dimanche 17 juil. 2016, 21:32
Nous voici enfin au jour J ! L'entrainement est clairement insuffisant, mais allez, il y a quand même eu quelques kilos de perdus (pour ne pas bousiller inutilement les genoux !), et à défaut de ne plus courir le matin (suite à une petite élongation au mollet) nous avons bien marché ces temps-ci... advienne que pourra !
La veille, j'ai quand même fini par regarder les résultats de l'année dernière, histoire d'avoir une idée de la distribution des temps de parcours : 2h05 pour une poignée de meilleurs, c'est le niveau extraterrestre, et les autres ?
Il semblerait qu'en-dessous de 3h, ce soit excellent (une cinquantaine de couples sur les mille inscrits), en dessous de 4h, c'est vraiment très bien (moins de 200), l'immense majorité arrive entre 4 et 5h, c'est raisonnable, au-dessus de 5, c'est assez moyen, et après 6h... qu'aviez-vous en tête quand vous vous êtes inscrits ?!...
Renseignement pris du côté de Milos, son frère compte le faire en un peu moins de 3h. Comme Milos est un petit c**, il ne peut pas s'empêcher de dire que son petit frère fera certainement plus. Laissons-le dire...
Vendredi après-midi, nous avons récupéré notre petit sac pour la course : les dossards, les t-shirts en cadeau (ça va bicher cet été !), et plein de saloperies inutiles (dépliants en tous genres).
Après un dîner tout en pasta et barbaque (un peu trop fourni, d'ailleurs, j'en ai mal dormi, vive la citrate en pleine nuit !), nous sommes au taquet ce dimanche matin : petit déjeuner à 7h30, et vers 8h40 on quitte la maison à pied. Ben oui, Listolade, c'est pas bien loin : nous sommes à 2,5 km de la ligne de départ. Ce sera donc une petite marche d'échauffement !
Quand nous arrivons, le groupe des "compétitifs" sont déjà partis, il nous reste 10 minutes pour notre départ. C'est une foule bigarée d'environ 300 couples, et nous sommes plutôt en fin de peloton pour le départ. Prêt ? Top !
Contre toute attente, ça ne court pas vraiment devant, du coup le groupe s'élance très doucement, et nous passons le premier kilomètre à essayer de doubler (sans trop m'user) tout ce qui marche trop lentement. A la centrale, le soleil commence à pointer sur la route, et nous avons déjà trouvé plus ou moins notre place : nous suivons un couple féminin habillé de violet, qui évolue autour de deux couples hommes, l'un bleu, l'autre bleu-orange. Ce sont des repères qui vont nous permettre de monter le Val Corpassa à un bon pas, sans non plus y laisser toutes nos (mes) forces.
40 minutes, nous atteignons la Capana Trieste, premier ravitaillement. Et on attaque la route gravillonnée ! Le couple bleu disparaît, à priori doublés pour de bon, on accroche puis dépasse le couple violet, mais elles nous le rendront bien par la suite ! 1h45 après le départ, nous sommes au Vazzoler, je me jette sur les gobelets de gatorade. Je tente une part de crostata, mais ça ne passe pas... on repart !
La première partie nous amène rapidement sur le sentier d'altitude, enfin, et quelques descentes nous permettent d'accélérer, de passer à un petit pas de course et de doubler quelques couples qui ont un bon rythme en montée mais qui ne prennent pas de risque en descente... c'est le meilleur tronçon pour ça pourtant : alpage toute en petite herbe courte, terre rouge toute en amorti...
Après quoi, l'énorme montée vers le Tissi, seule partie du parcours que je découvre, me coupe vite fait la fin de souffle qui me reste et les petites pattes... autour de nous certains s'aident de bâtons télescopiques, et franchement à ce stade je leur aurais bien piqué ! Il me faut bien trois ou quatre pauses sur le chemin pour reprendre mon souffle, et à l'une d'elle des spectacteurs / organisateurs / volontaires (?) me proposent même leur gourde - ça ne se refuse pas ! Surtout qu'un de mes mollets commence à tirer en départ de crampe.
Plus haut, il y a même une dizaine de mètres du sentier équipée de câbles métaliques... à la fin desquels, on se sent quelque peu en manque : se tirer avec les bras, c'était pas mal confortable ! On nous encourage, on nous dit que ce n'est plus très loin... et oui, voilà le Tissi ! Coup de tampon qui valide le passage, fruits secs et gobelets de liquides en tous genres, quelques étirements... il est midi, et Antoine nous fait savoir par textos que le frère de Milos vient de passer la ligne d'arrivée, il tenu son objectif de moins de 3h !
On repart ? Bien sûr, en courant même, même si j'y vais pas bien vite : je cherche à poser le pied gauche vraiment bien à plat dans la descente bien raide, pour éviter que le mollet me fasse une boule douloureuse... et finalement, ça passe, alors on continue, petites montées, petites descentes, nous sommes au pied de la Civetta mais je ne m'apperçois pas de grand chose, même si je reconnais le "Baron des Dolomites", une personnalité "originale" d'Alleghe, posté pas bien loin d'une plaque qu'il a fait poser en hommage à un alpiniste accro à cette paroi mais tombé sur le Mont-Blanc...
