait-il déjà parti ? Je m'approche du châlet, je l'appelle, en fait je l'entends : il doit être dedans. Je tocque. Et oui ! Les français sont de passage !

Il nous invite à entrer - dedans c'est incroyablement cosy, et plus grand que ce qu'on pourrait imaginer depuis l'extérieur. Il fait un feu dans sa cuisinière à bois, qui chauffe la pièce plus que de raison. Lui est habillé avec un pantalon de montagne dont j'aurais pu dire que ça lui fait un beau petit cul si je n'évitais pas résolument de genre de pensées pour un monsieur de plus de 70 ans ! Mais il faut bien reconnaître que physiquement, il est bien plus qu'en pleine forme. Il nous invite à boire un thé, puis du vin - il a une bouteille d'entamée - et allez ! soyons fous, ensuite une petite grappa. Il ouvre une gentiane (maison) pour l'occasion, et tout le monde est d'accord pour dire qu'elle est peut-être bien un peu trop amère, même pour une gentiane !

Il nous raconte que ce matin, quelqu'un lui a rendu visite (ha ha, il n'était donc pas aux toilettes... mais sociabilisait avec le visiteur), et que c'est dingue, aujourd'hui, il a eu deux visites alors que parfois il ne voit personne pendant des mois ! Il nous raconte aussi un peu sa vie : une maison à Merano avec un tout petit jardin au nord où rien ne peut pousser, et le fils qui habite au-dessus et qui a fait réhausser la maison. Le fiston (la cinquantaine ?) travaille dans le bois, justement : falegnameria... la menuiserie, et a grandement participé au fait que l'aménagement intérieur du châlet soit une réussite ! Il nous raconte aussi que pendant le COVID, il avait refusé au début de se faire vacciner, mais qu'il se retrouvait à manger un sandwich dans sa voiture en plein hiver chaque midi... il a fini par craquer.

Il nous dit surtout qu'il faut passer le voir un autre jour que le dimanche ! Car il est sur le départ : nous avons eu de la chance de l'y trouver... à une heure près, il était parti. (Note pour plus tard : passer un vendredi ou un samedi ; mieux : appeler avant, car début septembre il passe une semaine à la mer) Je m'inquiète un peu de la quantité d'alcool qu'il a bu pour faire la route, mais lui rétorque que l'important c'est qu'il n'en reboive pas une tournée au prochain arrêt ! Car il passe par la laiterie avant de rejoindre Merano, et visiblement la laiterie ne vend pas que du petit lait... Au passage, il nous raconte que quand il était jeune, il n'était pas un fou du volant, mais qu'après avoir fréquenté des gens qui aimaient les bagnoles puissantes, il s'est mis à rouler vite... et bien sûr, il a eu des accidents, dont au moins un où il aurait pu y rester (la voiture n'y a pas survécu en tout cas !), mais lui s'en est toujours sortir sans un bobo. Cela me fait penser à Maria, qui nous a raconté par plus tard que la veille qu'elle avait eu un gros accident il y a des années de ça (quand elle est revenue se réinstaller à Agordo), et que la voiture était détruite... quand les secours sont arrivés, ils se sont précipités sur la voiture et lui ont demandé qui avait déplacé le conducteur et où il était. Quand elle a dit, sur ses deux pieds, que le conducteur c'était elle, sans une seule égratignure, ils l'ont regardé avec des yeux ronds comme des billes. Une miraculée ! Dont la seule pensée pendant que la voiture volait, a été : me protéger le visage avec mes bras pour ne pas être défigurée. Ben ça a marché !!!...

Nous remercions Renato pour son accueil, et repartons - puisque lui aussi doit partir, et qu'il doit finir de ranger le châlet. Nous nous donnons rendez-vous à l'année prochaine. Nous reprenons le chemin de l'hôtel, où un petit sauna fait toujours autant de bien. Nous ne nous attardons pas trop cependant, car nous avons rendez-vous ce soir avec Dottor Bike à la pizzeria de San Tomaso. Il fait nuit noire quand, passé Alleghe, nous suivons les indications vers San Tomaso depuis la route principale. Nous dépassons la bourgade d'Avoscan, située en bas près du torrent, et suivons la route... C'est un endroit qu'on fréquente peu déjà en journée, mais dans cette nuit noire et sur cette petite route qui serpente dans une montagne boisée, on se sent en territoire inconnu.

Un panneau : Pian Molin... OK, aucune idée d'où on est, et San Tomaso n'est pas indiqué : dans le doute... on continue, la route passe un torrent. Nous voici à Val, puis Mezzavalle, il nous semble qu'on est déjà venus ici faire une étrange soirée Hockey. Nous voici à Celat ! On reconnaît la place centrale : l'église, son parking, la pizzeria. Pas de doute, nous sommes là où il faut... il reste juste une place pour nous, parfait. Nous entrons dans la pizzeria, plutôt animée pour un dimanche soir ! Claudio est là, avec son ex-belle fille, accoudés au bar. Il est content de nous voir mais... ben en fait il est là par hasard, il avait oublié. C'est juste que la gamine (qui n'est plus si jeune) voulait manger une pizza, et voilà, c'est une chance qu'on se voit ! Par contre ils ont déjà mangé, et en sont à la grappa. Nous discutons un peu le temps qu'ils boivent le petit verre, puis quand ils sont partis, nous nous installons à notre tour en salle : il est trop tard pour trouver une autre adresse de toutes façon.

Nous prenons tous les deux une pizza avec un « impasto » à l'orge, et une garniture pas trop légère. C'est plutôt bon (peut être un peu moins que chez Costa), par contre elle va nous rester sur l'estomac et nous donner la bouche sèche toute la nuit... Pour accompagner, une bière locale pas exceptionnelle - là encore, la « sixtus » servie à Canale est supérieure. Nous terminons plus ou moins à la fermeture, il ne reste plus qu'une autre table qui en est au dessert... Au bar, on discute un peu. Les tenanciers nous apprennent qu'en fait, San Tomaso est un peu l'ancêtre d'une communauté de commune : aucun des lieux dits / villages qui la composent ne s'appellent San Tomaso ; même l'église paroissiale n'est pas dédiée à San Tomaso. Du coup nous discutons un peu communauté de commune, et ils reconnaissent que comme en France, les villages et leurs maires doivent céder de plus en plus de leurs prérogatives à cette structure supérieure... De fil en aiguille, nous parlons déracinement (ils sont milanais !) et fin du monde (changement climatique, résilience, potager...). Visiblement nous sommes sur la même longueur d'onde !

Nous arrêtons là, sinon on va leur tenir la jambe toute la nuit, et la dernière table c'est sûr vient de partir. Nous leur souhaitons bonne soirée, et sortons vers la nuit presque noire - allez, il y a quand même un lampadaire ou deux. Les derniers clients sont encore là, accoudés à la rambarde du parking, attentifs au vide absolument noir qui s'étend devant eux (de jour, on verrait ici un grand pré). Ah ! Bien qu'on ne voie rien, ce qu'ils attendent s'entend : le brâme d'un cerf, qui doit se tenir à moins de 50 m de nous, dans le pré. Nous écoutons nous aussi quelques minutes, puis quand la bête semble s'être un peu éloignée, nous quittons les lieux à notre tour.

samedi 21 sept. 2024, 21:32

Tour du Settsass

Samedi.
Encouragés par notre long tour de la veille, nous récidivons sur une randonnée un peu sérieuse, le tour du Settsass avec si possible, le sommet en prime. Quand nous débarquons au Valparola, il est assez tôt pour que nous soyions parmi les premiers - si on fait exception évidemment des quelques vans aménagés qui ont dormi ici. Le temps de chausser sérieusement et de se couvrir chaudement, et hop, nous « plongeons » du parking vers les sentiers en contre bas. Moins de 100 mètres plus loin, notre arrivée matinale est récompensée : le sentier passe juste à côté de deux terriers de marmottes qui à cette heure-là et avant que la foule n'arrive, n'ont pas vraiment envie de retourner se cacher... elles préfèrent se réchauffer aux quelques rayons de soleil. Elles ont beau nous regarder d'un air méfiant, on voit bien qu'elles n'ont pas peur.

