Les derniers préparatifs sont bouclés, Partner est chargé, et prêt pour prendre la route... face à nous, deux semaines de voyages. Si vous regardez dans le fourgon, pourtant, vous ne verrez pas grand chose : nous voyageons en "CCUL" (Camping Car Ultra-Léger) ! Tout tient dans les coffres.
Dans celui du fond : la tente (au cas où !), les matelas, les duvets d'hiver et d'été plus les couvertures polaire. A côté : toutes les planches qui une fois dépliées et savament placées, nous forment notre plateforme où dormir. De l'autre : la popotte et les réserves de bouffe pour quelques jours - cake salé maison, pain maison, taboulé maison... On ajoute à cela deux petits sacs de voyage coincés au fond du coffre pour les fringues, et c'est plié.
A huit heures et quelques, nous sommes déjà sur la route, direction l'aéroport de Venise, pour déposer Laurence. Nous arrivons pile poil, il est 10h15 pour une fin d'embarquement à 10h40 - plus tard, je pense que le niveau de stress déjà bien palpable aurait été intenable ! A peine quelques minutes au dépose-minute, et nous voilà partis. Cette fois-ci, pour de bon !
Malgré notre aversion pour les autoroutes, nous avons décidé de faire une entorse pour le début du trajet, histoire de ne pas y passer trop de temps non plus... de l'aéroport, nous rejoignons la A57 par la tangentielle, direction Brescia. Juste avant d'atteindre, cette ville, nous bifurquons sur la A21 qui mène à Piacenza - en fait, la prolongation de la précédente si on se réfère à la numérotation E70.
C'est après avoir passé le Pô (et avoir dépassé une mercedes garée sur le bas côté, le capeau en feu !) que nous prenons une pause déjeuner, vers 13h. Etonnament, c'est exactement la même aire de repos où nous nous sommes arrêtés deux ans avant, lors de notre voyage vers Marseille... nous mangeons à côté du même hôtel toujours aussi abandonné, et allons y faire un tour en guise de balade digestive. Le terrain est envahi par la végétation, mais on distingue un court de tennins et une piscine...
On repart, direction Asti... où cette fois-ci on sort plutôt que d'enchaîner sur le petit tronçon de la A33 : nous rejoignons Alba par un savant mélange de routes à une et deux voies. Il est environ 15h30 et nous entammons la partie lente du trajet ! Bra, Fossano, Cuneo (le Belluno local ?), nous approchons des montagnes, Borgo San Dalmazzo (nous fait penser à Sedico...), et nous attaquons la SS21 : ça monte doucement d'abord, dans une large vallée, puis à partir de Demonte, ça nous rappelle pas mal la maison, mais sans la roche.
Nous avons fait une pause à la station service ce matin, mais sans faire le plein, et maintenant que nous sommes engagés sur la petite route de montagne, je me dis qu'il serait grand temps de donner à boire à Partner. Mais voilà : contrairement à nos petits patelins encore bien fournis en stations, et ce même jusqu'à 1400 m, ici, rien.
Heureusement, la route n'est pas très pentue, c'est à peine si on croise des virages en épingle jusqu'à arriver à Argentera. Partner se plaint que sont réservoir est vide depuis quelques kilomètres, on regarde le tableau de bord avec angoisse et je conduis le plus tranquilement possible - une fois n'est pas coutume, j'ai du me faire haïr par mes suivants... "encore un touriste qui ne sait pas conduire en montagne", ont-ils du penser ! :)
Nous voici arrivés à la frontière française, le col de la Maddalena. Nos premières paroles en français seront pour savoir où est la prochaine station ! On nous indique Barcelonnette, encore une bonne quarantaine de kilomètres (tiendrons-nous jusque là ?) tout en descente. Nous repartons, au point mort sur presque tout le trajet - la pente n'est pas assez prononcée à mon goût, ces hautes vallées sont si larges !
C'est finalement à Jausiers qu'on trouve notre bonheur. Nous repartons le réservoir un peu plus pleil et l'esprit un peu plus léger ! Il est surtout temps de découvrir et d'apprécier véritablement le décor autour de nous : le Mercantour.
Bon, alors, ok, je vais être sans doute être très partiale, mais pour partir sur de bonnes bases, je vous dirais pour commencer : "les Dolomites sont les plus belles montagnes du monde." Maintenant que c'est dit, le Mercantour, c'est "pas si mal"... ;-)
Il est presque 19h et sitôt sortis de Barcelonnette, nous nous engageons sans attendre sur la route du col de la Cayolle (2326 m). Surprise ! La route semble sortie d'un autre siècle : elle n'est pas assez large pour se croiser, ne présente quasiment aucune protection telles barrières ou glissières de sécurité, et chaque enjambée du torrent est un pont en pierre de taille agrémenté de ballustrades en ferroneries vertes !... Heureusement à cette heure tardive, nous croisons bien peu de chalands... en journée, si le trafic est identique à chez nous, ce doit être un embouteillage permanent !
Les journées ont beau être encore longues, il est temps de trouver notre espace pour la nuit. En route, nous identifions deux ou trois mini-parking déjà occupés par des confrères en camion... et c'est presque aux deux-tiers de la route (qui fait 24 km jusqu'au col, tout de même : une vallée interminable !) que nous trouvons le nôtre, juste après le pont qui fait suite à Fours Saint Laurent.
La route est sur le versant qui fait face au parc national du Mercantour. Nous pic niquons sur l'herbe, cake et taboulé accompagné d'un fond de rouge italien entammé la veille. A la tombée de la nuit, ça bouge en face, Antoine va chercher ses jumelles : une biche et sont petit se font disputer par des chamois qui les repoussent plus loin. C'est connu, l'herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin !...
Il commence à faire frais, et au chaud dans Partner, tant qu'il y a encore un peu de lumière j'attaque la lecture d'un livre de heroic fantasy que j'avais acheté d'occasion à un prix ridicule chez le Gibert Jeune de Strasbourg Saint-Denis - il y a des lustres ! -, le cycle de la Moira, en trois tomes (... et trois euros).
Mais rapidement, la nuit tombe et on se couche. Il fait un peu trop frais à mon goût, et J'ai du mal à m'endormir, sans compter une petite envie pipi de pleine nuit... ah, non, ça c'est le bonus ! J'enfile mon pull, et hop, je sors de notre mini-chambre à coucher métallique pour me retrouver dans les plus grandes toilettes du monde, elles ont la voie lactée et des milliers d'étoiles bien brillantes dans un noir parfait en guise en plafond. PQ en poche, un seul doute m'assaille : y'a des loups, ou pas, dans le Mercantour ?!...
Quand je retourne me coucher, je ne résiste pas à l'idée de réveiller Antoine pour l'envoyer dehors lui aussi avec un pull. Croyez-moi ou pas, il m'a remerciée de l'avoir tiré de son sommeil, pas rancunier au vu du spectacle ! :)