Dolomiti Geeks

Déracinement de (veli)bobos parisiens rempotés en pleine nature.

jeudi 27 oct. 2016, 21:32

Migogn d'automne

Comme l'année dernière, fin octobre nous offre un deuxième été, et nous pousse à sortir pour profiter de la chaleur du soleil - tout est relatif, bien sûr, car les températures sont très fraîches... et encore plus en altitude.

Nous partons aujourd'hui du hameau de Ronch, qui à cause d'un affaissement de terrain survenu au niveau de la route cet été (*), est resté inaccessible tout l'été - ou du moins, il fallait faire un tel détour pour l'atteindre que nous ne lui avons pas rendu visite une seule fois.

Les mélèzes y sont d'un jaune éclatant, et nous attaquons tranquillement la balade sur la large route forestière qui serpente dans le bois puis les alpages jusqu'à la Malga Laste.

Après une rapide pause pic nic - le vent s'est levé, et il ne fait pas bon rester immobile -, nous continuons pour dépasser un petit col, et nous diriger vers la Forcella de le Crepe Rosse. D'un côté, nous avons un panorama lointain sur les Tofane, de l'autre, c'est une inhabituelle vision de la Marmolada qui surgit.

Marmolada

Depuis ce col, nous continuons vers les crêtes, en suivant un sentier qui monte tranquillement sur les pentes d'herbe jaune battues par le vent. Au loin, on devine les sommets d'Autriche...

Marmolada

C'est à l'occasion d'une "Pause Chocolat Suisse" (la dernière tablette de notre stock...) que je m'apperçois que ma chère doudoune n'est pas à sa place dans le sac à dos ! Elle y était lors de notre pause déjeuner... CQFD, j'ai du l'oublier là-bas. Nous devrons donc faire demi-tour plutôt que de boucler l'itinéraire par le Migogn...

Nous poussons donc la balade jusqu'à rejoindre vraiment les crêtes. Nous y découvrons le sommet du Migogn, mais surtout un vaste panorama qui s'étend de la Civetta jusqu'à l'Auta.

Et aussi, un groupe d'une vingtaine de chamois broute tranquillement sur les pentes ensoleillées. Nous descendons un petit passage sécurisé par un câble métallique, et une fois à peu près protégés du vent par la paroi rocheuse, nous les observons aux jumelles... leur pelage est noir et épais, et ils ont l'air bien gras : ils sont prêts pour passer l'hiver !

Marmolada

Nous retournons ensuite sur nos pas, et retrouvons la doudoune exactement où nous pensions l'avoir laissée. Il faut dire qu'aujourd'hui, nous n'avons croisé qu'un cycliste en VTT : il n'y avait vraiment aucune chance que quelqu'un s'approprie ma doudoune abandonnée !

Le temps de rentrer à Ronch, le soleil était déjà bas sur l'horizon, et aux alentours de 18h, nous étions aux premières loges pour suivre l'embrasement du Pelmo et de la Civetta.

Marmolada

* A ce propos, pendant les travaux qui visaient à remettre la route de Laste en service, un autre incident est survenu : le légendaire et très redouté des DataCenter "défonce ta fibre internet à coup de pelleteuse"... C'était le samedi 27 juillet à 14h : black out. D'abord peu étonnés de la mort de notre accès internet (TIM, l'opérateur historique, est assez peu performant et nous avons déjà vécu des ratés dans son service), nous nous sommes rendus compte de l'empleur des dégâts : plus aucune banque, ni guichet automatique, ni site de réservation des hôtels n'a fonctionné pendant 24h.

samedi 22 oct. 2016, 21:32

Hockey à Auer

C'est en discutant la veille avec Manuel que nous avons pris conscience qu'il y avait ce samedi une rencontre au somment : Alleghe se rend ce samedi à Auer/Ora, tête de liste du championnat. Comme l'équipe locale est en forme en ce moment, cela promettait un match accroché, aussi sommes-nous partis en cette fin d'après-midi aller supporter notre équipe.

Le match était fixé à 19h, ce qui nous a permis de trouver à ses abords quelques magasins de vente-directe de pomme encore ouverts, et de nous approvisionner en pommes du trentin.

Action

Nous n'avons pas été déçus, le match était bel et bien très engagé, avec un patinage rapide et précis de la part des joueurs, et de très nombreuses belles actions, même si le premier tiers-temps se termine sur un score vierge.

De retour du vestiaire, Alleghe domine le jeu mais c'est Ora qui ouvre le score sur une contre-attaque fulgurante. Alleghe multiplie les tentatives, et finit par marquer un doublé qui redonne le moral, et arrive même à faire pointer le score à 1-4 à la pause.