Marmotte

Sapins lumière du matin

Après un petit pipi derrière un sapin (cette année tous les matins, c'est le même rituel... à cause de l'effet dévastateur du froid sur ma vessie !) nous rejoignons le goulet en descente qui n'est autre qu'un petit torrent équipé d'un câble et de quelques marche-pied. Son accès tout en boue aurait du nous mettre la puce à l'oreille... mais après ce passage un peu trop « acqueux », nous marchons au pied du Settsass sur un sentier bien sec : assez pentu pour ne pas avoir gardé l'eau, et plein sud donc au soleil toute la journée ce qui lui a permis de sécher.

Settsass

En chemin, nous assistons au démarage de quatre alpinistes qui démarrent au pied d'une des falaises du Settsass - peut-être font-ils l'ascension du Monte Castello (2371 m), alors que le sentier oscile autour de 2200 m d'altitude. Nous regardons les premiers monter, mais la seconde cordée tarde à commencer... nous n'attendons pas et repartons. Près du col, nous prenons une pause au petit châlet qui peut servir d'abri. Après quelques biscuits, nous reprenons la progression.

Sass de Stria

Maintenant le sentier monte droit vers le nord, et un peu plus encore dans la pente, au pied du Settsass. Sauf que c'est moins drôle : ici, la neige s'est accumulée la semaine dernière, parfois sur plus de 50 cm de hauteur, et elle n'a toujours pas (assez) fondu. Elle est donc plutôt piégeuse, car même si visiblement pas mal de monde est déjà passé les jours suivants, et que des sentiers relativement tassés sont facilement lisibles, ils sont aussi très fragilisés par une fonte par en-dessous. Double bonus : quelques glissades sur la neige (ça, on gère), mais surtout maintenir une attention maximale pour quand le pied s'enfonce dans des endroits inoppinés. En effet, nos précesseurs sur la neige n'ont pas suivi le sentier officiel ; leurs traces passent souvent largement au-dessus de son emplacement, à un endroit où le pied pourrait atterrir sur du terrain accidenté.

Pire, la neige, comme on l'a dit, commence à fondre sérieusement. Du coup, partout où il n'y a pas de neige, il y a de la boue. Le sentier est immonde, et nos chaussure aussi ! On se balade avec de la gadoue collée sur nos basques... quand c'est pas le sentier qui glisse, on glisse quand même ! Nous croisons un large groupe de randonneurs, des retraités allemands, tout aussi crottés que nous. Quand nous arrivons à l'intersection, d'où on peut aller soit vers Pralongia (d'où arrivent deux randonneurs qui patinent sur un sentier encore plus boueux), soit contourner le Settsass pour revenir vers Valparola par l'autre versant, soit vers la cime du Settsass. Nous nous engageons vers la cîme. Sauf qu'ici le sentier est encore pire. Nous perdons patience, il n'y a aucun plaisir à marcher ici... nous faisons demi-tour. Nos suiveurs feront pareil : eux aussi en ont largement marre de pattiner !

Nous en profitons pour prendre la pause déjeuner. Cela fait bien longtemps que le soleil a disparu, et on se pèle grave les miches : nous ne perdons pas trop de temps, les fesses sur un gros caillou, et avalons notre sandwich assez vite. Voilà, c'est tout vu, on peut repartir ! Nous reprenons l'ascension, mais cette fois-ci sur le sentier qui contourne le Settsass : pas de sommet aujourd'hui pour nous. Un peu plus loin, malgré le ciel gris, nous traversons une petite forêt de mélèzes assez magique.

Sentier au coeur des mélèze

Dommage qu'il n'y ait pas de lumière. Après cette forêt, le sentier monte doucement, d'abord dans un terrain de prés, puis de plus en plus sur la roche : il faut parfois y mettre un peu les mains et faire attention car la roche est humide et glissante. Là-haut, nous voyons un groupe de quatre personnes redescendre d'un sommet qui n'est pas le Settsass : ce doit être les alpinistes qui descendent par la « normale » qui d'ailleurs n'a pas l'air d'être un sentier, ou alors un sentier tracé par des chamois. Quand nous approchons du but, nous jetons un oeil derrière nous, et surprise : une dizaine de vélos nous suivent. Alors que visiblement, il leur faut porter leur vélos tous les 10 mètres. Par contre, sans surprise, tous les piétons qu'ils croisent, trop bien élevés, leur cèdent le passage. Ai-je déjà mentionnée que je suis absolument CONTRE les espaces partagés pour des moyens qui induisent une différence d'usage et de vitesse si évidente ?...

Une dernière descente bien boueuse, et nous revoici dans les alpages au pied du parking : il ne reste plus qu'à remonter en empruntant le pire itinéraire possible, histoire de se flinguer les jambes et le souffle - dernier challenge de la journée ! Remporté avec brio, évidemment : cette année nous sommes en forme. Quelques biscuits au chaud dans Partner, et nous reprenons la route vers Caprile, et un bon (mais rapide) sauna. Ce soir nous allons manger chez Maria, qui nous dit être, au contraire, trop fâtiguée cette année.

vendredi 20 sept. 2024, 21:32

Tour de la Tofane

Vendredi.
Le temps est au mieux de ce qu'on peut espérer actuellement : gris, mais stable. Le vent en altitude semble faiblir d'après les prévisions, nous optons donc pour une randonnée aux pieds de la Tofanadi Ri Rozes, avec la possibilité si on le sent d'en faire le tour (en sens horaire, comme il y a deux ans).

Nous dépassons donc le passo Falzarego et garons Partner sur le parking du lieu dit Ra Nona (à environ 1990 m d'altitude). Seule une voiture nous a précédé - malgré tout, nous n'aurons pas la chance cette année de pouvoir observer autant de chamois que la dernière fois, à peine un ou deux, et encore : de loin. Le premier tronçon de sentier nous amène à la Forcella du Col dei Bos (2332 m) où l'on constate, à part la météo toujours triste, que le chemin est plutôt bien libéré de la neige tombée il y a déjà une semaine.

Col dei Bos vers 5 Tours

Col dei Bos vers le groupe Fanis

Cela nous encourage à continuer droit vers le nord, en descente dans le val Travenanzes : c'est parti pour le tour de la Tofane, nous verrons bien plus loin si nous devons faire demi-tour ou pas - il est encore tôt et nous sommes en jambes. Vers 2060 m d'altitude, nous bifurquons vers le massif : ici aussi, le sentier est praticable. Nous passons donc au plus près de la falaise, une partie de sentier sur laquelle je n'aime pas m'éterniser, ...

Au pied de la Tofane, val Travenanzes

Après ce passage en sous-plomb et le franchissement d'une partie régulièrement éboulée du sentier, nous accédons par une montée très raide mais encastrée entre deux montants de roche, à la « pire » partie du sentier : une montée encore bien raide mais cette fois-ci vertigineuse. C'est bien simple, je n'aimerais pas la reprendre en descente ! Après quelques centaines de mètres de montée, nous accédons aux moraines de la vaste et haute vallée située entre la Tofana di Rozes et sa frangine du Mezzo (toutes les deux culminant à plus de 3200 m). Quelques rares rayons de soleil embellissent le panorama.

vers les pics Lagazuoi

La montée se poursuit dans la moraine, entre d'énormes blocs erratiques et les vestiges de la première guerre... à l'approche du rifugio Giussani (2580 m) quelques langues de neige persistent et nous ralentissent un peu ; il s'y ajoute un soudain et violent vent froid d'altitude. Nous dépassons le refuge sans nous arrêter, et commençons la descente immédiatement.

passé le refuge Giussani

Le temps est de plus en plus gris, mais l'avantage c'est qu'il n'y a pas foule : dans toute cette immensité, si nous sommes 6 ou 7 personnes, c'est bien le maximum. D'ailleurs c'est simple, ici on n'entend quasiment pas de bruits humains, ni pas ni voix, ni même moteurs. Nous redescendons jusqu'à environ 2100 m d'altitude, à la bifurcation où se trouve un banc où nous avons nos habitudes : nous mangeons notre pique nique avec un peu de retard sur l'horraire, alors que la pluie se met à tomber finement.

