Dolomiti Geeks

Déracinement de (veli)bobos parisiens rempotés en pleine nature.

vendredi 18 sept. 2020, 20:32

Mondeval

Vendredi. Un temps parfait est annoncé, nous allons en profiter au mieux ! Direction le passo Giau : nous retournons à Mondeval - que nous avions aperçu de loin pendant notre tour de la Croda da Lago. Cette fois-ci, nous irons au sommet. Mondeval, c'est cette montagne en prairie côté ouest, et dont la façade rocheuse est toute noire sur la photo...

Panorama depuis

Pour arriver à ce panorama depuis le Giau, il faut s'engager vers la forcella de Col Piombin, descendre une cinquantaine de mètres avant de tout remonter et plus encore vers la forcella di Giau (+ 150 m). Ensuite, il suffit de rejoindre le petit lac, 70 mètres plus bas, et de s'engager sur la crête jusqu'au sommet, aux alentours de 2400 m. Vous suivez ? Face à vous, les roches du monte Cernera.

Sommet

Et biensûr, une vue imprenable sur le Pelmo - en contre-jour à cette heure-ci... nous avons accompagné une fois Alé pour une photo à l'heure de l'enrosadira du Pelmo. Ce soir là nous avions croisé trois autres photographes qui allaient passer là nuit sur place pour le prendre sous les étoiles. Avec reflet dans le lac, on peut parier. Panorama

Lac

Avec tout ça, il est 13h quand on revenons au passo Giau. Il nous reste une bonne demi-journée devant nous. Nous redescendons pic niquer près du rifugio Fedare - le départ de la seggiovia (télésiège) vers la forcella Averau. Puis entreprenons l'ascension du Monte Pore. L'objectif n'est pas de collectionner les sommets mais plutôt... les myrtilles. Le temps d'arriver assez haut pour trouver les buissons de myrtilliers, il est 16h30. Les baies sont toutes petites, et très peu sucrées, elles n'ont rien à voir avec les baies cultivées. Certaines sont bleu foncé, d'autres rouge - nous récoltons les deux.

Monte Pore

Au loin, un homme avance d'un bon pas - on dirait Renato. Nous sommes sur son terrain, cela pourrait très bien être lui. Il nous a dit faire des confitures de myrtilles... Nous qui sommes de passage, avons cueilli juste de quoi mettre dans une bouteille de grappa - nous n'aurons qu'à ajouter un sachet de sucre en poudre piqué au buffet du petit déjeuner, et la recette de Enrichietta sera parfaitement respectée.

jeudi 17 sept. 2020, 20:32

La journée Partner

Jeudi. Ou la journée dédicacée à Partner... Nous sommes donc à nouveau matinaux, mais la route que nous prenons nous fait dramatiquement redescendre en altitude : Agordo, Belluno, Ponte nelle Alpi... Nous sommes parfaitement à l'heure à notre rendez-vous : alle 9.30 exacte chez Peugeot. La bonne nouvelle, c'est que le garagiste nous annonce qu'elle ne sera immobilisée que la matinée - c'est une bonne surprise ! Non pas que l'intervention soit longue (elle est facturée 45 minutes...) mais ils ont surtout réussi à nous caser entre deux autres clients en matinée.

En attendant, nous voici à pattes à Ponte Nelle Alpi, pas le bled le plus enchanteur du coin - il remporte même plutôt le prix du palmarès opposé... Pas grand chose à voir ici. Un peu de shopping peut-être ? Nous avons repéré un vivai un peu plus loin, nous enchaînons avec lidl et découvrons le slogan italien : “Lidl è per te!” puis nous rebouclons en passant par un autre patelin, Polpet, dont les maisons et les champs ne sont pas trop vilains. Finalement, notre balade nous a bien passé le temps, il est déjà l'heure de récupérer Partner. Pour une raison inconnue (il nous a à la bonne ?), le garagiste nous a fait une petite ristourne... la douloureuse est quand même de 870 euros. Quand on sait qu'en France c'est 1200, on fait pas non plus la fine bouche. Après une lutte acharnée avec le service client Peugeot France, nous finirons par nous faire rembourser la moitié...

Retour vers les montagnes ! Il n'est pas l'heure d'aller très loin pour déjeuner, alors nous revenons à Taibon, d'abord à Mezzavalle pour le pic nic - nous y trouvons du houblon ! - puis au fond du val - à Col di Pra pour une petite balade digestive avec vue.

Col di Pra - vue sur l'Agner

Le temps n'est pas magnifique, mais il se maintient. En redescendant vers Taibon nous faisons une halte au petit lac. Ses eaux sont toujours aussi transparentes... Ce qui change tout, c'est l'absence complète d'arbres : tous les sapins sans exception sont tombés sous les rafales de Vaia il y a deux ans. Le résultat est impressionnant, et en fait, pas vraiment déplaisant.

Lac de Taibon

Nous sommes déjà en milieu d'après midi... nous décidons de rendre une petite visite de courtoisie à Dottor Bike. Nous le trouvons dans son atelier-boutique, toujours aussi chevelu, souriant et bavard. Il nous raconte que le business était en train de péricliter, surtout avec le COVID, et qu'au printemps dernier il a failli fermer - en fait, il a vraiment fermé sa boutique. Seulement, par le plus grand des hasards, un autre commerce en l'apprenant, lui a dit que ce n'était juste pas possible que Dottor Bike n'existe plus : il a repris le fonds de commerce, et lui en a donné la gérance ! Il est désormais salarié, ce qui lui convient très bien. Nico est lui aussi employé, il répare les vélos. Claudio ne s'occupe plus que de la vente et des stocks. Incroyable...