Mais voilà la montée de la Forcella Col Negro, une vraie saloperie après tout ce chemin, on se dit que c'est la dernière (c'est faux) et ça passe, en haut, un couillon vous attend avec un énorme appareil photo braqué sur vous, et il faudrait sourire, en plus ? Et merde, c'est vrai qu'on sourit, en fait !
Les mollets ne font pas les malins, j'essaie de récupérer mon souffle en attaquant la descente, on y double encore quelques couples, le petit lac du Coldai apparaît et les touristes commencent à se compter par dizaines, mais ils ne sont pas là pour nous, les premiers concurrents sont passés il y a deux heures déjà... d'ailleurs la plupart des "excursionistes" ne semblent pas bien savoir ce qu'ils foutent là, ils traînent dans nos pattes, font rarement attention à nous, et s'excusent encore moins souvent de gêner...
La dernière montée vers le Coldai finit de démolir mes jambes, cette fois-ci c'est l'intérieur des genoux qui gueule et fait savoir qu'il n'est plus d'accord, mais heureusement cette fois-ci, c'est vraiment la dernière ! On déroule une dernière accélération en descente en essayant de ne pas tuer la dizaine de promeneurs sur notre chemin, et on arrive au dernier ravitaillement : second coup de tampon sur le dossard, envie d'abattre à la hache quelques randonneurs qui prennent de la place et nous empêchent d'accéder facilement aux gobelets d'eau, et c'est reparti.
Dans la première partie très raide, on suit un couple de vieux qui descend pas si mal avec ses bâtons, puis Etienne tente un débordement par la droite (c'est lui ce bruit de glissade ?!) du coup j'attaque dans un raccourci encore plus raide, et je finis par le rejoindre sur le replat. Là, c'est encore un chemin muletier, mais moins raide, l'erreur a été de suivre les panneaux "transcivetta" plutôt que de couper par le premier petit sentier venu ! Du coup nous avons dévalé un maximum de chemin pâvé de gros cailloux saillants, extrêmement dangereux pour les chevilles...

Après plusieurs lacets, nous avons enfin coupé pour rejoindre un terrain plus courable, et atteint ainsi Casera di Pioda... la légère remontée me permet de marcher pour reprendre à nouveau mon souffle, et voilà qu'on attaque la descente finale !
Quelque part sur le côté se tient Antoine, mais nous ne le voyons pas ! Etienne se paie même le luxe de lui envoyer un texto - en courant - pour le prévenir de notre arrivée prochaine... ahah. Par contre sur l'autre côté, je vois très nettement un couple masculin à l'arrêt : l'un à terre qui s'étire le cuissot, et l'autre debout qui le regarde d'un air atterré, genre "pétard, ne me fait pas ça si près de l'arrivée". Oulalah, on va faire de son mieux !
On dépasse le panneau 2 km, mes doigts de pied tapent dans le bout des chaussures, rien à foutre, je me dis que c'est bientôt fini... panneau 1 km, c'est encore loin grand schtroumpf ?... panneau 500 m, ils ont du mettre tous les mètres les plus grands de la Terre ici, c'est pas possible comme c'est interminable, 500 m... autour de nous, la foule, des curieux, des randonneurs, des gens qui pique-niquent, quelques uns qui nous encouragent, je ne vois toujours pas Antoine (et pour cause), ... la descente devient quasiment plate, il faut y mettre un peu du sien pour courir, la pente ne suffit plus et les portes gonflées qui marquent l'arrivée semblent tellement loin !

(en photo, le 10e couple mixte)
Mais on finit par les passer, le chrono marque 4:53, et franchement j'ai une petite déception, mais après 2 secondes de réflexion (il y a encore assez de glucose pour le cerveau, tout va bien) en fait il a démarré à 9h00 pétantes, on a donc couru en 4h38 : voilà qui est mieux, l'auto-satisfaction ça ne tient pas à grand chose ! Il est presque 14h et je n'ai pas du tout faim, et d'abord, où est Antoine ?!
On se retrouve dans la file d'attente pour la Pasta Party, ce ne sont pas les meilleures pâtes du monde et je n'ai toujours pas faim, mais elles sont les bienvenues quand même ! Des vieux coiffés du chapeau du chasseur alpin me tendent un plateau en plastique, y mettent une platrée de pâtes au ragoût, me proposent de choisir entre une pomme jaune et une pomme rouge (ils se foutent de nous ou bien ? ah non, la pomme rouge est une nectarine...), puis une bibite et hop, on fuit la tendone où les tables sont alignées bien trop près d'une musique live trop couleur locale pour nos oreilles... Ceci dit il ne reste pas grand place aux alentours, alors nous osons et nous installons sur les marches de la chapelle du coin - sacrilège.
Il est à peine 15h, et il ne nous reste plus qu'à redescendre à Alleghe en funivia, retrouver Partner et filer boire une bière et faire un spa pour le reste de l'après-midi. La Transcivetta pour mes 40 ans ? ça, c'est fait !
Quelques photos
NDLR: les photos de ce post sont d'Antoine.