Nous repartons toujours bien couverts, presque autant que le ciel... Nous bouclons la boucle en moins de 7 heures de temps - quand il fait froid, on ne peut pas dire qu'on lambine ! S'arrêter, c'est se refroidir... alors nous marchons sans discontinuer. Nous rentrons à l'hôtel pour un rapide sauna, puis repartons vers Agordo, puis Voltago : nous sommes attendus chez Maria et Emilio. Ils nous racontent leurs mésaventures professionnelles : elle, toujours à Super W où la direction et l'ambiance virent à l'aigre, et lui, à la retraite dans 1 semaine mais... qui continuera à travailler pour son patron. Sans compter que ce soir, il est arrivé avec une bonne heure de retard, parce qu'un de ses collègues s'est blessé et que les autres employés, après avoir géré l'accident, ont dû finir le chantier prévu ce jour avec une personne en moins. La réalité professionnelle est loin d'être glorieuse...

jeudi 19 sept. 2024, 21:32

Forca Rossa

Jeudi.
Après l'habituel solide petit déjeuner de l'hôtel, nous voici partis. Notre premier arrêt est à 500 m : la station service de Caprile. Pas tellement plus chère qu'à Agordo, et tellement pratique pour nous. D'autant plus que le niveau de service à l'ancienne me fait toujours bêtement plaisir : ici, c'est encore l'Italie, quand le service était systématique à la pompe. Je demande le plein et tends les clés, et cherche mon portefeuille. Habituellement, je paie en espèces, mais là, va savoir, peut-être parce qu'il a déjà le terminal de paiement en main et s'y attend, j'annonce : par carte.

L'opérateur de la station présente le terminal comme si j'allais payer sans contact, alors qu'il y en a pour plus de 50 euros : je ne comprends pas. Je dis que la carte est française, et qu'il faut faire le code. C'est dans ces petits moments d'incompréhension qu'on peut voir les quelques différence subtiles entre les pays. Ici, les cartes ne se glissent plus dans les terminaux de paiement : le geste du sans contact est systématique et remplacent la lecture de la bande magnétique ; et parfois, si le montant le nécessite, il faut aussi composer le code confidentiel sur le clavier. L'opérateur, qui est sans doute le gestionnaire de la station, me dit que lui, ça l'arrange bien que je ne paie pas sans contact : cela lui fait moins de frais de paiement. Je lui réponds que la prochaine fois, je penserais à lui en faire aucun, en payant en espèces !

Sur ce nous continuons notre parcours routier : Cencenighe, Falcade, et direction Passo Falzarego. Nous tournons vers le refuge Flora Alpina un peu avant d'arriver au col : c'est ici que nous aimons garer Partner. Il n'y a que deux voitures déjà garées - entre l'arrière saison et la météo moche du jour, il n'y aura pas foule aujourd'hui. Le temps de faire nos sacs à dos, de mettre les nouveaux bâtons de marche à la bonne taille, et nous partons. La marche d'aujourd'hui ne nécessite pas de bâtons, mais nous souhaitions les tester. Et nous faisons bien : à vrai dire, il se pourrait bien qu'ils aient un problème. Nous essayons de marcher avec chacun notre tour, et effectivement : un des deux bâtons vibre anormalement quand il entre en contact avec le sol. Après 500 m, nous décidons de les ramener à la voiture et de les rapporter ce soir à la boutique.

Après ce faux départ, nous reprenons la balade depuis le début, et cette fois-ci nous dépassons Valfredda. Le ciel est toujours aussi chargé de nuages : les montagnes sont grises, aucun rayon de soleil à l'horizon pour éclairer le panorama, tout est triste. Après les quelques chalets, nous traversons le torrent et montons vers Forca Rossa. En plus d'être gris, le temps est encore venteux : un fort vent froid. Heureusement nous avons pris nos gants et sommes bien couverts... en montée, avec l'effort, impossible de se refroidir. Sur le chemin, nous croisons deux ou trois personnes qui parcourent l'alta via.

Arrivés à Forca Rossa, nous sommes rejoints par deux allemands qui semblent s'interroger sur le sentier à suivre : je lance la conversation. Ils se demandent s'ils feraient le tour du massif... oulà ! Nous regardons leur carte avec eux et leur montre l'étendue qu'ils se proposent de couvrir : assez peu réaliste sur la journée. Je leur suggère de faire comme nous : plutôt que de revenir sur leurs pas vers Fucciade, ils peuvent faire comme nous... revenir en longeant les roches au plus près, passer un petit col et redescendre par l'autre vallée, au-dessus du refuge de Fucciade. Ils semblent enthousiastes, nous nous séparons là-dessus : ils partent devant. Un peu plus loin, ils prennent la pause et nous les doublons. Encore après, nous prenons la pause déj, et ils nous rejoignent. Entre temps, le ciel est devenu très gris, et il pleut visiblement plus à l'est... Je leur dis. Elle comprend et j'ajoute, sous forme de question, que peut-être ce n'est pas une bonne idée d'allonger le tour... ils ont l'air d'accord, et nous les voyons redescendre.

Forca rossa

Nous terminons la pause déj', et nous voilà repartis. La bifurcation, et donc le choix entre revenir vers la sécurité et ce qui ressemble une bonne saucée à se prendre sur les sentiers, doit être pris maintenant. Nous n'aimons pas être trempés, mais après tout, les nuages semblent être moins pressants que tout à l'heure, et nous n'avons pas envie d'écourter la rando trop rapidement... Allez, nous prenons le risque. Les allemands s'en apperçoivent, je crois. Après quelques minutes de marche, le choix semble être le bon - il ne pleut toujours pas ! Nous arrivons au petit col, et passons de l'autre côté. Ici, on ne voit absolument personne - la montagne est à nous ! Nous descendons jusqu'au torrent et prenons une pause goûter. Au moment de repartir, il nous semble que les allemands sont arrivés à leur tour en haut, il nous semble reconnaître leurs tenues. Eux aussi n'ont pas voulu écourter, finalement !

Nous poursuivons : il ne manque pas grand chose pour arriver à Fucciade, mais la pluie commence à tomber... heureusement, pas assez fort pour nous tremper. À Fucciade, nous prenons quelques rangements de bois pour nous en inspirer cet hiver...

Bois à Fuciade

Nous revenons à la voiture sans être complètement trempés. Cela tombe bien : il est encore tôt, et nous redescendons avec Partner jusqu'à Taibon. Une fois garés dans le centre, nous rejoignons la maison d'Aldo. Là, je me souviens qu'il y a 3 sonnettes, mais aucun nom. Sur laquelle appuyer ? Le plus sûr : dégainer le téléphone portable ! J'appelle Aldo, et il répond rapidement - il vient nous ouvrir ! En fait, il est 16h et il vient de se lever de sa sieste. Il nous explique qu'il n'y a qu'une seule sonnette qui fonctionne, mais... j'ai déjà oublié laquelle ! À l'étage d'en dessous, il y a un peu de remue-ménage, et les escaliers au-dessus sont encombrés d'affaires : il nous explique que la mamma est décédée, et que le frère va emménager...

Avec Aldo nous passons deux bonnes heures à parler, avec lui, nous reprenons les discussions interrompues il y a un an comme si elles étaient d'hier. Cela fait plaisir de le voir en forme, il nous racconte ses projets artistiques du moment - là, il vient de finir l'habillage d'un mur en bas de chez lui... il a façonné un revêtement en fausses pierres, et certaines arborent même des fossiles ! Une autre a un visage, et les pierres ont été réalisées en plusieurs couleurs... Ce gars est décidément un artiste. Il nous confirme ce qu'on avait compris : il ne viendra pas dimanche manger à la pizzeria avec nous (d'ailleurs Claudio ne l'a pas appelé, contrairement à ce qu'il avait dit), car il a une réunion de « classe » des anciens du lycée - une trentaine de vieux gars qui répondront tous présents, près de cinquante ans après ! Nous nous quittons en se donnant rendez-vous pour l'année prochaine.