Testori

Comme d'habitude, nous sommes un peu dépités de voir que l'équipe d'Ora a gardé son habitude de mauvais gestes - alors que ça leur profite bien peu, car c'est quand ils se mettent à jouer le palet et non les joueurs qu'ils marquent... -, quasiment pas sanctionnés de la part des arbitres. Tous les ingrédients étaient réunis pour que ça chahute sur la glace...

Un peu de chahut

Le troisième tiers-temps est plus fermé, Ora attaque mais ne trouve qu'une seule fois le fond du filet. En désespoir de cause, ils sortent le gardien en fin de partie pour profiter d'une supériorité numérique à l'attaque, mais cette stratégie dangereuse se retourne pour la n-ième fois contre ceux qui la pratiquent, et ils encaissent un dernier but dans la cage vide pour terminer le match sur le score de 2-5.

vendredi 21 oct. 2016, 21:32

Val Ombretta

Le Val Ombretta est un de nos grands favoris, même si cette année nous ne lui avons pas bien souvent rendu visite. Pour réparer ce manquement, nous voici aujourd'hui en route vers le Passo Fedaia, dont nous quittons la route au niveau de Malga Ciapella.

Arrivés au camping, que la route traverse, surprise : un nouveau panneau "interdit à la circulation" a surgit, avec en prime scotché dessous la délibération communale datée de juin 2016, qui annonce l'obligation de parking avant la fin du val pour ne pas gêner les piétons, et la mise en place d'un service de navette. Une interdiction non valable pour tous les véhicules autorisés, comme de bien entendu.

Nous avons dépassé la mi-octobre, il n'y aura aucun randonneur, et il est bien évident que les navettes ne circulent plus depuis longtemps... Nous continuons donc comme c'est l'usage pour rejoindre en voiture la Malga Ciapela, et en chemin nous comptons 4 voitures stationnées sur les bas côtés de la route, et quelques locaux occupés à faire leur bois.

Là-haut, la forêt a commencé à jaunir et nous offre des paysages magnifiques, sans toutefois avoir atteint le plus bel éclat de l'automne, d'autant plus que le soleil est un peu capricieux. Nous remarquons au pied des roches de la Marmolada un groupe d'une vingtaine de chamois qui traverse tout le val, nous suivons de loin leur périple à la jumelle... qu'ils sont rapide ! En moins de 5 minutes, ils rejoignent l'extrémité de la paroi et disparaissent.

Val Ombretta

Nous mettons beaucoup plus de temps qu'eux à parcourir le chemin en sens inverse, vers le Rifugio Fallier, que nous dépassons pour s'installer un peu plus haut dans un poste ensoleillé - car sans soleil, la température avoisine sans doute le 0° C... Nous y profitons tranquillement de la vue et du silence, tout en argumentant sur la fermeture de la route.

Nos sentiments sont partagés : en saison, c'est vrai que les marcheurs sont dérangés par les nombreuses voitures sur la route mais... ce ne serait pas le cas s'ils suivaient le sentier plutôt que le goudron ! Et par ailleurs, le service de navette, c'est juste une autre façon de privatiser un espace commun pour se faire du fric - c'est sans doute le camping qui s'en occupe, car en hiver ceux-là se permettent de faire payer l'accès au sentier raquette ! Une première tout à fait déplorable dans les environs.

Bref, nous redescendons tranquillement sous un ciel qui commence à se couvrir, et rejoignons Partner qui porte... un petit papillon sous un de ses essuie-glaces. C'est le pompon ! Un des gars qui faisait son bois a du faire du zèle... car nos amis d'ici sont tous d'accord pour dire que la commune de Rocca Pietore en nous collant une amende ne respecte pas la trève du "hors saison" (qui est un mode de pensée très italien, certes, mais réel), mais que par ailleurs, à Rocca Pietore, c'est des cons, c'est connu... Nous voilà prévenus !

samedi 15 oct. 2016, 21:32

Hockey : Victoire !

Pendant notre absence, Alleghe Hockey a brillé sur la glace à domicile... pas de bol, j'ai bien dit : pendant notre absence. Du coup, hop, à peine rentrés nous voilà dans les gradins pour le 3e match à domicile contre Pergine Sapiens. Les deux premiers tiers-temps ont été très rythmés et agréables à regarder !

Testori

Par contre, dans le troisième, la qualité de jeu s'est ternie, l'énervement est monté, et l'inévitable baston a éclaté.

Baston

Même les joueurs en réserve ont l'air complètement blasés...

Spectateurs

Mais bon, au final c'était quand même un bon match, et surtout, une belle victoire sur le score de 7-2 !

dimanche 9 oct. 2016, 21:32

Assise et Pérouse

Il est 14h, il pleut, mais nous voilà à Assise ! La météo promet une éclaircie d'ici une heure, alors parapluie en main nous commençons la visite de cette charmante petite ville.