Il n'y a pas longtemps à attendre avant que d'autres taiboners connus débarquent dans la boutique, puisque pour les amis il y a toujours un café, une bière ou une quelconque bouteille incroyable à sortir du frigo... Nous saluons donc Chiara, mais surtout Aldo et sa femme Marinella ! L'occasion de discuter longuement avec eux deux - ce qui nous est rarement arrivé avec Marinella, c'est vrai ! Comme on nous demande où nous sommes logés pendant notre séjour, nous apprenons que Marinella connaît très bien la maman de Milos : jeune femme, elle a travaillé plusieurs années avec Richietta, dans la pâtisserie tenue par ses parents à Alleghe. Le monde - surtout ici - est tout petit !...

Pour finir la journée en beauté, nous nous offrons un dîner chez Costa. Nous commandons une pizza capricciosa et une alici (anchois), et bonne nouvelle, les pizze ici sont toujours aussi bonnes.

mercredi 16 sept. 2020, 20:32

Jour de marché

Mercredi. Aujourd'hui, c'est jour de marché à Agordo. C'est quelque chose que nous n'avons pas envie de rater ! Nous y rencontrons Mr Kaki... dont le stand malgré la saison ne propose pas de kakis ! Nous repartons malgré tout avec du raisin et quelques autres fruits. Plus loin, c'est à l'apiculteur de Feltre que nous achetons du miel de tilleul - il nous reste en fait pas mal de miel de d'Agostini. On enchaîne avec Super W où nous aimons faire le plein de nos produits italiens préférés : la lessive à l'inconparable odeur de citronelle, le savon détachant, de l'alcool à 95° (introuvable en France !) et du marsala pour faire du vov, des biscuits Mulino Bianco, de la pasta integrale De Cecco, ...

Nous enchaînons par une petite balade à pied à Taibon, du côté du torrent. Objectif : lupolo, c'est-à-dire houblon sauvage. Sauf que rien à faire : nous n'en voyons pas. Cette année aurait-elle été trop sèche ? Pour boucler, nous remontons par le sentier qui surplombe Taibon côté nord, jusqu'à rejoindre le jardin magique. Son propriétaire vient d'installer une barrière en bois toute neuve... Quand le contrepoids de la barrière est aussi rigolo, peut-on vraiment s'offusquer des barrières ?!... Surtout que le sentier traverse son terrain - même si nous n'y avons jamais croisé personne, ce terrain cultivé et si bien entretenu avec son abri circulaire, ses fruitiers, ses vignes et son potager, reste un peu pour nous un lieu publque, pour notre plus grand plaisir.

Le contre-poids ours

C'est l'heure de déjeuner, et nous décidons de monter jusqu'au passo Valles en voiture. Il sera toujours temps de marcher après, nous commençons par « le resto du chien » : le restaurant du col, ou « Capanna Passo Valles di Cemin Angelo » tenu par la même famille depuis des lustres (qui se comptent en décénnies, pas loin d'un siècle) et qui a toujours un gros saint Bernard. Une fois que nous ressortons bien rassasiés et prêts à faire une balade digestive, voici que se pointent de gros nuages gris particulièrement menaçants... Nous prenons la (bonne) décision de redescendre à Canale d'Agordo, et effectivement, la pluie nous suit de très près, et une violente, encore ! Nous avons cependant le temps de faire une courte promenade digestive à garès - la cascade du bas fera l'affaire avant que l'orage n'arrive jusqu'à nous.

Nous terminons cette journée de marché par quelques courses supplémentaires à Kang' : ce n'est pas notre supermarché préféré, loin de là, mais il y a toujours quelques petits produits - comme des taralli, ou des huiles essntielles, ou... - qui ne se trouvent que là.

mardi 15 sept. 2020, 20:32

De mauvaise en bonne surprise

Mardi. Ce matin, nous « tombons » du lit - non esageriamo, certes, mais quand même : 8h30, et nous sommes déjà prêts, petit déjeuner englouti et courses à la coop faites, en train de rouler vers les 3 cimes du Lavaredo... une première pourrait-on dire, car nous ne l'avons jamais faite ensemble. Une heure plus tard, et quelques cols (Giau et 3 Croce) plus loin, nous arrivons au pied de la route payante. Et là... c'est le drame. Des voitures partout. Des campers aussi. Et même des tentes - un pré tout proche semble s'être transformé en camping plus ou moins sauvage. De l'autre côté de la route, un parking gigantesque, déjà bien plein. La route payante quant à elle, elle est tout bonnement fermée : le parking tout en haut est annoncé complet. Un mardi 15 septembre ! N'importe quoi.

Rapidement, nous comprenons que nos seules alternatives sont le bus, ou nos pieds. Il est hors de question de prendre nos pieds - l'intérêt c'est de faire le tour des 3 cimes, pas de faire à pied ce que font les engins motorisés... Et le bus ? Visiblement, c'est le moyen sur lequel vont se rabattre tous ces gens qui se garent ici. Un coup d'oeil à l'arrêt de bus nous indique qu'il y aura foule. Mais ce qui achève de nous démotiver, c'est l'arrivée de deux bus... déjà complètement blindés. Aucune chance que nous allions passer une journée à Disneyland : la montagne, on préfère se la garder pour nous, et tant pis pour les 3 cimes : elles nous attendront, elles ont le temps, et après tout nous aussi.