Pour terminer cette bonne fin d'après-midi, nous repartons toujours sous la pluie à Caprile, pour se réchauffer dans le hammam et le sauna.

mercredi 18 sept. 2024, 21:32

Ra Gusela

Mercredi.
Nous envisageons aujourd'hui une balade qui donne un peu plus à voir : le tour de Ra Gusela et de l'Averau en partant du Passo Giau (2236 m). En route vers le col, nous faisons un pit stop à Colle pour remplir les bouteilles d'eau à la fontaine locale, puisque nous avons oublié de le faire à Caprile. Arrivés rapidement au col, nous sommes parmi les premiers à nous garer sur le parking. Il est encore tôt, le soleil pointe légèrement sans réchauffer, et surtout, un fort vent de nord-est nous congèle sur place. Pour éviter d'avoir à marcher contre le vent, nous décidons de tourner autour à l'envers - c'est-à-dire en sens horaire.

Panorama

Au début, le sentier est plutôt bien dégagé, avec très peu de neige malgré l'altitude, et nous marchons même au soleil au début. Nous croisons un groupe sur le chemin - vu l'heure, ils ont du dormir au refuge -, puis deux femmes qui portent un gros sac. Elles sont québécquoises, je leur propose de les prendre en photo, et nous discutons un peu. Elles disent que plus haut, il ne faut pas prendre le sentier vers le Falzarego : trop de neige, trop dangereux, elles sont effectivement passées (j'oublie de leur demander : quand ?) mais elles avaient des crampons. Bon, on verra bien. Nous continuons à marcher, et cette fois-ci nous sommes à l'ombre de Ra Gusela.

Averau

Nous arrivons assez rapidement au Rifugio Averau, et il ne fait toujours pas chaud. Il y a déjà un peu foule, mais il faut dire qu'arriver ici depuis le télésiège est rapide. Nous continuons finalement sur le chemin prévu dans notre tour, celui que les québecquoises ont signalé. Nous y croisons un nouveau groupe de randonneurs qui descendent. Et effectivement, un passage s'avère un peu délicat - mais en montée, et avec la neige qui fond, nous passons sans problème. À la Forcella Averau (2435 m), nous croisons un groupe d'asiatiques accompagné d'un guide - ils prennent des photos, évidemment, mais écoutent aussi de la musique italienne. Je commence à me demander si ce sont vraiment des touristes étrangers, ou plus probablement des chinois installés dans la plaine depuis plusieurs années : nous savons qu'à Padova il existe un important quartier dédié au commerce international, avec de nombreux entrepôts, et où même le nom des rues est écrit en caractères chinois. Nous bifurcons ici vers le sentier des tranchées, qui tourne autour de l'Averau et nous ramène vers le rifugio Scoiattoli (2255 m) avec de belles vues sur les 5 Tours et les Tofane.

Cinque Torre

Nous mangeons en contre-bas du refuge, abrités du vent et face au soleil : c'est presque agréable. Nous repartons vers le Crepe dei Ronde (2182 m) qu'on voit depuis notre pause déjeuner. Quand la randonnée est effectuée dans ce sens, cet endroit ne propose non pas une belle montée, mais une descente plongeante entre les falaises. C'est pas mal, mais c'est moins drôle : même pas vertigineux, et on perd l'occasion de tester nos jambes et notre cardio !

Tofane

Nous croisons un couple de français, qui vient de commencer sa rando. Des français, il y en a de plus en plus ici, de même que des espagnols. Arrêtez de faire de la pub pour les Dolomites ! Trop de touristes... au Giau, américains, québecquois, japonnais, coréens, espagnols, français.... le monde entier s'est donné rendez-vous ici. Quant à nous, quand nous terminons notre tour il est encore tôt. Nous commençons par quelques courses (un très nécessaire stick à lèvres anti-UV, le précédent ayant rendu l'âme ; et des bâtons de marche Gabel trouvés dans un magasin d'habillement sportif à Caprile), avant d'aller prendre le chaud au sauna.

Ce soir, nous aurions aimé manger à la pizzeria voisine, mais cette semaine elle est fermée. Dommage... pour la peine nous allons à Costa, à Canale d'Agordo - et pour être sûrs de ne pas se casser le nez, j'appelle. On me propose de réserver : ok ! En réponse aux questions, je réponds : mon nom, 2 personnes. Quand nous arrivons, nous découvrons que la résa a été prise au nom de « Boske » pour 3 personnes. Visiblement, les informations ont du mal à passer ! Notre table est dans la salle en couloir, à l'entrée. La seule autre table occupée l'est par des étrangers, et à un moment nous sommes assez suspicieux pour nous dire qu'on nous a relégés avec les étrangers... bon ok, après tout nous sommes étrangers. Mais finalement, un couple d'italiens est installé à côté de nous, donc ce n'était pas de la ségrégation. En attendant, les pizza sont toujours aussi bonnes (même si nous aurons un peu de mal à les digérer cette nuit).

mardi 17 sept. 2024, 21:32

Vazzoler et autour

Mardi.
Nous avons constaté hier que la neige s'attardait sur les sentiers à plus de 2100 m, nous envisageons donc pour aujourd'hui encore une randonnée sans danger. Le type de parcours qu'on peut faire en 4 saisons : le Rifugio Vazzoler (1714 m) depuis Listolade (700 m) - ou plutôt, depuis le rifugio Capanna Trieste (1135 m), car vu que la route jusque là est en bitume, autant user les pneus plutôt que nos semelles vibram ! Ce matin, le ciel est relativement dégagé (ou inversement : pas si couvert), mais cela ne va pas durer. Notre objectif est idéalement le rifugio Tissi (2250 m), mais sans obligations.

Le premier tronçon est la route gravillonnée que nous avons souvent emprunté avec raquettes en hiver ; nous remarquons que quelques passages devaient raviner un peu trop et on été cimentés. Nous arrivons au Vazzoler assez rapidement ; le refuge ne semble pas très actif, normalement à cette heure-ci tous ceux qui ont dormi ici sont déjà partis. Un pickup qui nous a doublé sur la route est arrivé juste avant nous, nous n'avons pas envie de rester - et puis de toutes façons il faudra bien repasser à la redescente. Nous poursuivons la montée, dépassons les Case Favretti (où nous aimions prendre le soleil en hiver) et continuons la montée sur l'alta via una qui nous rapproche des pieds du mont Civetta. Nous sommes à peine en dessous en 2000 m, mais le problème ici n'est pas tant la neige : c'est la boue. Le terrain, sans doute un ancien alpage, est relativement plat, et les sentiers sont complètement détrempés. Plus loin, il nous semble que c'est la neige qui prendra le relais pour freiner notre progression.

vers Malga Pelsa

Nous choisissons de faire demi-tour et d'aller voir la malga Pelsa. Nous contournons Case Favretti par l'ouest, mangeons sur un rocher à Col del Camp - le soleil se cache trop souvent pour réchauffer, par contre le vent souffle largement assez fort pour nous congeler. Puis nous suivons un sentier que nous n'avons encore jamais emprunté et qui monte au-dessus de la malga, peut-être vers la cime éponyme. Une bifurcation nous semble pouvoir rejoindre la malga, mais là, nous perdons sa trace et tentons de retrouver la ferme au jugé. Nous finissons par la voir, puis la rejoindre... elle semble ne pas avoir ouvert de l'été. C'est d'autant plus étrange qu'un des bâtiments semble refait complètement à neuf - encore un non-projet financé par l'union européenne sans doute.

Vazzoler

Sous un ciel toujours mitigé, nous redescendons au Vazzoler, où nous visitons le petit jardin de fleurs alpines, puis jusqu'à la Capanna Trieste. De là, nous allons faire un petit coucou à Claudio dans son nouveau magasin. Nous y croisons d'abord Nico, qui semble en pleine forme, puis Claudio qui discute déjà avec le monsieur qui produit les vêtements techniques de la marque Ajer - made in Taibon ! Nous discutons de nos actualités relatives et de ce qu'on fait chez nous - cidre, bière, vin de mûres, ... et aussi des leurs - Claudio compte partir en vélo en Toscane bientôt avec son cousin. On le connaît ? Oui, de nom ! C'est le gars qui a couru de Venise au sommet de la Marmolada au moins deux fois, un ultra-trailer. Malheureusement, les nouvelles sont mauvaises : il n'a plus de cartilages aux articulations, et a interdiction de courir. En fait, il a même interdiction de marcher : son docteur lui a dit qu'il ne pouvait même pas faire pisser son chien. Du coup, il va tenter le vélo...