Assez rapidement, nous traversons la cité jusqu'à arriver à la célèbre basilique : quelques centaines de touristes déambulent avec nous dans les deux églises superposées et la crypte... c'est loin d'être la foule des grands jours, mais cela reste agréable et silencieux pour admirer les fresques.

Dans la cour du couvent, une exposition pour la paix fait une belle place aux rencontres pour la paix, le rassemblement interreligieux annuel organisé par Assise, et ses plus illustres invités.

La curiosité me pousse dans la boutique de souvenirs religieux tenue par les frères franciscains, et nous nous arrêtons rapidement devant un rayon inattendu : une petite librairie qui regroupe des recueils de cuisine, et autres recettes à base de plantes. Nous ressortons avec deux livres en main : la cuisine moyenâgeuse des monastères, et recettes de liqueurs italiennes...

Dehors, malgré le ciel de plomb la pluie s'est bel et bien arrêtée comme promis par notre application météo, et nous déambulons tranquillement dans les rues.

Assise

Il est bientôt l'heure de trouver où dormir, et nous partons en quête d'un parking à proximité. Nous le trouvons sur le chemin de l'Hermitage Eremo delle Carceri, là où St François aimait à se retirer du monde... après un dîner sur le pouce dans Partner - ce soir, il y a un vent de fou, nous n'imaginons pas cuisiner sur notre réchaud alcool avec un temps pareil ! - nous retournons faire un tour by night dans Assise.

Assise

Le lendemain, nous nous réveillons fatigués : le vent n'a pas cessé de la nuit. Nous nous dirigeons vers la toute proche ville de Pérouse, pour une petite visite des quartiers piétons.

Perugia

En fin de matinée, nous reprenons la route sérieusement : nous sommes attendus à Dogato ! Cette nuit, c'est Sonia qui nous accueille, mais nous avons la chance de dîner avec la famille au grand complet chez Edmondo, avec aussi Maria-Livia et son fils Tomaso.

Le lendemain matin, nous passons la matinée avec Stefano pour un beau tour en vélo le long des Valli di Comacchio et jusqu'à Porto Garibaldi. Après un déjeuner avec Sonia et Gianca avec des sujets de conversation qui oscillent entre les taxes et l'éducation, c'est café chez Enzo, qui me remet un vieil album photo de la famille... séquence émotion !... qui conclue notre séjour à Dogato et notre escapade au sud.

dimanche 9 oct. 2016, 21:32

Calanchi

Nous entamons maintenant notre remontée vers le nord, et nous parcourons en sens inverse la SS16 qui longe l'adriatique, selon un tracé plus ou moins heureux... aux alentours de midi, nous choisissons de manger dans un des trabocchi transformés en restaurant. Au vu de la saison, bien peu semblent ouverts, mais ce dimanche à la Marina di San Vito, nous avons la chance d'en trouver un qui nous accueille - à vrai dire, nous serons leurs seuls clients.

Calanchi

Le cadre est tout mimi, la déco est à la fois simple et très commerciale, cela donne l'impression qu'ils ont écumé toutes les boutiques à la recherche de bibelots marins, toujours achetés puis exposés par paire.

Cela dit, dans l'assiette, c'est bon ! Comme nous n'avions pas grand appétit, nous avons choisi un mini-menu qui ferait à peine une bouchée à l'apéritif pour les italiens : un verre de blanc accompagné de 6 antipasti de la mer, suivis par une petite portion de pâtes aux fruits de mer.

Après cette dernière halte maritime, nous reprenons la route vers Altri. Notre prochain objectif est la toute récente Riserva Naturale Regionale Calanchi di Atri. Si je cherche à traduire Calanchi, je trouve : terres désolées, régions arides, badlands, ... En vérité, c'est le jeu de l'érosion sur une terre argileuse, qui façonne un paysage étrange et fascinant.

Calanchi

Le soleil nous a bien peu accompagné dans notre petite balade - une route piétonne d'un peu moins de deux heures à travers ce paysage protégé, proposé par la réserve. Mais avant que le ciel ne se charge de nuages gris, nous avons repéré une très belle araignée.

Calanchi

Surnommée ragno vespa en italien (littéralement, l'araignée guêpe, mais en bon français : Argiope frelon), son vrai nom est Argiope bruennichi. Sa photo figurant en bonne place sur les panneaux du parc, nous avons d'abord pensé qu'elle était endémique de la région, mais pas du tout ! Elle se rencontre apparemment dans toute la zone paléartique... (et non, je ne savais pas qu'il existait une zone paléartique avant d'avoir cherché à identifier cette araignée : on en apprend tous les jours !).