Demi-tour, et nous laissons la cohue derrière nous. Que faire ? Pour prendre le temps d'y réfléchir, nous faisons quelques kilomètres sur nos pas et revenons à Misurina. La voiture garée sur un parking quasiment vide, les 3 cimes dans le viseur, nous discutons de la suite à donner à la journée.

Misurina

Dans le coin, nous venons rarement. Peut-être pourrions-nous refaire la balade du Sorapis ? Non, il y avait tellement de voitures garées le long du passo des 3 croce que le chemin doit être assailli. En profiter pour faire une via ferrata? Ah, ebn non, nous n'avons pas amené nos kits - damned! Le mieux, ce serait de faire un truc que personne ne fait. Et qu'on aime faire. Un classique ? Oui. C'est reparti : Cortina, et de là, le passo Falzarego jusqu'au début de la route pour Castello. Le classique, c'est la balade de Mr de Bolzano. Et banco : il est 11h30 passé, mais nous sommes la première voiture à nous garer. Tranquilité assurée.

La montée est raide - mais voilà, il faut bien commencer par se fader un peu de pente dans les sapins si on veut arriver aux crêtes. Nous faisons une première pause à la cabane de Mr de Bolzano - personnage énigmatique que nous n'avons jamais qu'apperçu de loin, et dont nous avons associé la présence à celle de sa voiture immatriculée BZ et garée en bas du sentier. En tout cas, son fienile nous plaît, et nous ne loupons jamais une occasion de nous balader chez lui ou s'asseoir sur son banc - vu qu'on ne l'y voit jamais.

Le temps est magnifique, et la balade continue : nous allons déjeuner près d'une autre maisonette, mais celle-ci a sa base en pierre, et offre un panorama certes moins verdoyant, mais plus vaste. Après quoi, nous continuons toujours plus haut : et pourquoi pas pousser jusqu'au refuge de la Forcella Averau ?

Vue sur la Marmolada

Là, nous rejoignons la foule de randonneurs qui font un autre classique - mais un classique dûment répertorié dans tous les guides dignes de ce nom, et qui attire donc de nombreux marcheurs : le tour de Ra Gusela, au départ du Passo Giau ou même du rifugio Scoiatolli Cinque Torri. Après une petite pause, nous envisageons d'aller encore plus haut, tiens, pour une fois : vers la Croda Negra, peut-être ? J'ai en tête d'essayer de retrouver la caserne proche du Col Galina. C'est parti pour une petite grimpette supplémentaire ! Nous n'irons finalement pas très loin : il est déjà tard, le sentier qui mène à la pointe est assez mal indiqué. Ça me rend un peu grognon voire de faire une crise de ronchonite - il faut savoir que je n'aime pas ne pas tenir mes propres objectifs ! Heureusement, nous avons trouvé d'autres vestiges de la première guerre qui retiennent notre attention et me changent les idées : de courtes galeries et postes d'observation orientés vers les tofanes.

Vue sur les Tofanes

Vue sur la Civetta

Après quoi nous commençons à redescendre doucement. Le refuge. La vue sur le Monte Pore. Les crêtes. Vue sur le monte Pore

Le chalet

La maison de Mr de Bolzano... allez, nous prenons à nouveau la pause sur son banc. C'est facile de s'imaginer vivre ici rien qu'en admirant le paysage, son bois déjà bien rangé pour l'hiver, ses prés entretenus et tondus au millimètre. Avant de repartir, j'ai chargé dans mon sac deux bouteilles de vin vides abandonnées là par des fêtards de passage un peu moins respectueux de l'endroit que nous. Et hop, de traverser en descente et tout droit le champ qui nous sépare du sentier. Cinquante mètre sur notre gauche, un vieux monsieur tout sec, tenue de montagnard, gros sac sur le dos, remonte le champ en sens inverse.
« Tu crois que c'est lui ?...
- Ça ne peut être que lui !
- On va le voir ?...
- Euh, et on lui dit quoi ?
- On verra ! »

Demi-tour, on remonte. Lui vient à peine de poser son sac près de sa cabane, c'est bien lui ! On l'interpèle, on le salue, et je lui dit qu'il habite un endroit magnifique qu'on aime beaucoup, qu'on vient s'asseoir systématiquement sur son banc quand on vient - mais que faut bien avouer que c'est pas souvent, parce qu'on est français. Et là, la magie de l'italien opère : il nous propose de boire une grappa. Ça ne se refuse pas !

Le banc

Et voilà comment on a appris que Mr BZ s'appelle Renato, qu'il est originaire de Andraz, le village juste en dessous, et qu'il habite à Dobbiacco... Il vient ici toutes les fins de semaine quand il peut, et depuis sa retraite les fins de semaine peuvent durer 4 ou 5 jours. Il a une fille née dans les années 80 qui enseigne à Innsbruck. Sa soeur possède le rustico juste en bas du sien, mais son frère et le primo (cousin) qui ont les autres rustico tout proche ne viennent jamais... ça tombe en ruine. Dans les années 70-72, il faisait le ménage dans un séminaire de Rome (qui regroupait 800 séminaristes, tout de même). Il a 74 ans, la peau tanée par le soleil et les yeux qui pétillent, on dirait un vieux sioux à la fois plein de sagesse et de vitalité. Son terrain couvre 6 hectares de forêt et de prés, mais il n'entretient qu'une partie. Il va à la mer à Jesolo, en juin et en septembre : il aime ces grandes plages italiennes, il aime y croiser toujours les mêmes gens - et nous dit qu'il a essayé une fois la côte croate, mais qu'il est reparti en courant : trop différent, pas de transats, aucun savoir vivre ! Il aime lire, il regarde peu la TV - on s'en serait douté. Il nous raconte même qu'il a construit sa maison dans le Alto Adige avec un prêt de la région à 0% sur les 3 millions de lire qu'elle coûtait à l'époque. Ce n'est pas la première fois qu'on entend parler des incroyables aides au logement de la région autonome : quelqu'un nous avait dit que ses travaux de rénovation avaient été pris en charge à... 90% parce que sa bâtisse était historique !