Avant de se quitter, nous nous proposons d'aller manger ensemble cette semaine, avec Aldo, comme l'année dernière. Claudio est enthousiaste, et nous calle d'emblée la date et le lieu : San Tomaso, à la pizzeria, dimanche soir, 19h. Il se charge de prévenir Aldo. OK ! Nous partons faire quelques courses à Super W ensuite. Nous sommes un peu déçus (encore, oui) car nous ne croisons ni Chef ni la N°2. Changement d'équipe ici aussi ?... Le magasin est bien, mais les prix nous semblent un peu trop élevés. Bref, ce qui compte c'est d'avoir de quoi manger pour ce soir et demain midi. Il ne reste plus qu'à rentrer à l'hôtel pour une fin d'après-midi "chaleureuse" dans le sauna.

lundi 16 sept. 2024, 21:32

Ombreta et Falier

Lundi.
Réveil matinal à l'hôtel, nous faisons partie des gens qui arrivent à l'ouverture du petit déjeuner, 7h30. Il m'arrive même, j'avoue, les jours de très beau temps de regretter que ce ne soit pas plus tôt. Mais bon, c'est déjà un sacré luxe de prendre son petit déjeuner avec un tel choix de buffet. Pendant tout notre séjour, solide petit déjeuner avec une tranche de pain complet, une part de gâteau, un oeuf, un yaourt surmonté de fruits frais (melon, pastèque, pomme, pêche, ...), jus de pomme coupé à l'eau gazeuse, et bien sûr, l'incontournable capuccino.

Il est environ 8h quand nous déposons les clés à l'accueil. Ce matin, c'est Mara, qui nous demande où nous allons aujourd'hui : je lui dit que j'envisage la Viel del Pian au Pordoi. Hum, elle pense qu'il y a encore trop de neige, et elle appelle son frère qui travaille au Passo. Au téléphone, elle lui parle en patois (celui d'Araba), et nous l'entendons prononcer Pordo en lieu et place de Pordoi... elle confirme : trop de neige, c'est dangereux. Elle nous suggère d'aller au rifugio Falier. Hum, pourquoi pas, cela fait des années que nous n'y sommes pas allés (peut-être parce qu'on l'a toujours mauvaise d'y avoir pris une prune - non payée, soit dit au passage).

Nous commençons par quelques courses à la Coop locale - et c'est une déception : le petit magasin a été entièrement refait à l'intérieur, les rayons complètement réaménagés, et nous ne reconnaissons aucun des employés. Le positionnement des caisses n'est pas très pratique pour faire la queue à la sortie. Par contre, surprise : à Caprile, à 1000 m d'altitude, dans une toute petite petite supérette, le kilo de sucre blanc est au même prix que dans les grands supermarchés d'une ville française déservie facilement (soit 1,40 €). Et deux personnes servent le pain et la charcuterie à la coupe.

Maintenant que nous avons de quoi pique niquer, nous prenons la route : direction le passo Fedaia. Le temps est stable, mais pas magnifique. Bien avant le col, nous sortons vers Malga Ciapela, et prenons la direction du camping - c'est là que se situe le parking pour notre départ de rando. Sauf que voilà, en approchant, impossible de ne pas remarquer tous ces véhicules militaires garés, des containers aux couleurs de l'armée, plus loin, des tentes, et évidemment, quelques soldats qui s'affairent. Nous nous arrêtons avant l'entrée du camp. Pourrons-nous passer ?...

Le soldat qui monte la garde s'approche. Il demande ce qu'on vient faire - hum, se promener ! (et vous ?...). Il nous dit de nous garer juste avant le camp, sur le bas côté de la route. Mais... on pourra passer ? - Oui oui, bien sûr ! Bon, alors tout va bien. Nous faisons demi-tour et laissons Partner garée entre la route et le torrent, arnachons les sacs sur notre dos, et c'est parti. Pour commencer, nous traversons donc le camp militaire, qui s'étend sur le parking jusqu'au camping. Il comprend de part et d'autres de la route de nombreuses grandes tentes, dont au moins certaines ont le chauffage. Au sol, des plaques de plastiques emboîtées permettent de ne pas marcher dans la boue. Partout, des petites pancartes indiquent où est quoi et la destination des tentes. Une pancarte indique même : Benessere, relax ! Quel luxe. De part et d'autres, des militaires règlent quelques détails. L'un d'eux est allongé sur une palette portée en hauteur par un manuscopic, et met en place un filet camouflage par dessus des tentes. D'autres discutent par petits groupes - la répartition du travail semble se faire sur le même ratio que dans les TP.

Nous dépassons le camp, puis le camping (pratiquement vide), et rapidement nous devons contourner un chantier qui traite des troncs d'abres abattus sur l'autre versant de la montagne. Une énorme machine les récupère avec sa pince, les émonde, puis les entasse comme des mikados géants - mais bien empilés. Pour éviter de se prendre un tronc, nous suivons donc le "raccourci" plutôt que la route, et traversons un second chantier (désormais terminé : il ne reste que les arbres coupés et empilés). Au niveau de la ferme éponyme (Malga Ciapela, donc !) un troisième chantier est conduit, mais sous un format plus humain, avec des machines moins imposantes. Ici, c'est visiblement en vue de faire tomber les arbres morts du bostryche. Et il y en a un paquet !

Troncs

Ici, commence vraiment la rando. Car jusqu'à aujourd'hui, c'est bien ici que nous garions Partner. Finalement, ce petit surplus de montée se fait plutôt rapidement, allez, c'est pas plus mal comme ça : cela laisse plus de place aux énormes machines pour tout défoncer. Attendez, c'était ça, l'idée, non ? c'était quand même pas pour que les marcheurs soient tranquilles ? Bref. Nous empruntons vraiment un sentier cette fois-ci pour monter, le raccourci qui monte directement à l'alpage de Malga Ombreta. À notre arrivée, les nuages ont fini d'envahir le ciel, et ça tourne même pas mal au gris menaçant. Malgré cela, devant la Malga une dame d'un certain âge prend l'air devant son café avec les cheveux mouillés : notre fermière dit s'être lavé les cheveux ce matin, elle les laisse maintenant un peu sécher. Je lui demande si les vaches sont déjà redescendues, et oui, elles sont reparties... vers l'Alta Badia, car ce ne sont pas les siennes : elle ne les garde ici que pour la belle saison. Elle n'en a plus qu'une quinzaine, précise-t-elle, car l'alpage s'est réduit ces dernières année, à cause des « matériaux » (materiale) qui dégringolent des montagnes. Par contre, oui, elle a encore du fromage à vendre - nous signalons que nous passerons lui en acheter au retour.

Cima Umbretta

En attendant, direction le Rifugio Falier en passant par le sentier en fond de val. De l'autre côté du lit du torrent (à sec), quelques marmottes nous observent sans s'affoler. Nous sommes les permiers (même si nous sommes suivis de peu par les passagers d'une voiture qui s'est garée juste derrière nous tout à l'heure) et elles savent que nous ne présentons aucun danger pour elles. Arrivés au Falier (2074 m), le temps est très gris, le vent est fort et froid : nous nous abritons pour grignotter quelques biscuits. Ici, la neige persiste encore par petits amas, et le chemin qui monte vers le Pas de Ombreta (beaucoup plus haut, à 2700 m) est visiblement très recouvert de neige. Le refuge n'est pas fermé mais tourne au ralenti, ça sent la fin de saison et les préparations pour fermer. Quand nous quittons les lieux, nous croisons le groupe de trois randonneurs qui nous suivent - eux aussi n'envisagent pas d'aller plus loin, par contre nous ne les reverrons plus : ils se sont sans doute arrêtés manger ici.

Marmolada

Nous repartons par le sentier haut, qui nous permet d'obser encore quelques marmottes, d'un peu plus près cette fois-ci. Revenus près de la Malga Ombreta, je vois un animal à la queue épaisse se précipiter pour traverser le sentier en direction de la ferme. Un renard ? Mais non, tout simplement un chat à poils longs. Il s'installe devant la porte.