Le temps passe, et les nuages gris finissent par lâcher quelques goutes, nous incitant à reprendre la route pour avancer vers le nord, certes, mais aussi vu l'heure, nous trouver un parking accueillant pour la nuit. Nous suivons successivement la SP 53 (dans un état de délabrement avancé), puis la SS150 et la SS 81, qui nous amène à la ville de Teramo. Nous sommes presque sur les contreforts du parc du Gran Sasso, et insistons encore un peu : la nuit tombe quand la SP 52 nous amène jusqu'au petit village de Guazzano. Encore quelques virages après, et nous trouvons un espace plat où garer Partner.

Le lendemain, quand le jour se lève, les nuages consentent enfin à s'éloigner après quelques dernières gouttes de pluie. Face à nous, le paysage valloné descend jusqu'à la mer qui s'étend loin... les rayons du soleil jouent dans la brume matinale, et font comme une lumière épaisse.

Maintenant que nous pouvons voir où nous avons dormi, il semblerait que notre espace nocturne soit en fait un aménagement créé pour permettre aux bus de faire demi-tour... d'ailleurs cela ne rate pas : un bus se pointe alors que nous en sommes encore au petit déjeuner.

Nous reprenons la route SS81, cette fois-ci en profitant de la vue vers la mer lors de notre descente, puis sur le beau village de Civitella di Tronto. Nous rejoignons rapidement la ville d'Ascoli Piceno, et laissons derrière nous l'importante SS4 pour longer une partie du Parco Nazionale dei Monti Sibilini sur la petite route SP237. Les villages de Communanza, Amandola et Sarnano nous semblent mériter une visite lors d'un prochain voyage... Il faut dire qu'il pleut franchement, et nous ne prenons pas le temps de les visiter par ce temps exécrable.

En nous dirigeant vers Fiastra, un petit village au pied de son lac homonyme, nous entrons dans le parc nationnal et retrouvons la montagne à nouveau : cela semble être une belle région mais... nous n'en verrons pas grand chose vu la couverture nuageuse !

Un dernier tronçon de route vers le nord, et nous rejoignons Polverina, et avec elle la route "statale" n° 77 : une 4 voie de construction très récente, goudron lisse et bien noir, avec des tunnels flambants neufs partout, et juste nous ! Nous avons une petite pensée émue pour les routes de campagne déglinguées de l'Italie du Centre, parcourues cahin caha par des voitures hors d'âge, et continuons jusqu'à Foligno, et enfin : Assise.

samedi 8 oct. 2016, 21:32

Gargano sud

Ce n'est qu'avec le lever du soleil que le vent commence à se calmer... la nuit n'a pas été très reposante ! Nous sortons de Partner et découvrons les alentours : des colines parsemées d'arbres, avec une vue sur la mer au loin.

A 100 m, une aire pic nic qui fera très bien l'affaire pour le petit déjeuner. Alors que nous y sommes attablés, un petit troupeau de chèvres mené exclusivement par des chiens remonte la route et nous dépasse... quelques minutes après, c'est une dizaine de vaches qui fait la route en sens inverse !

Nous suivons les vaches, et tombons sur la ferme d'où tout ce petit monde semble provenir : nous l'avions effectivement entraperçue dans la nuit hier soir, et le panneau "zone habitée" nous avait interpelé. En plein jour, il en est d'autant plus étonnant : les alentours ressemblent plus à un énorme bordel, où tout et n'importe quoi - sommiers, vieux vêtements, palettes, ... - sert de barrières pour les animaux.

Zona abitata

De retour à la route du littoral, nous nous garons sur un minuscule parking, et empruntons le seul sentier de la côte.

Sentier

Le sentier permet de rejoindre en une demi-heure environ la plage de Vignanotica, bordée de hautes falaises en calcaire blanc parsemé de veines de silex. A cette heure-ci encore bien matinale et surtout hors saison, nous profitons seuls de la plage en galets...

Crique

Aux abords de midi, nous repartons avec pour objectif la petite ville de Mattinata, car nous sommes à la recherche de petits commerces. D'une boucherie, nous ressortons avec d'excellentes saucisses piquantes faites maison, une mozzarella di buffala à la texture et au goût de crème indécents de douceur, et un gros sachet de Taralli. Chez un fruitier, nous trouvons quelques petites tomates pour accompagner la mozzarella, et des kakis.

Tout est parfait pour un pic nic au soleil en bord de mer, sur une autre plage de galets située juste aux pieds de Mattinata. La petite ville nous avait séduite, maintenant c'est son littoral, dont les abords sont une succession de champs d'oliviers, d'orangers et de citroniers... sans oublier quelques grenadiers et cognassiers. Pour un peu, on s'imaginerait déjà vivre dans cette douceur...