Cet été, sa soeur est enfin revenue en alpage : ça faisait 2 ans qu'elle n'était pas venue pour raisons de santé. Sa grappa commence à faire effet, je crois qu'on aurait pu picoler avec lui toute la soirée, il est super ce monsieur ! Malheureusement, non seulement il faut bien pouvoir reprendre le volant sans être dans un état second, mais ce ne serait pas bien raisonnable de s'incruster plus longtemps. Nous le remercions de son accueil, lui souhaitons une excellente continuation, et nous éclipsons. Maintenant que nous connaissons son prénom, nul besoin de le surnommer Mr BZ, surtout que visiblement, il a dû changer de voiture : garée au bord de la route à la sortie du sentier, nous trouvons une skoda beige qui n'est pas immatriculée BZ ! Ainsi placée, ça ne peut qu'être la sienne.

Il n'est pas bien tôt, et le soleil n'attend pas qu'on soit rentrés pour se coucher : il nous offre sur le chemin un magnifique enrosadira sur la Civetta. Des journées comme ça... je signe pour qu'elles soient sans fin, même vingt mille fois.

Enrosadira

lundi 14 sept. 2020, 20:32

Croda da Lago

Lundi. D'abord, quelques courses à la coop de Caprile - notre adresse pour le speck, les petits pains et le puzzone du déjeuner. Une semaine dans les Dolomites, c'est trop court, alors il faut frapper fort : aujourd'hui, un grand classique - le tour de la Croda da Lago. Le parking du départ de la balade (quelques km après le Giau) est déjà bien plein quand nous arrivons, mais nous trouvons encore facilement à nous garer le long de la route.

La montée initiale est toujours aussi sévère pour les jambes, mais comme dans toutes les balades qu'on connaît par coeur, on sait que le prochain quart de journée sera plus tranquille : inutile de couiner, il n'y a qu'à avancer en souriant aux autres randonneurs qui tirent la langue.

Là-haut, les eaux transparentes du lac reflètent le pic de la Croda da Lago. Le refuge homonyme est ouvert et quelques personnes prennent un café en terrasse - le temps est au soleil radieux. Nous prenons la pause juste à côté, et regardons débarquer les groupes de touristes par l'autre chemin qui arrive ici - une véritable autoroute à piétons.

Nous continuons par le fameux quart plutôt plat : celui qui progresse vers le Becco di Mezzodi et offre une vue verdoyante plein ouest, avec entre autre Sorapis et Antelao.

Les alpages à la Croda da Lago

Passé le « bec », c'est comme d'habitude l'heure de manger. Nous nous installons du côté de la vue sur le Mondeval. Autour de nous, peu de randonneurs sont arrivés jusqu'ici - deux ou trois marcheurs solitaires et un jeune couple d'anglais déjeunent comme nous au soleil. Et là, attention spectacle, monsieur l'anglais met un genoux à terre devant sa belle un peu grassouille et sort la bague : demande en mariage dans les Dolomites ! Visiblement, la Miss est conquise.

Nous repartons ensuite pour la dernière montée de la journée - mais pas des moindres : elle nous amène jusqu'à la Forcella de Formin, qui offre un panorama de chaque côté : sur le Pelmo qu'on va laisser derrière nous, et vers les Tofanes qu'on va garder en ligne de mire tant qu'on sera assez en altitude.

Panorama côté Pelmo

Panorama côté Tofanes

Nous descendons la haute vallée qui s'enfonce de plus en plus dans la piétraille et la caillasse, avant d'arriver enfin à la forêt. Derrière nous, une des cimes de la Croda prend joliment le soleil du soir.

En fin du tour

Retour au parking : la collection de voitures s'est clairsemée. Sur le retour, le temps magnifique donne envie de s'attarder un peu au Passo Giau pour admirer la vue. De toutes façons, nous ne sommes pas pressés : pas de sauna pour nous cette année, nous n'avons pas envie de nous restreindre aux 30 minutes... vu que la COVID a contraint Milos à proposer des réservations millimétrées à ses clients - et au passage, à faire le videur et à donner un coup de désinfectant toutes ces mêmes 30 minutes.

Ce soir, c'est donc une « simple » douche (quel déclassement !) et un dîner pic nic à l'économie - l'avantage, c'est qu'on est sûrs de ne pas trop manger !

dimanche 13 sept. 2020, 20:32

Moschesin

Dimanche. Le petit déjeuner chez Maria est mille fois moins stressant - le COVID entre amis, elle n'en a rien à faire : comme prévu, nos amis italiens ne se laissent pas intimider pas les embrassades, et ne passent pas leur temps à tout désinfecter derrière nous.