Chat

Nous le dérangeons pour entrer : c'est là que la fromagère a son atelier. Elle nous vend un bout de fromage (pâte pressée cuite) d'il y a 40 jours, il est d'une belle couleur jaune, présente des petits trous homogènes et semble vraiment bon. Nous discutons un peu : peut-être parce que nous savons discuter fromage et alpage, elle nous demande si nous-même nous faisons les alpages. C'est flâteur mais malheureusement non ! Elle nous parle aussi un peu de sa fille, orthopédiste, qui a fait quelques années d'étude en France grâce à Erasmus. Elle est maintenant installée à Belluno, mais ne se plaît pas... peut-être retournera-t-elle en France.

Fromage

Nous reprenons la descente par le sentier le plus large, celui qui surplombe la vallée avec une vue bien dégagée vers Malga Ciapela et au-delà. Nous y croisons cinq ou six randonneurs supplémentaires, mais aujourd'hui on voit bien que ce n'est pas la foule. Nous arrivons bientôt au camp militaire, et avons le temps de voir le menu du jour : deux choix de pasta en premier plat, des blettes avec une viande en second... par contre, ce qui semble avoir rebuté les gradés, c'est la mention : « bibite: acqua ». Nous en avons vu quelques uns prendre leur camionette pour couvrir les 200 m qui les sépare du restaurant le plus proche ! Quant à nous qui n'avons pas encore mangé non plus (il est encore tôt, car cette randonnée était bien trop courte pour nous), nous décidons de trouver une table pique nique. Le temps de prendre Partner, que nous nous arrêtons déjà 100 m plus loin : en fait, il y a une aire juste à côté ! C'est là que nous observons le manège des gradés.

En retournant à la voiture, je vais saluer la militaire que nous avons vu ce matin, qui a visiblement maintenant un poste "avancé" par rapport au camp - elle annonce systématiquement par radio les véhicules qui empruntent la route. Je lui demande d'où vient son régiment - le nom ne me dit rien, elle ajoute donc "Merano". Ah, oui là je vois mieux ! Je lui dis qu'ils sont eux aussi des montagnards, et là elle m'annonce que elle, elle est Napolitaine ! Alors forcément, le froid c'est pas son truc. Pas de chance, je pense qu'elle va passer sa journée à faire le planton dehors par temps froid.

Nous reprenons Partner et envisageons d'aller marcher du côté du Fedaia. Mais à peine plus loin sur la route, un panneau annonce que le col est fermé. Quoi, il y a encore tant de neige que cela là haut pour que ce soit fermé ? En fait, nous apprendrons ensuite que le col est fermé non pas à cause de la chute de neige de jeudi, mais à cause des militaires - qui ont privatisé le coin, en quelque sorte.

Nous redescendons, pas d'autre solution (en fait, nous ne le savions pas, mais nous aurions pu monter jusqu'à Fedaia et marcher avant, vers le Padon par exemple). Dans le doute, nous faisons une pause au dessus de Sottoguda. Ça y est, nous avons une idée ! Nous descendons jusqu'à l'hôtel et dépassons Caprile, et c'est à Santa Madona delle Grazie que nous garons Partner. Nous marchons d'abord vers Saviner via la route bituminée - nous remarquons à un endroit une grosse tâche de sang : je me dis qu'un animal a du se faire renverser ici. Quelqu'un nous dira plus tard que c'est un loup qui aurait croqué un chevreuil ici...

vers Bramezza

À Saviner (environ 1100 m), nous continuons sur un sentier qui monte dans les bois. Je pense identifier de la marjolaine (un origan sauvage, à grosses feuilles), puis de façon certaine, plusieurs pieds d'absinthe (en italien, artemisia, qui correspond à leur genre : armoise). Nous arrivons à Bramezza, un village à moitié abandonné - sans doute du fait de son isolement : aucune route goudronnée ne le relie. Les maisons sont vraiment d'époque, ici.

vers Bramezza

Nous bouclons la boucle en redescendant de Bramezza par la "route" en gravier qui nous ramène à Santa Maria delle Grazie. Nous faisons une pause goûter très saine (c'est inhabituel !) en dégustant quelques unes de nos poires, que nous avons cueillies et laissées à mûrir dans le coffre de Partner depuis notre départ. Certaines commencent à s'abîmer, mais d'autres ont bon goût. Vu le temps toujours aussi gris et triste, nous filons à l'hôtel profiter du hammam et du sauna.

dimanche 15 sept. 2024, 21:32

Padova

Samedi.
Ce matin, nous replions bagage, direction Padova. Le temps est gris mais sec, aucun problème sur la route. Si ce n'est qu'entre Auronzo et Belluno, nous remarquons de grands pylones noirs cylindriques, qui visiblement pointent une caméra - et c'est à se demander s'il n'y a pas aussi des micros. Sitôt nous en atteignons un qu'un autre est déjà visible... Une petite recherche sur internet nous donne la solution : il s'agit d'une « smart road » - étonnant comme les projets italiens débiles ont souvent des noms anglais, et non pas italiens. Bref, c'est sensé pouvoir communiquer avec les véhicules, mode « internet des objets» pour réguler les vitesses et les distances de sécurité. Avant qu'il n'y ait des voitures assez smart (et assez nombreuses), il est possible que ces grands piquets ne servent qu'à vidéo-surveiller la route...

Pas trop de traffic sur notre chemin, nous arrivons rapidement à proximité de Padova - où nous nous trompons une première fois de sortie dans les échangeurs, puis après un demi-tour, nous retrouvons pour la peine dans un ralentissement dû à un fauchage du bas côté. Nous voici arrivés à Montegrotto Terme, où nous avons rendez-vous avec Mike & Fede - car j'ai suggéré, vu la météo initialement mauvaise, qu'on aille se faire un spa à Abano Terme, et Fede a fait une proposition d'établissement qui accepte les enfants. Il est à peine plus de 11h, heure de notre rendez-vous. Comme prévu, ils sont en retard. J'envoie ma position au Parking 6, et patientons en grignottant quelques taralli.

Finalement, il est midi moins le quart quand ils donnent signe de vie : ils veulent qu'on les retrouve à l'entrée (alors que normalement, ils auraient dû se garer pas loin de nous... bref). Nous les rejoignons à pied. Maintenant, allons manger ! Ils veulent grignotter dans une pâtisserie réputée, mais... elle ferme ses portes à notre arrivée - il est midi pile. Mike dégaine son portable, et trouve une autre adresse à 5 min à pied. C'est ouvert, mais c'est... mauvais. Et de mauvais goût : de petits antipasti revisités à la mode « tout en verrine », avec des mousses sans goût ni texture. Cela ne donne pas envie de manger grand chose (d'autant plus que c'est cher), et j'ai comme l'impression qu'on s'est fait avoir, car eux viennent juste de petit-déjeuner. On aurait dû manger pour de vrai juste avant...

Nous revenons aux voitures : finalement, la piscine qu'ils ont choisi a apparamment de mauvaises critiques sur les réseaux... ils en choisissent une autre. Nous découvrons ainsi qu'ils sont garés à moins de 100 m de nous, sur le Parking 5. Et dire que Mike a affirmé ne pas savoir où était le Parking 6... bref ! Nous les suivons pour changer d'établissement, et nous voici maintenant garés dans le parking d'un hôtel de grand standing. L'entrée est de 40 € pour l'après-midi, Mike paye en CB et je suis sensée le rembourser en cash plus tard (pourquoi plus tard ? je me dis : ne surtout pas oublier de faire ça ce soir).

Nous avons droit à une chambre pour nous 4 pour nous changer et laisser nos affaires - ça ne serait pas plus simple avec des cabines ?... Nous voici donc enfin prêts, en maillots, des claquettes au pied et avec des bonnets de bains sur la tête. Nous posons les serviettes sur des chaises longues, et hop : nous testons la première piscine, mi-intérieure mi-extérieure, avec quelques bubules dehors. L'eau est chaude, le ciel encore assez lumineux, c'est agréable ! Nous passons ensuite de bains en bains. La seconde piscine propose quelques buses avec un jet assez puissant pour se masser le dos. Pendant ce temps, Mike part plonger avec la petite Bea. La troisième piscine a des couloirs de nage et une eau un peu plus fraîche. À l'intérieur, nous trouvons une « grotte » (un hammam pas assez chaud, inintéressant) et un sauna de belle envergure ; une fontaine à glace permet de se rafraîchir.