Après cette pause, nous reprenons la route vers la ville de Monte Sant'Angelo. Nous y découvrons un important centre de pellerinage, très actif ce samedi soir : les croyants sont venus par bus entiers, et s'engouffrent dans les ruelles bondées bordées de magasins de bondieuseries mais aussi de vendeurs à la sauvette qui proposent des articles aussi incongrus ici que des faux sacs Louis Vuitton.

L'objet du culte est une grotte protégée par une abbaye construite par dessus, où l'archange Michel serait apparu trois fois à l'évèque local en 490. Un petit écriteau indique que se tient en ce lieu une messe permanente... en tout cas pour l'heure, la foule psalmodie en italien. Ce site est relié au Mont Saint Michel par la via Sacra Langobardorum, et ça nous donnerait presque l'envie de marcher tout ça pour voir combien de temps il faut pour rejoindre à patte les deux monts Michel...

En attendant, nous prenons la tangeante pour aller nous promener. La ville de Sant'Angelo occupe tous les sommets des collines autour, et presque toutes les rues du vieux centre sont en fait des escaliers. Nous flânons un moment jusqu'à nous perdre...

Sant Angelo

C'est le téléphone portable qui nous tire d'affaire... Il est temps de faire quelques courses à un petit supermarché, puis de faire un pit stop pour donner à boire à Partner. Mais là, incroyable, le diesel est à 1,60 le litre ! Hyper cher, ils croient vraiment qu'on va faire le plein à ce prix là ? Ils ont vu la Vierge, ou bien ?! Ah, non, l'archange Michel, c'est vrai... Histoire de ne pas tomber à sec, nous nous contenterons d'un mini-refill de 10 €.

Nous quittons Monte Sant'Angelo par le nord, puis plein ouest. Le soir tombe, et la recherche de notre site commence : direction les montagnes boisées du Gargano à nouveau, via la SP43. Une petite aire de pic nic en pleine forêt nous semble convenir, et nous nous installons. Au menu : nouilles sautées japonnaises cuisinées sur le réchaud alcool.

Tout semble parfait, mais... non : nous sommes samedi soir, et cette route qui semble pourtant ne mener nulle part fait preuve d'un trafic hors norme toute la soirée, puis en pleine nuit sans doute au retour de la fiesta. Est-ce utile de le préciser ?... On a très mal dormi !

vendredi 7 oct. 2016, 21:32

Gargano

Ce matin, le soleil brille à nouveau, et le temps de prendre le petit déjeuner, voilà que le vent de la mer a dispersé les derniers nuages... nous visitons à nouveau Vieste mais by day cette fois-ci, et l'apprécions même sous une chaleur quasiment printanière : t-shirts et lunettes de soleil sont de rigueur, même si, à notre grande incompréhension, les locaux s'installent en terrasse vêtus de doudounes.

Vieste

Nous parcourons à nouveau les ruelles, et explorons chaque cul de sac pour y découvrir souvent de jolis points de vue vers la mer et les falaises.

Vieste

En fin de matinée, nous reprenons la route pour la suite de notre programme : une balade dans la très réputée forêt "foresta umbra". Un peu au hasard, nous choisissons d'y entrer par la SP52 bis et de nous garer à proximité d'une zone de pic nic, d'où on peut rejoindre les routes forestières qui longent une réserve naturelle : le Bosco Sfilzi.

Le temps a tourné, et c'est à l'ombre double des nuages et des arbres que nous marchons... Nous suivons la route forestale "Sfilzi - Caritate", entourée de hêtres et de champignons - surtout des vénéneux, me semble-t-il ! Après une bonne heure de promenade, nous entrons dans une zone encore plus protégée, où surgit l'unique source de tout le Gargano.

source

Nous y déjeunons, installés sur le banc de bois le moins vermoulu que nous trouvons à proximité, la plupart étant proches de la désintégration totale... Après cette pause, nous décidons que nous en avons assez vu, et revenons sur nos pas. Une dizaine de minutes plus tard, la pluie se met à tomber dru, et juste à ce moment, surgit devant nous une horde de sangliers... groins fourrés dans le sol à la recherche de leur pitance, ils sont tout à leur occupation et ne nous ont pas vu.

Sangliers

Sauf un ! Qui nous fixe un bon moment avant de prendre la tangente... mais cela n'alerte pas les autres. A cause de la pluie, je ne monte pas mon zoom, et ne fait que quelques photographies au 24 mm - tant pis, mais je ne veux pas prendre le risque d'abîmer mes objectifs ! Même si je me suis avancée vers eux le plus possible, vous ne verrez donc pas grand chose de la vingtaine de bestiaux noirs, gris ou marrons sur la photo. Après quelques minutes, ils finissent par me repérer, et ils s'enfuient dans une joyeuse pagaille en grognant.

C'est alors que surgit derrière moi deux retardataires, qui foncent tête baissée pour rejoindre leurs copains. Les sangliers ont la réputation de foncer dans les obstacles, mais ceux-ci prennent soin de m'éviter, c'est plutôt heureux !