Aujourd'hui la balade est locale : nous ne nous éloignons pas trop d'Agordo. Direction le Duran, et nous garons juste avant... objectif : Moschesin, par le sentier 543. Le temps n'est pas trop mauvais : les habituels quelques nuages blancs. Sur ce terrain nous avons pris joliment la pluie par deux fois, ce qui nous avait fait rebrousser chemin avant la « fin ».

Moschesin

Après les sous-bois, nous débouchons dans les pierriers du Tamer. Nous les parcourons jusqu'à la casera Moschesin, puis montons plus clairement dans la pente jusqu'aux ruines situées au col qui délimitent le val Pramper. Nous nous contenterons du col aujourd'hui - nul besoin d'aller jusqu'au refuge 30 minutes plus loin, certainement déjà fermé.

Moschesin

La vue vers Agordo et le monte Agner est en contre-jour, comme attendu : elle est très suggestive, mais imprenable (je la prends quand même).

L'Agner en contre-jour

Moschesin

Nous sommes de retour chez chez Maria vers 17h, l'heure idéale pour un petit café. Deux heures plus tard, nous prenons congés pour revenir chez Milos.

samedi 12 sept. 2020, 20:32

Viel del Pian et soirée chez Maria

Samedi. Nous expérimentons le petit déjeuner COVID-proof de la Monta : le self... n'est plus en self service. Tout est servi par une Rita passablement stressée et sur les nerfs.

Aujourd'hui nous avons prévu quelque chose de simple, histoire de ne pas réitérer l'erreur de l'année passée et éviter d'avoir inutilement mal aux jambes. Nous avons choisi un grand classique : le passo Pordoi et la viel del Pian.

Le parking est encore décemment à moitié vide quand nous arrivons. Pas de foule, mais assez de randonneurs malgré tout pour l'arrière saison.

Viel del Pian

Pentes verdoyantes de la Viel del Pian

Marmolada

L'autre bonne raison pour ne pas avoir choisi une trop longue première balade, c'est que ce soir nous ne sommes déjà plus à la Monta : Milos n'avait pas de place pour nous ce samedi soir. Nous en avons profité pour répondre à l'invitation de Maria. Aussi, vers 17h30 nous sonnons chez elle à Agordo - cela fait tellement longtemps, nous ne savons plus trop sur quel bouton appuyer... Un premier essai ne donne rien... mais au deuxième, ouf ! C'est bien sa fille - toujours l'air un peu blasée - qui nous ouvre.

Chez Maria

Nous avons le temps de nous prendre une douche avant que Maria ne rentre, prépare le diner tout en papottant - pasta a la putanesca, un grand classique qu'elle nous a déjà servi plusieurs fois. Nous apprenons qu'elle a failli être candidate à la mairie d'Agordo, et de nombreuses autres anecdotes toujours racontées avec bonne humeur et entrain... Nous sourions aux nouvelles expressions qu'elle utilise et essayons de les retenir pour les recaser - dommage, nous les avons déjà oubliées... peut-être la fatigue et les quelques verres de vin n'aident pas. Nous passons une bonne soirée avant de passer une bonne nuit.

vendredi 11 sept. 2020, 20:32

Arrivée par Ponte nelle Alpi

Vendredi. Grand silence. Il est 7h du matin, le jour se lève. Nous aussi... autour de nous : plus personne ! Nous apprécions le panorama en compagnie de quelques allemands qui ont dormi ici, eux aussi, mais dans leur VW luxueux - on ne joue pas dans la même catégorie avec notre petit partner.

Vue sur Cattolica depuis le monte Gabicce

Nous prenons le petit déjeuner sur le Monte Gabicce, puis lui disons au revoir - ou adieu, car qui sait si nous reviendrons un jour... Nous voilà partis en tout cas pour 6 heures de route, et encore un paquet de kilomètres à décompter du compte à rebours de l'arrêt de partner pour cause de pollution. Pas d'autoroute aujourd'hui, en tout cas pas pour l'instant - nous empruntons la SS16 : Rimini, Ravena, puis la route des lido des cousins... Nous n'avons prévenu personne que nous étions en Italie, car nous avons le sentiment qu'il serait difficile d'obtenir de la famille de se passer des grandes embrassades à l'italienne. Ce qui fait qu'en ces temps de COVID, cela nous semble inapproprié de passer les voir...

Nous prenons une pause à Pomposa, ou plutôt, à son abbaye. Elle annonce 3 étoiles au guide michelin, et je ne l'avais pas encore vue alors qu'elle est à deux pas de chez la famille... alors à défaut de les voir eux, nous allons la visiter elle.

Abbazia di Pomposa

Vue de l'extérieur, rien d'extravagant : elle est toute de briques, comme tous les bâtiments anciens des villes alentour - et pour cause, ici, ce sont des marais. Ce sont bien sûr les fresques qui sont le clou du spectacle : elles recouvrent chaque centimètre carré des intérieurs, aussi bien dans les salles adjacentes (cloître, réfectoire, etc) que dans l'abbaie elle-même.

Abbazia di Pomposa

Abbazia di Pomposa

Abbazia di Pomposa

Nous continuons sur cette route secondaire jusqu'à Venise en prenant le temps avant d'y arriver, de pique niquer au milieu de nulle part - c'est-à-dire garés devant un champ et un canal... Une fois de plus, il ne s'agit pas de visiter : mais de rejoindre l'autoroute A27 pour Belluno. Cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas parcourue, celle-ci...