Finalement, nous faisons assez vite le tour de ces piscines thermales, bien trop chères pour le service rendu. Nous prenons une douche avant de repartir - nous sommes prêts tellement rapidement que nous devons patienter encore un temps dans le patio qu'ils aient fini de se changer. De nouveau, nous faisons un petit convoi pour allez chez eux, à Vigonza. Le jardin est encore en travaux et complètement sens dessus dessous, mais leur maison est gigantesque ! On nous fait faire le tour du propriétaire, entre autre, un écran permet de visualiser les images d'au moins 16 caméra de vidéosurveillance... pire : le salon et la cuisine sont écoutés en permanence par google, et la gamine adore allumer et éteindre la lumière, ou mettre de la musique. « - Ok Google, metti musica! » Et hop, de la musique. Je demande si on peut choisir le morceau... eh bien non : ils n'ont pas pris l'option spotify, alors c'est random. Si le morceau ne plaît pas, il suffit de demander à passer. Je suis sidérée.

Dans la grande maison, le seul coin qu'ils aient trouvé pour qu'on dorme est la salle serveur de Mike, là où devrait se trouver bientôt son bureau, mais la salle n'est pas encore vraiment aménagée. Nous apportons matelas, duvet, quelques affaires, et hop, nous nous installons - la petite Bea trouve les matelas géniaux. Pour manger ce soir, Mike propose de la pizza - nous n'osons pas refuser, et il part en chercher avec Antoine. Apparemment, ils se rendent dans une sorte de boîte à pizza à emporter, avec une armée de jeunes (des jobs étudiants ?) qui prennent les commandes, préparent et cuisent les pizzas. Au final, c'est la pire pizza que nous ayions mangé cette année : pâte épaisse, et garniture sans intérêt. Durant la soirée, nous discutons de chose et d'autres, et je retiens au moins une information marquante : les poubelles leur coûtent... 700 euros / an. Il faut dire que le montant est fonction non pas au nombre de personnes habitant la maison, mais au nombre de mètres carrés habitables. Et là, il faut dire que ça ne manque pas...

Nous jouons ensuite au Uno, deux ou trois parties, avant que Bea ne se lasse : elle veut absolument regarder la TV, qui est juste géante. Nous voici donc tous dans le salon, avec Mike qui cherche un film à regarder. Il finit par choisir « Rim of the world », un nanard Netflix de 2019. Certaines images nous ont donné un sentiment de dejà vu...

Dimanche.
Après une nuit dans la salle serveur, où nous avons malgré tout réussi à faire abstraction du ronronnement des machines et à dormir pas trop mal, nous voici prêts pour un dimanche avec nos étranges amis padoviens. Nous ne nous levons que quand nous entendons du bruit, c'est-à-dire pas si tôt. Nous prenons le petit déjeuner alors que des militaires et une palanquée de vieux (des vétérans ?) se rassemblent dans la rue pour je ne sais quelle manifestation qui commence par un défilé. Mike se souvient qu'il était sensé mettre la « bandiera », mais il ne semble pas pressé d'arborer les couleurs, d'ailleurs il ne sortira aucun drapeau. Les préparatifs trainent en longueur, et finalement dans la foule Bea repère des amis à elle, avec leurs parents. Tiens, il se trouve que la mère, Marie, est française. Nous voici tous dans la rue à papotter, alors que le défilé se met en marche. Pour continuer, nous rentrons tous prendre un café.

Rapidement, Béa obtient d'aller jouer avec ses amis chez eux, et même de manger chez eux - très bonne idée ! De notre côté, nous aurons droit à des pâtes au thon. Nous allons ensuite faire une petite balade dans le quartier : nous passons devant la maison des parents de Mike, puis justement nous allons chez Marie et sa famille, récupérer Béa. L'occasion de visiter sa maison - encore une maison plutôt géante, avec un double bureau à l'étage : ils travaillent tous les deux à domicile.

Sur le retour, Mike nous montre quelques séquelles de la grêle de l'année dernière dans le quartier : des grêlons gros comme des oeufs, tombés avec un angle d'au moins 45° à cause d'un vent violent, ont défoncé les carosseries des voitures garées dehors, des toitures, des panneaux solaires, des climatisateurs, des volets, mais aussi des murs ! Certains portent encore les impacts, comme si on était à Beyrouth. À propos de panneaux solaires, Mike explique qu'il a du faire embarquer près de 80 panneaux endommagés (50 à lui, 30 à ses parents) par une entreprise spécialisée qui lui prend 3000 balles pour ça. L'opération nécessitait de préparer tous les panneaux, et de s'assurer qu'ils n'étaient pas brisés - photos et paperasserie à l'appui. Il raconte que ça lui a pris un temps fou de tout retirer correctement et de faire des piles de panneaux... et qu'au final, la société est arrivée avec un camion avec une énorme pince, et a tout broyé quand elle les a saisi pour les balancer dans la benne.

Au moment du départ, nous chargeons Partner et nous disons au revoir, et là je vois Mike tout gêné qui demande quand est-ce que je le rembourse. OOoooops. C'est ça que j'ai oublié : rembourser les entrées de la piscine thermale. Heureusement, j'ai le cash, j'essaie de détendre un peu l'atmosphère, mais j'ai comme l'impression qu'il a vraiment eu peur que je ne paie jamais !

Il est presque 17h et nous roulons vers les montagnes sur une route dégagée - un dimanche et à cette heure-là, c'est plutôt dans le sens inverse qu'il pourrait y avoir quelques bouchons. Nous passons sans nous arrêter par les lieux qu'on connaît bien, sans remarquer de trop de nouveautés - Sedico, Agordo, Cencenighe... une fois Alleghe dépassé, sur la route de Caprile je regarde le mont Civetta dans le rétro. Et là, c'est évident : il faut s'arrêter pour voir ça !

Enrosadira du Monte Civetta

Un enrosadira aussi lumineux, sans aucun nuage sur la montagne, et avec air assez sec pour voir la roche aussi nette ? Le moment est rare. D'ailleurs rapidement, d'autres voitures s'arrêtent sur le bas côté de la route, leurs occupants viennent admirer le spectacle, prennent des photos. Nous restons tout le temps que le soleil met à rosir la montagne... puis la lumière s'éteint progressivement.

Nous repartons. Il ne manque que quelques centaines de mètres pour arriver à notre hôtel fétiche. C'est Mani qui tient l'accueil, c'est l'occasion de lui offrir les quelques bières IPA qu'on lui a raméné du nord de la France. Peu de temps après, il va pour laisser l'accueil au frangin, ça discute un peu avec des employés de l'hôtel, l'une d'entre eux se tient à côté de lui et... mais j'ai rêvé ou elle vient de lui mettre la main au cul ?! Les nouvelles vont vite quand on sait voir les détails.

Nous déchargeons rapidement quelques bagages, et de quoi grignotter légèrement - ce soir, nous n'avons pas très faim. Nous passons une partie de la soirée ensuite à discuter avec Milos.

vendredi 13 sept. 2024, 21:32

on fait les Cadore

Jeudi.
La pluie tombe sans discontinuer depuis que nous sommes rentrés à l'auberge hier soir. Ce matin, nous sommes prêts rapidement, et descendons prendre le petit déjeuner - il y a un choix relatif, mais la salle est un peu spartiate. Nous remarquons que le jeune homme arrivé la veille en vélo rando petit déjeune seul à une table, le nez rivé sur son portable : j'entame la conversation. Le gars vient des pays baltes (il a un accent anglais assez incompréhensible), il a donc traversé en ligne droite jusqu'à Venise, en traversant les alpes via Innsbruck. Maintenant il se demande par où repartir, Brenner ou plus loin, vers la Suisse, car une perturbation arrive et il n'a pas trop envie de prendre la pluie. Comme on le comprend !