De retour à Partner, toujours seul sur le parking, une nouvelle surprise nous attend : un épagneuil breton blanc tacheté de roux tourne autour, puis se dirige vers nous en montrant les dents. Outch ! Je tente d'abord de l'éloigner - la technique du marcheur de Saint Jacques, à grands coups de sac à dos dans le vide -, pour laisser le temps à Antoine de rejoindre Partner. Mais le chien se calme, tout en insistant : il veut s'approcher.

Un peu curieuse, je lui parle un peu... et quelques secondes après, je lui fais quelques gratouilles : en fait il a l'air vraiment cool. Il est aussi très maigre, et il nous semble assez évident qu'il s'agit d'un chien abandonné par un propriétaire qui n'avait plus les moyens de l'entretenir - son colier est composé de bouts de coliers anti-puces agrafés ensembles... mais qui appeler pour s'occuper de lui ?

La pluie se met à tomber à verse, le réseau téléphonique ne passe quasiment pas, et nous sommes un peu échaudés par notre précédente rencontre avec le petit chat abandonné au Bugue : trouver la seule personne de bonne volonté qui accepte encore de traiter les abandons avait été laborieux... D'autant plus qu'ici, les chiens abandonnés ont vraiment l'air d'être monnaie courrante !

Nous évoquons un temps la possibilité de l'adopter, mais les nombreuses contraintes qu'imposent un chien ne nous met pas à l'aise avec cette solution. Nous lui donnons le reste de notre saucisson à boulotter, puis appelons le Corpo Forestale, qui nous signifie qu'ils viendront le récupérer... il ne nous reste plus qu'à le laisser les attendre là, même si c'est un véritable crève-coeur de le laisser ainsi derrière nous. Nous espérons juste qu'ils lui donneront une seconde chance...

Vu le temps qu'on a pris pour tergiverser sur la question du chien, il est déjà 17h. Nous retournons alors vers Vieste pour prendre la route du littoral : ici, le vent a chassé les nuages et la pluie, mais le soleil baisse vite sur l'horizon, et il faut trouver sans trop attendre un site pour dormir ce soir. Après une vingtaine de kilomètres, nous tentons successivement - mais sans succès - deux petites routes qui descendent vers la mer : quand ce n'est pas la trop forte déclivité, ce sont de nombreux chiens errants qui ne nous encouragent pas à rester.

Nous remontons à nouveau vers la route du littoral, puis la quittons au niveau d'un restaurant fermé pour une petite route à peine visible qui monte vers les crêtes. La nuit est noire, le vent est maintenant violent, mais c'est finalement , à l'intersection avec une route forestière, que nous trouvons une place tranquille pour Partner et nous.

Vu le vent, le dîner sera un pic nic froid, et zouh : au lit sans plus attendre !

jeudi 6 oct. 2016, 21:32

Gargano nord

Au réveil, nous découvrons le cadre dans lequel nous avons dormi : c'est à l'abri des regards, mais moche. Nous ne traînons pas, et partons sans même réaménager Partner en "mode jour".

Nous rejoignons la petite ville toute proche de Francavilla al Mare, qui comme son nom l'indique, est une ville côtière. Nous faisons une étape sur son lido pour ranger Partner et petit déjeuner... le ciel est gris et venteux, et donne à la mer une couleur vert électrique. Cela pourrait être beau si le lido n'était pas un amoncellement de baraques et petites propriétés clôturées qui tiennent plus de la décharge publique que d'autre chose.

C'est ici que commence notre descente vers le Gargano : nous suivrons la SS16 tout du long. Les premiers kilomètres sont relativement ludiques : nous admirons les Trabocchi qui s'égrennent le long de la côte, ces petites cabannes de pêcheurs suspendues au-dessus de l'eau. Nous faisons une pause non concertée au Trabocco de la Punta Cavalluccio, après une trentaine de km de route.

Trabocco

La suite de la route est moins agréable : à part ces petites baraques, la côte sur une centaine de kilomètres n'est qu'une succession de constructions de vacances de mauvais goût, plus ou moins anciens et entretenus, bordés de quelques centres commerciaux.

Quand nous dépassons la Marina di Chieuti, c'est encore pire : la route est bordée partout de poubelles et autres détritus peut-être poussés par les vents, mais aussi de putes de la plus basse des conditions : larguées là par leur maquerau en bord de route, sans véhicule, parfois même pas une chaise pour poireauter. Tristesse.

Nous lâchons la SS16 pour la SP37 et faisons un arrêt à la Marina di Lesina : la petite station balnéaire est complètement endormie et peuplée uniquement de chiens errants. Nous allons jetter un oeil à la mer, et nous pensions aussi découvrir la lagune toute proche, mais elle n'est pas accessible en voiture, et le site ne nous engage pas à y perdre du temps.