Vers 16h, nous arrivons à Ponte nelle Alpi, et cherchons le garage Peugeot... Nous pensions savoir où il était, puisque notre première panne (seulement un mois après avoir acheté partner en 0 km) s'est produite en Italie. Mais non, le garage a fermé ! Un autre garage Peugeot, encore plus grand, se dresse 100 mètres plus loin. Il nous faut environ deux heures pour que qu'un des garagistes prenne le temps d'établir son diagnostique (que nous connaissons déjà...) et nous propose un rendez-vous. La pièce étant toujours à Vesoul, et prenant toujours une semaine pour arriver, rendez-vous est pris pour jeudi prochain - on nous fait visiblement une fleur pour nous trouver une petite place dans le planning surchargé. Heureusement, la réparation est coûteuse, mais essentiellement à cause de la pièce : cela devrait prendre moins d'une heure ! Nous pensons malgré tout faire un bon pari en la changeant en Italie : en France, ce serait certainement plus cher (NDLR : ce serait 1200 €).

Il ne reste plus qu'à arriver jusqu'à l'hôtel... traverser Belluno, remonter le Cordevole jusqu'à Agordo, puis même jusqu'à Alleghe, continuer jusqu'à Caprile (faire le plein)... et voilà. Pas de Milos à l'accueil... ni quand nous redescendons pour aller dîner. Ce soir, nous avons bien mérité d'aller manger une pizza chez « Roudor » (c'est-à-dire da Giorgio).

C'est la fin de l'été, mais à la Monta comme dans tous les hôtels de montagne, en toutes saisons, les lits sont équipés d'une couette... la nuit s'annonce très (et même trop) chaude ! Comme quoi, qu'on soit au fin fond du sud où il fait encore très chaud la nuit, ou dans les montagnes où les nuits sont plus que fraîches, nous avons décidément toujours trop chaud la nuit !

jeudi 10 sept. 2020, 20:32

Route en mode compte à rebours

Jeudi. La maseria nous sert un solide petit déjeuner, avec pain, gâteaux, fruits et bien sûr, boissons chaude et froide. Après avoir réglé, nous quittons le sud pour de bon... alors avant de prendre l'autoroute, nous nous arrêtons à une dizaine de kilomètres de notre point de départ, nous faire un « pit stop fruits » dans la petite ville d'Andria. C'est certainement un des services que nous allons regretter le plus : des tomates cerises, des pêches, des raisins blancs et noirs, bon et à 1 euro le kilo... où peut-on trouver cela ailleurs que dans le sud de l'Italie ?...

Nous sortons d'Andria par les traditionnelles zones commerciales et industrielles, et une voie rapide plus loin, nous voici sur l'autoroute : Foggia, Termoli, Pescara, ... Comme à l'aller, nous faison un arrêt pause déjeuner à Giulianova de 13h à 14h - et hop, des courses au même conad, et hop, un pique nique face à la mer. Il y a toujours autant de soleil, seulement moins de gens à la plage.

Et on continue, on remonte l'Italie, pendant que Partner continue son compte à rebours : il nous menace de s'arrêter, cette petite enflure ! Nous avons beau savoir que nous arriverons dans les Dolomites avant les 1100 km autorisés avant arrêt complet et interdiction de démarrer, cela reste un brin stressant de voir ce message en permanence sur le tableau de bord.

Nous sortons de l’autoroute un peu avant Pesaro, et environ 5 heures de conduite. Nous avons prévu - une fois n’est pas coutume - de nous arrêter dans une aire pour campers située près de Fano, histoire de nous éviter le stress de trouver un endroit tranquille où dormir dans cette zone qu’on imagine facilement touristique et très habitée. Nous trouvons la « sosta camper il rospo » facilement et discutons avec le gérant : il y a un bloc sanitaire (parfait pour nous qui sommes en mini voire micro camper), la douche est à 50 cts, et l’arrêt de 12 heures à 12 euros. Il est encore un peu tôt (17h30) pour s’installer, nous nous garons juste en face dans l’idée d’aller voir la mer.

L’aire a l’air bien, mais son emplacement est excécrable - ou plutôt, très italien, selon la combinaison très commune : mer adriatique, voie ferrée, quatre voie, sosta camper / parking. Depuis le parking, un passage souterrain un peu glauque (comme tous les passages souterrains) permet effectivement d’accéder à la plage en passant sous la quatre voie... Mais à peine nous venons de claquer la portière de partner que nous sommes assaillis par de tous petits moustiques rapides et vicelards... des moustiques tigres ! Alerte ! Vite, de la citronelle (mais est-ce que la citronelle fonctionne sur ces saloperies ? Je dirais plutôt non...). Nous atteignons la plage juste pour constater que nous avons mis nos maillots de bains pour rien : aucune chance pour qu’on entre dans cette eau ! Les brise-lames trop proches de la petite bande de sable crade qui s’appelle plage ne laissent qu’une petite mare d’eau saumâtre. Beurk !

Vite, se réfugier dans partner. Faire la chasse aux quelques moustiques qui ont eu le temps de s’engoufrer dans la voiture à notre suite... admirer au passage leurs pattes striées - ou plutôt, eh oui, tigrées ! Et confirmer que ces petites saloperies sont sacrément rapides. Que faire ? Il est hors de question qu’on reste là ! Il faut trouver une alternative qui nous éloigne de ces bestioles, de la circulation, et même de la civilisation... L’application OSMand à la rescousse ! Antoine repère un certain Monte Gabicce situé à une dizaine de kilomètres de Pesaro, qui semble pouvoir rassembler tous les critères - avec en prime, toilettes publiques et point d’eau. Que demande le peuple ? C’est parti...