Nous quittons Vicenza par le nord, cafouillons un peu en nous engageant sur l'autoroute (que nous ne sommes pas sensés prendre), et finalement mettons le cap sur Bassano del Grappa (en plein embouteillage), puis empruntons une toute petite route (SP72) vers Fontanelle, le bled où sont produites artisanalement les chaussures Bioline. Le temps est gris et pluvieux, la route semble interminable, pourtant nous ne sommes pas bien loin ! Finalement, nous trouvons l'usine, et le magasin d'usine. Nous sommes un peu déçu par le manque de choix - en fait, il nous semble que quand on commande sur le site, ils sont capables de lancer la production du modèle dans la couleur exacte demandée, mais qu'ici nous n'avons accès qu'à ce qui est déjà en stock, et le stock dans chacune des tailles est assez variable. Nous repartons quand même avec une paire chacun, qu'il était effectivement important d'essayer : c'est le côté artisanal de la chose... en fonction du modèle, la taille habituelle correspond... ou pas.

Nous reprenons la route vers Belluno, et la pluie s'intensifie encore. Nous faisons une pause au grand Super W de Belluno, que nous trouvons plutôt cher. Nous allons manger devant le magasin Kiwi en attendant son ouverture. À 15h, sitôt ouvert, nous voici à écumer le rayon des chaussures de marche, mais il est assez vide - nous ne trouvons pas notre bonheur. Pas plus de chance pour les bâtons de marche. Seul point positif : le magasin propose toujours des toilettes en accès libres.

Nous reprenons la route vers le Cadore, toujours sous la pluie torrentielle... à tel point que j'ai les yeux sur la route, je ne vois pas grand chose de ce qu'il y a autour (d'ailleurs, avec les nuages il n'y avait sans doute pas grand chose à voir). Nous arrivons finalement vers 18h au Camping Europa à Auronzo. J'avais annoncé une tente, mais vu le temps finalement nous dormons en Partner - la proprio gérante ne trouve rien à redire, même si elle nous a attribué du coup un emplacement tente, et qu'on dénote un peu sur les quelques rares voisins qui vont dormir, eux, dans des tentes.

Le temps de s'installer, on s'interroge : que faire ce soir ? Grignotter dans Partner, puis prendre une douche pour se réchauffer ? Nan, on s'offre une pizza à la pizzeria juste à côté, qui appartient au camping. Plein d'avantages : on est au chaud, ambiance cosy, on met le portable à charger, on mange bien et pour pas cher, ...

Vendredi.
Le lendemain matin, les cimes autour de nous sont eneigées : les prévisions de neige en altitude sur les Dols ont donc bien été réalistes et réalisées. Pour l'instant, cela ne modifie pas trop nos plans : nous pensons juste randonner depuis le Passo Monte Croce plutôt que dans la val Fiscalina (qu'on aurait atteint par le même chemin, de toutes façons). Quand on va pour prendre le tunnel vers San Stefano di Cadore, un panneau lumineux informe : neige sur les cols, chaînes obligatoires. Oops ! Problème : je n'ai pas pris les chaînes - j'ai même dit : pas besoin, à chaque fois on les prend pour rien, et elles ne sont obligatoires qu'à partir de novembre. Bon. Raté ! D'ailleurs on croise un camper qui revient avec un sacré paquet de neige sur son toit !

Demi-tour, nous sommes obligés de changer radicalement de plan. Nous descendons vers Pieve di Cadore, puis remontons vers Cortina. Sur le chemin, nous nous arrêtons à San Vito di Cadore pour une petite randonnée qui part du bled d'en face : Serdes. Alors, première surprise, la route pour Serdes est coupée car en travaux (plus exactement, la déviation ne m'inspire pas confiance : rue étroite avec un dévers tellement important qu'une petite voiture a risqué d'y rester bloquée devant nos yeux). Je me gare donc dans San Vito, et on ajoute quelques bornes à la randonnée.

D'abord, nous passons à travers les travaux : gros engins, beaucoup de poussière, pour un chantier assez illisible - que font-ils exactement ici ? Difficile à dire. De l'autre côté du torrent, nous identifions un sentier qui conduit à Serdes et l'empruntons. Une fois dans le village, nous retrouvons quelques indications, puis suivons une route qui s'éloigne dans la bonne direction. Un dernier panneau nous envoie vers une route très étroite dont le goudront est en mauvais état, et la pente assez raide. Ça grimpe ! Nous dépassons une dernière maison déjà très isolée du reste du village, et ça grimpe toujours. Finalement, la route devient du gravillon... et franchemet, ça sent l'entourloupe. Ça ne ressemble pas vraiment à ce qu'on s'attendait. Il est largement temps de sortir le téléphone.

Banco, nous sommes loin du sentier identifié pour la balade du jour. Alors, redescendre toute cette montée déjà parcourue (pour la remonter plus loin) ou tenter de se rapprocher du chemin de crête depuis là où nous sommes ? Juste là, un large accès (sentier ?) en herbe non fauchée monte droit dans la pente : on tente. Le sentier (c'est un sentier !) s'enfonce ensuite dans la forêt, il continue à monter... très bien. Après quelques hésitations sur le tracé, nous arrivons dans un alpage aux herbes assez hautes, et au sol assez humide (faut-il rappeler qu'il a plu à seaux la veille ?). On persiste.

Les crêtes sont toujours en vue, nous suivons le sentier visiblement désormais emprunté plus par des vaches que par des humains. Évidemment, autour : personne. Après avoir traversé quelques ponts sommaires et mis les pieds plusieurs fois malgré tout dans la boue, nous arrivons à la lisière de la forêt de l'autre côté de ce grand pré. Que dit le GPS ? Que nous progressons vers l'est, mais pas assez vers le nord. Pas assez dans la pente ! Ok, vu que le sentier n'est plus si bien marqué et que le terrain n'a pas l'air dangereux (aucune roche, aucune falaise), nous taillons au plus vers le nord, droit dans la pente. Après 5 min de grimpe sévère sur herbe humide, nous retrouvons finalement de sentier de crête. Qui passe en plein dans la forêt (pas de vue) et qui prend le vent assez fortement (effet windchill garanti).

Comme tout ça ne rime pas à grand chose et qu'il fait faim, nous posons nos fesses sur un tronc d'arbre couché au sol, et grignottons notre repas. Vent froid et absence de mouvement font mauvais ménage : nous sommes rapidement congelés. Nous renonçons à continuer à monter (il n'y aura pas plus de vue plus loin), et faisons demi-tour. En chemin, une scène étrange et poétique : posée sur un arbre mort, trône une vieille théière rouge vif dans un environnement verdoyant.

Théière

Sorapis

De retour à San Vito, nous découvrons qu'à côté de Partner, s'est garé une « camionnette Poulet ». Littéralement : elle est surmontée d'un gros poulet rôti. Nous avons déjà vu cette enseigne à Cencenighe ! Les vendeurs de poulets rôtis font la sieste, assis à l'avant. Détail intrigant : la camionnette est immatriculée en Allemagne. Nous changeons de chaussures (elles sont trempées et pleines de boue) et reprenons la route vers Cortina. Nous n'arrivons jamais d'ici, mais nous orientons plutôt bien et trouvons notre parking habituel (gratuit) du premier coup. À la coop, après avoir fait un tour dans tous les rayons (en particulier, celui des casseroles et ustensiles de cuisine), nous arrivons à l'étage sports et chaussures de rando. Antoine essaye une paire de Lower, et valide : voilà un check de fait sur la liste des choses à ramener !

Nous repartons par le nord-est de Cortina, avec un premier arrêt en vrac sur le bas-côté juste au-dessus de la ville pour prendre une photo. C'est une idée ou ce sont des japonnais - ou des coréens ? - qui font exactement la même chose ? Après le passo Tre Croci, dont les bas côtés sont encore un peu couverts de neige, nous nous offrons dans la descente un petit détour par le lac de Misurina. Le temps est glacial : le vent souffle fort, les nuages gris semblent s'amonceler, la lumière est presque absente. Il ne faut pas traîner ici.

Misurina

De retour au camping, nous commençons par payer la note pour nous libérer rapidement le lendemain, puis faisons une petite promenade le long du torrent, en direction de Auronzo. Il fait moche et ni le sentier ni le retour n'est très sexy. En revenant, on ne tergiverse pas lontemps : allons manger à nouveau une pizza !