Après cette étrange pause, nous continuons par la SS693 puis la SP42 qui nous amène en 45 km environ près du lac de Varano... la route est bordée de champs d'oliviers, le lac n'est qu'à quelques mètres, mais invisible aux regards : toute sa côte est privatisée. Cela nous rappelle l'Autriche... C'est la déprime ! En désespoir de cause, nous déjeunons finalement en bord d'un champ d'olivier, de nouilles sautées cuites avec notre petit réchaud à alcool.

La route SP41 passe ensuite sur une étroite bande de terre qui sépare le lac de la mer : c'est une réserve naturelle bordée d'eucalyptus et de grillages... par curiosité, nous allons voir la mer par l'un des tronçons aménagés au sein de la réserve. La plage est jonchée de saloperies en plastiques repoussées par les vagues...

Al mare

Nous n'avons pas encore abandonné tout espoir, et sous ce ciel toujours aussi gris, nous poussons jusqu'à la petite ville de Vico del Gargano, installée sur coline, une trentaine de kilomètres plus loin.

Son centre est tout en vieilles pierres, en bien moins beau que la petite ville de Scanno, et ses abords sont d'une pauvreté affligeante... un appartement sur deux est à vendre, à peine un sur cent semble rénové et bien entretenu. Est-ce l'absence de soleil qui influence notre jugement ? Nous avons l'impression étrange de visiter Calcutta.

Vico del Gargano

Le temps est de plus en plus gris, nous reprenons la voiture pour les 30 derniers kilomètres de la journée : quand nous arrivons à la petite ville de Vieste, la nuit va bientôt tomber, et la pluie ne l'a pas attendue pour s'inviter ! Après cette journée de merde, nous n'avons qu'une seule envie : un hôtel et une bonne douche !

Guidés de notre téléphone portable et de booking sur lequel nous avons déniché une adresse de B&B accueillant, nous partons à sa recherche dans le dédale des petites rues piétones. Quand après maints détours nous finissons par la trouver, elle est fermée ! Nous changeons notre fusil d'épaule, et prenons une chambre avec vue sur mer à l'Hotel Falcone. Il a le double avantage de pouvoir garer Partner près de nous, et d'être près du centre ville à pied.

Parce qu'après la douche, nous nous offrons aussi le restaurant ! Malheureusement, cette petite ville à touristes ne semble proposer que des restaurants à touristes... Nous finissons donc par manger une pizza dans un de ces établissements. A la table voisine, on dirait un jeune couple allemand, mais l'accent parisien qui pointe dans ce vocabulaire impeccable trahit monsieur... On vient de décrocher en prime le malus du voisin français : nous devrons faire attention à ne pas dire trop de conneries, nous serons compris !

Seules consolations, le serveur nous offre en dessert un moëlleux au chocolat excellent, et deux petits verres de limoncino maison. Dehors, la pluie s'est arrêtée le temps d'une petite promenade digestive par les petites rues de Vieste et son château, avant de rentrer nous écrouler de sommeil dans le lit confortable de l'hôtel.

mercredi 5 oct. 2016, 21:32

Majella : du Rif. di Marco à Caramanico Terme

Ce matin, nous nous réveillons dans le froid et la quasi-obscurité : c'est seulement à travers le trou de la serrure de la porte en métal du refuge que la faible lumière d'un matin gris arrive jusqu'à nous...

Hier, depuis le petit mont qui surmonte le refuge (1747 m), nous pouvions voir de loin la ville de Pescara et le bleu de la mer adriatique s'étendre à nos pieds... Mais ce matin, ça bruine, les nuages sont bas, il n'y a rien d'autre à voir que le gris du ciel et les pâturages brunis par l'automne. Pire, les deux structures lugubres en béton, destinées autrefois à enfermer du bétail, s'élèvent tristement, surdimensionnées et abandonnées.

Refuge

Pour se donner du courage, le remède qui fonctionne à tous les coups, c'est un bon petit déjeuner composé de thé chaud, de muësli, et d'un peu de biscuit des Abruzzes ! Une fois les sacs faits et le quelque mobilier du refuge remis à sa place originale, nous pouvons refermer les portes derrière nous et reprendre la route - il est 8h30.

Forêt sous la pluie

Ce matin, nous commençons par redescendre jusqu'à la fontaine toute proche - en chemin, Antoine compte 5 biches, moi, je ne vois rien ! Le temps de faire un peu de vaisselle dans l'eau gelée, de remplir les bouteilles, et la pluie se calme, puis s'arrête, presque conformément aux prévisions météo.

Notre parcours aujourd'hui est encore flou, il dépendra de la météo et notre bonne volonté... seule certitude, il serait bon d'arriver à Caramanico Terme et d'y retrouver Partner !