Nous traversons la ville de Pesaro, puis suivons la Strada della Romagna, et bifurquons vers le mont. Cela n’a pas l’air du tout d’être en dehors de la civilisation ! C’est même tout le contraire... D’abord, nous croisons ou dépassons de nombreux sportifs - coureurs ou cyclistes. Ensuite, une fois garés sur l’un des deux parking du mont, nous admirons certes la vue sur la baie - magnifique - mais aussi, cela nous avait échappé, le petit village très chic qu’est en fait Monte Gabicce ! Il se compose d’une place envahie de restaurants, de bars, de glaciers, d’hôtels, et quelques ruelles de maisons qui semblent bel et bien habitées par des « vrais gens ». Que faire ? Nous décidons qu’il est trop tard pour chercher fortune ailleurs, et décidons de faire avec la foule et l’attractivité du lieu. Ça promet !

Nous commençons par mettre en place nos lits - objectif, pouvoir se glisser dans partner ni vus ni culs nus quand il sera l’heure de se coucher. Un petit parc public en contre bas avec des bancs nous offre le gîte pour dîner ce soir. Quelques moustiques nous tournent autour, impossible d’être vraiment sereins, mais la densité de bestioles est malgré tout bien moins importante qu’en bord de mer. Le village est l’occasion d’une promenade digestive... mais même après notre tour, les restaurants ne désemplissent pas. Nous nous installons en terrasse et commandons une glace imposante - nous allons finir la soirée en fraîcheur, tout en commentant la tenue des touristes et autres passants. Une activité qui nous permet de nous distraire assez longtemps... mais qui finit par nous lasser. Allons nous coucher !

D’abord, s’assurer que le ticket de parking (payant jusqu’à minuit) permet de tenir jusqu’à demain sans se prendre une prune. Ensuite, entrer par partner par l’avant... rabattre le siège du milieu et se glisser subrepticement à l’arrière (se féliciter au passage d’avoir retiré la séparation métallique qui nous empêchait de le faire jusqu’à présent). Se changer tout en douceur pour ne pas faire de bruit ni attirer l’attention (ça c’est sans doute seulement dans notre tête : personne n’imagine qu’on puisse dormir là-dedans)... et dodo. L’endroit est encore un peu bruyant, mais autour de nous les voitures quittent une à une le parking. Le sommeil nous gagne avant que le silence ne s’installe...

11 vendredi : 7h debout : plus personne ! route : Ancona ... Padova ... Dols 6 h de route : A14 sortie Cesena, ss16 Ravena, ss309 Venezia, a27 Bellunno à 16h : Peugeot de Ponte nelle Alpi... jusqu'à 18h. RDV pris. Pas de Milos à l'Hôtel... Diner à Roudor. Nuit très chaude !

mercredi 9 sept. 2020, 20:32

Matera et les Murges

Mercredi. Le propriétaire revient ce matin avec une humeur un peu meilleure - même si nous sommes ses seuls clients et qu’il ne vient que pour nous servir notre petit déjeuner. Nous ne nous attardons pas en campagne car ce matin nous visitons Matera.

Nous trouvons plutôt facilement une place de parking gratuite pas trop loin de la gare “Matera Centrale”. Nous la rejoignons à pied et poursuivons par la via Don Giovanni Minzoni. Elle devient la via Ascanio Persio, et juste après la place du même nom qui abrite un marché de primeurs permanent, elle débouche sur une place avec une fontaine. Inutile de chercher plus longtemps : face à nous, près d'un large escalier de pierre qui s'enfonce sous terre, un panneau indique « sassi ». Nous l'empruntons comme on descend dans le métro... Certes, les escaliers plongent sous la place, mais ils donnent accès à un autre monde.

Matera

La vieille ville a beau être classée patrimoine mondial UNESCO, blablabla, au début nous avons quand même l'impression d'avancer dans des ruines - la ville n'est pas au niveau du standing des villes blanches des pouilles. Moins... quoi ? Vivante ? Oui, cela doit être ça : un mix entre abandon et tourisme. Tout ce qui vit ici n'a été revitalisé que par le tourisme : souvenirs, restaurants, bars, gîtes et hôtels. Et à vrai dire, au début nous voyons plus l'abandon que le tourisme.

Matera a cependant de beaux restes. Nous commençon par nous diriger vers la cathédrale et sa Piazza Duomo. L'entrée est payante, pas bien cher, et pour le prix on vous prend la température - c'est assez étrange de se faire braquer un « pistolet » mesureur sur le front. À l'intérieur, la cathédrale rivalise assez bien en dorures, en peintures, mais surtout en fresques anciennes. Où l'on découvre que les saints peuvent être vénérés pour la production de légumes racines, et que les grafitis, ça ne date pas d'hier...

Matera

Matera

Nous continuons notre chemin jusqu'à atteindre la Chiesa di San Pietro Caveoso, dont le style est plus ancien et plus naïf. Avec tout du long, vue sur les colines et le torrent en contre-bas : Matera a beau être bordée par la ville moderne d'un côté, elle n'offre qu'un panorama sur une nature incontaminée. Chapeau bas.

Matera

Matera

Matera - un ange

En parfaits touristes, nous continuons la visite et reprenons une vollée de marches, apprécions les vues, les détails, les ruelles, et même le cimetière antique - il ne reste que des creux dans la roche... On peut imaginer que les ossements ne restaient pas là très longtemps. À force de silloner les rues, nous trouvons une Osteria où manger en terrasse.