De la fontaine Centiata, nous suivons le sentier "S" (pour Spirito) vers l'Ermitage de San Giovanni, qui devrait être le clou du spectacle du jour. Après un court passage sur les crêtes, le sentier bifuque en une descente rapide à travers la forêt, à vrai dire la pente est tellement raide qu'une partie du sentier se transforme en un escalier de marches inégales taillées à même la roche... avec toute cette pluie, elles sont humides et glissantes ! Encore quelques centaines de mètres, et nous voici à l'ermitage.

Ermitage

L'accès à l'ermitage est creusé à flanc de falaise, sur 50 cm de largeur à peine, et sans rien pour sécuriser la progression. La curiosité l'emporte, et nous grimpons jusqu'à la première marche, puis progressons avec précaution, collés à la falaise... car le sol s'éloigne deux fois plus vite que ne monte l'escalier : il se creuse pour former un autre abri sous la falaise.

A la fin des marches, nous sommes à une vintaine de mètres au-dessus du sol, sur une toute petite corniche. Face à nous, un passage digne d'un film d'Indiana Jones nous sépare encore de l'ermitage : le plafond en roche de la corniche s'abaisse de telle sorte qu'il n'est possible de passer qu'en rampant. Je débranche quelques câbles dans le cerveau, et je me lance.

L'accès à l'ermitage

Vu la largeur, difficile de se tortiller à la manière des militaires pour avancer, je tire donc sur les bras en tirant profit des infractuosités du sol. De l'autre côté, l'ermitage ne se compose que de deux petites pièces austères, un petit autel, une table creusée à même la pierre, et une cavité qui communique avec la partie abritée sous la falaise.

Il ne reste qu'à faire demi-tour : respirer un bon coup, ne pas regarder en bas, et tirer à nouveau sur les bras. La descente des escaliers à moitié mouillés par la pluie me demande aussi un petit effort psychologique... mais cette petite aventure valait bien sa peine. Nous reprenons la route au pied d'autres falaises, à travers une belle forêt de hêtres.

Les falaises dans les bois

Nous descendons ainsi jusqu'à environ 1400 m d'altitude, où le sentier S s'enfonce dans le val Santo Spirito. Le temps est toujours moche et froid, et nous décidons de bifurquer sur le sentier B1 pour rejoindre le village de Decontra par les crêtes.

Au fil de notre descente, nous repassons sous une météo plus clémente, laissant derrière nous les nuages accrochés aux reliefs. A l'approche de Decontra, il commence même à faire assez chaud pour laisser tomber kway et polaire... la fête ! Dans les champs que nous traversons, des criquets s'envolent à chacun de nos pas, et nous observons de nombreuses mantes religieuses, de taille et de livrée différentes.

Mante religieuse

Nous prenons une pause dessert juste après le village et en nous installant sur un rebord de champ nous évitons de justesse cette magnifique bestiole, un genre de mini-tarantule.

Araignée

Le sentier descend de Decontra (envion 800 m d'altitude) jusqu'au fond du Valle Orfento, au pont San Benedetto (650 m). Il passe à flanc des falaises, dans un environnement surchauffé de soleil. Le contraste avec ce matin est saisissant !

Falaise

Nous terminons enfin la randonnée par le même tronçon sympatique qu'hier matin, torrent, petits ponts de bois, et végétation étouffante...

Pont

Il est 17h45 quand nous arrivons au pont de Caramanico Terme. Partner, fidèle au poste, nous attend. La prévision météo pour demain est mauvaise - pluie, pluie, pluie. Nous commençons à envisager de rester ici ce soir, et partons en quête d'un hôtel... cela va s'avérer mission impossible : la petite ville de thermes est passée en mode hors saison, et le seul hôtel ouvert est un hôtel de luxe à des prix complètement prohibitifs.

Il n'est pas 19h et la nuit tombe déjà... nous nous décidons à transformer l'intérieur de Partner en mode "lits" pour qu'il soit prêt, et partons en direction de la mer, à la recherche d'abord d'un restaurant puis d'un endroit calme où dormir.

Sur notre route, les rares restaurants ouverts sont vides... nous entrons alors dans la ville de Chieti pour faire basculer la chance. En plein centre, nous trouvons un petit restaurant correct et aux prix si bas qu'on se demande comme ils vivent : pizza calzone à 6€, pasta aux vongoles à 4,50€... c'est fou !

Après cette petite halte, nous partons vers la campagne à la recherche d'une place calme, sans éclairage public, et surtout, assez plate pour dormir. Ce sera un peu long à trouver, mais finalement nous dormons près de Villamagna, sur le parking d'un terrain de sport. Pas glamour, mais pour cette nuit ça ira !