Après quoi, nous poussons au plus loin vers l'est, bien après le Convicinio di Sant'Antonio. Là les plus anciens sassi sont restés à l'état de ruines, et tout à chacun peut entrer dans ces petites maisons troglodytiques. La vue englobe la ville et la vallée. Matera

De là nous remontons vers la modernité : des rues calmes, quelques églises, puis des rues commerciales, nous prenons une pause au parc Giovanni Paolo II - nous en avons un peu plein les pattes. Mais nous replongeons, pour rejoindre la partie ouest. Nous remonterons par la chiesa di San Biagio, chiesa di San Giovanni Battista et suivantes...

Matera - une porte

Matera - vue sur toits

Matera

Cette fois-ci, nous n'en ferons pas plus - car plus, ce serait se promener dans la vallée par exemple, et ensuite passer la soirée en terrasse, et dormir à nouveau à Matera... Ce n'est pas au programme ! Au lieu de quoi, nous retournons avec partner voir le garage Peugeot vers 15h30 pour faire la remise à zéro (azerato) du message d'alerte. Un petit tour au grand conad (je ne m'en lasse pas, en Italie il y a des petits et des grands conad... ha ha...), pour faire le plein de taralli et autres produits du sud (comme de la bière et surtout une liqueur aux herbes : Vecchio Amaro del Capo) avant qu'on ne s'en éloigne.

Car nous prenons la route vers le Castel del Monte, célèbre château octogonal - le seul au monde peut-être ? Nous traversons une campagne vallonnée : un grenier à blé dur à ciel ouvert... Il nous faut environ 1h20 pour atteindre le château depuis Matera. Le premier contact n'est pas plaisant : le parking est paysant, et c'est 5€ quelque soit le temps qu'on reste. Or à l'heure qu'il est, nous ne resterons sans doute pas plus d'une demi-heure ou 3/4 d'heure à tout casser. bref. On se gare, et on marche jusqu'au château.

Il fait belle impression, aussi bien par la belle couleur des pierres au soleil descendant, que par son emplacement, sur une hauteur qui domine les collines alentour. Par contre, c'est domage mais c'était attendu, la visite est sur rendez-vous... Comme à peine une vingtaine de personnes sont admises chaque heure, autant dire que toutes les visites sont complètes plusieurs jours à l'avance. Malgré le faible nombre de visiteurs, impossible de participer à la dernière visite du jour.

Castel del Monte

Castel del Monte

Il est maintenant un peu plus de 18h, et déjà le soleil est bas sur l'horizon - c'est golden hour sur le château ! Magnifique, mais imprenable. Après en avoir fait le tour, nous n'avons plus qu'à trouver notre hébergement de ce soir avant qu'il ne fasse nuit... Il n'est qu'à quelques kilomètres de là : c'est la Masseria Citulo Il Pino Grande. À notre arrivée, nous découvrons qu'en fait, j'ai bien réservé mais pour hier soir ! Nous avons donc fait sans le vouloir un « no show », et fait attendre papi - qui nous assure que de toutes façons, il est moitié insomniaque et ne va jamais se coucher bien tôt. Il ne reste donc qu'une chambre avec salle d'eau commune, ou une chambre sous les toits avec salle d'eau privative - allez, on nous fait même un prix pour nous forcer la main, et on se laisse faire. En vrai, nous allons découvrir un peu tard que sous les toits, ben il fait chaud... et qu'on aurait peut-être eu un peu plus de fraîcheur un étage en dessous.

Papy ne nous lâchera pas si facilement, il a entrepris de nous raconter sa vie, et c'est une vraie pipelette, impossible de l'arrêter ! Il tient la ferme - qui appartenait à sa femme, paix à son âme, qui vient d'une grande lignée aristocratique de la région. Car forcément, ces fermes fortifiées ne sont pas celles de paysans venus de nulle part : elles appartenaient à ceux qui faisaient travailler les autres pour eux... les temps ont bien changé, et maintenant c'est lui - ancien professeur d'université, spécialisé dans les arts religieux, et à la retraite depuis bien longtemps - et son fils, qui fait cuistot, qui tiennent à eux deux le domaine. Ils ont quand même l'aide d'un employé pour la ferme : du maraîchage plein champ et des vergers. Il n'y a que là-bas et dans les Pouilles qu'on voit des tomates comme ça pousser en plein champ... Il nous parle de la Murgia... pour nous dire qu'essentiellement, il ne reste plus personne, plus aucun service, plus aucune vie : c'est vide ! Et la région n'arrive pas à inverser la tendance...

Entre temps, la nuit est tombée. Bien que le fiston connaisse certainement son affaire, nous voyageons à budget réduit, et cela implique de ne pas multiplier les restaurants - peut-être une prochaine fois ferons nous le choix inverse : dormir en partner, mais manger au restaurant ? En tout cas pour ce soir, nous pique niquons tout simplement dans la cour, à la lumière de quelques lumignons. De retour dans la chambre. Elle sent l'ancien, peut-être à cause des meubles, qui ont l'air d'époque (mais de laquelle ?) ou du parquet ciré. Nous pouvons même apercevoir de loin un tout petit Castel del Monte illuminé, perché au sommet de sa colline. C'est l'heure de vérifier si la douche marche tout aussi mal dans les Murges que dans les Pouilles... Banco !